J'ai longuement hésité à écrire cet article et puis, ce blog, c'est mon défouloir, un petit coin de liberté et comme j'ai coutume de le dire, ma thérapie personnelle. Bien sûr que je me censure sur énormément de choses, que je modère très souvent mon propos, que je ne dis que ce que j'ai ENVIE de dire mais dans l'ensemble, je reste honnête. Il y a juste des parts que je garde pour moi. La dérive du blog étant tous ceux qui lisent dans l'ombre et n'ont l'art de retenir que ce qui leur convient. Mais ce sujet me tenait à coeur. Je tourne et retourne les mots dans ma tête afin qu'ils soient interprétés tels que je le souhaite.
Cet ami est désormais quasi inexistant de ma vie et surtout géographiquement éloigné. En fait, il l'est depuis ma rencontre avec l'homme. Il s'est petit à petit estompé, lui tout seul, pour me laisser la chance d'avancer sur le plan personnel et se laisser lui aussi la chance d'avancer. L'amitié était si forte, si vive, si exclusive qu'on se court-circuitait tous les deux sur les domaines les plus importants de notre vie.
Quand je l'ai rencontré, j'étais en couple. Un couple qui fonctionnait relativement bien mais je ressentais des manques affectifs énormes. Je n'avais pas l'impression d'être "portée aux nues" comme peuvent l'être beaucoup de femmes... J'avais l'impression d'avoir une importance toute relative. Mon meilleur ami comblait merveilleusement ce vide par sa présence affective et son intérêt immense à mon égard. En quelques sortes, il m'a permis de réaliser que mon couple prenait l'eau et que le navire allait couler. Et il a coulé.
On dit que l'amitié homme femme n'existe pas, que c'est trop ambigu pour fonctionner. Je ne peux pas nier cet aspect-là, l'ambiguïté a été présente des années. Dire qu'on n’a pas essayé serait mentir, mais le "passage à l'acte" a été désastreux. Comme si cette équation ne fonctionnait plus comme ça, qu'elle ne devait rester qu'amitié. Ce qui marchait en amitié amoureuse ne marchait pas en relation amoureuse. Des exigences de l'un ou de l'autre et l'éloignement géographique.
Disons que les choses avaient tant trainé qu'au moment où, chacun, nous n'avions plus d"obligation", nous étions désemparés par cette nouvelle liberté. Et ça n'a pas marché. J'ai réalisé que nous ne devions rester qu'amis, que certes, il m'apportait une joie constante, des moments de complicités énormes, le coeur réchauffé par ses paroles mais il ne me donnait pas la sécurité dont j'avais besoin. Il était jeune. Trop jeune, trop impétueux, trop tout, dans l'exacerbation constante. Il était formidable comme ami, comme meilleur ami. Il écoutait mes peines sans flancher, se tenait disponible n'importe quand, à n'importe quelle heure, nuit et jour quand j'étais seule à Paris ma première année d'IUFM. Un garçon à fleur de peau, d'une sensibilité si grande que tout en lui résonnait en moi, à ce moment. Comme une amie fille, il riait à mes blagues à la seconde, d'un regard nous riions des mêmes situations. Une complicité presque fraternelle. Une amitié intense, sûrement trop, et si colorée, si riche comme on en a rarement et qui rend la vie si douce.
Il a été mon meilleur ami des années durant. Quand j'ai rencontré mon mari, il s'est effacé.
Il ne me donnait plus de nouvelles. C'était pour le mieux. Je le savais. Mais j'étais triste. C'était pour le mieux... Il ne l'a pas dit, on s'est compris à demi-mots. Il n'y avait pas de place pour lui dans ma nouvelle vie, il fallait que j'apprenne à me construire en tant qu'adulte, sans cet ami si cher.
Mon mari est un homme qui regroupe toutes les qualités que je cherchais. Il n'a pas le romantisme exacerbé mais lui aussi a une sensibilité immense, un peu cachée, mais bel et bien là. Nous avons un bel équilibre. Il sait tout des rapports que j'avais avec mon meilleur ami. Je lui ai tout raconté. Il sait qu'il est important pour moi. Il sait que nous avons très peu de contact. Il sait que ça n'a pas marché. Il sait que c'était mon ami.
Parfois, il reparait de manière très brève, ponctuelle, un petit coucou ou une attention pour montrer qu'il est là et qu'on ne s'oublie pas. Nous aurons toujours une affection profonde et sincère l'un pour l'autre. Je crois qu'il ne pourrait jamais me trahir. Je pense que je ne pourrai jamais oublier un tel ami. Depuis 5 ans que je suis avec l'homme, je ne l'ai vu que 3 fois, et au moins autant de messages...
Oui, je suis triste de ne plus l'avoir dans ma vie, il me manque. Les relations humaines sont si complexes. Les amis, les vrais, ceux qui déplaceraient des montagnes pour toi sont si rares... Il aura fallu qu'il soit un homme pour rendre les choses compliquées. Il aura été pour moi un frère, un ami, presqu'une âme-soeur. Oui... Il me manque... Faire le deuil d'une amitié est très douloureux, et je trouve que cela s'apparente presqu'à un chagrin d'amour (amitié).
Mon cher ami...