Humeurs

La vie de bureau dans tous ses états : portrait de la chieuse aigrie

13 juin 2014 - 10 : 00
J’ai eu envie de commencer une série de portraits de personnes que je vois tous les jours au bureau, tantôt positifs, tantôt à fuir. J’ai de quoi faire sous la main. Je vous laisse juger le premier opus !

Elle arrive le matin avec la mine renfrognée de la fille qui n’a pas envie d’être là, mais qui n’a pas le choix. Elle lance un « comment ça va » à la cantonade, mais est déjà sur le chemin de la machine à café quand vous êtes prêts à lui répondre.

A la machine à café justement, elle boit et elle se plaint. Elle se plaint à longueur de journée, mais surtout le matin. Le matin, tout va déjà de travers pour elle. Mais quand vous êtes de bonne humeur, vous encaissez sans vous plaindre, elle a des bons côtés aussi cette fille-là. Elle est généreuse et elle sait être drôle.

Tous les compliments que vous lui faites, elle les rejette en bloc. De toute façon elle est certaine que les gens parlent dans son dos et ne disent pas que du bien. Elle a beau dire qu’elle s’en fout, on a un peu de mal à la croire quand même.

Elle n’a pas d’enfant. Ou elle en a un, qui a décidé de partir à l’autre bout du monde, dans un ashram ou en Patagonie, et ne lui téléphone jamais.

Elle a une femme de ménage mais trouve qu’elle fait mal le ménage. Elle a une assistante mais trouve que son assistance fait moins bien le boulot que si c’était elle qui s’y collait. Elle part en vacances mais trouve toujours à redire. Un jour, c’est l’hébergement qui est limite. La prochaine fois, ce sera la bouffe qui sera avariée.

Quand elle sort avec ses copines, il faut que ce soit elle qui choisisse le film, au risque de répéter pendant pas moins de 15 jours qu’elle est allée voir un énième navet, avec des filles qui ne méritent pas d’être ses amies.

Elle est au régime, mais ne se prive jamais de dessert. Elle en veut ensuite à la balance de lui faire des infidélités.

Elle paye trop d’impôts. Elle paye trop tout court. Et puis elle est seule et quand on est seule, on se fait avoir à tous les coups. Elle regarde en arrière et se lamente sur son existence lamentable.

Ce soir elle va acheter japonais. Demain, elle dira que le traiteur japonais du coin, il n’est vraiment pas terrible. Elle changera de crèmerie pour mieux y revenir dans quelque temps, quand elle se sera rendue compte qu’il n’est pas si mal ce restaurant japonais-là.

Elle pense sans cesse à ses vacances et à tous ces autres métiers qu’elle aurait aimé faire. Elle a peur qu’un jeune lui prenne sa place. Elle a peur du chômage à 50 balais. Quand on lui dit qu’il n’est jamais trop tard pour changer de vie, elle se demande si nous ne sommes pas tombés sur la tête. Elle nous dit toujours que nous avons plus de chance qu’elle, sans vraiment connaître un centième de notre existence.

Le soir, quand on quitte le bureau, on est content de la laisser derrière avec ses problèmes, son côté pète sec, qui n’hésite pas à nous envoyer de bonnes vannes de temps en temps, sa mine pincée et son négativisme de pacotille.

On s’accroche et on se jure que même si notre enfant unique se barre en Tanzanie et ne nous adresse plus jamais la parole de sa vie, que si on finit seule dans un 20m2, sans chien, sans homme, avec un boulot qui ne nous plaît pas, on ne ressemblera jamais, au grand jamais, à cette NANA !
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Les chroniques de Mlle K
Sur mon blog, je parle un peu de tout, beaucoup de rien. Je partage surtout mes idées, mes rêves, mes envies, mes coups de coeur et de gueule aussi !