Humeurs

Le guide du survivor pour supporter des collègues infernaux #1

01 octobre 2012 - 08 : 00

Il n’y a pas dix-neuf façons de supporter vos collègues de travail ; il y a trois possibilités :

  • faire semblant et prendre sur soi pendant les 8 heures quotidiennes (avec le risque d’un ulcère, d’un coup d’éclat, d’un coup de folie…)
  • ne pas supporter et rentrer dans une guerre éclair (et revoir ses classiques en matière militaire)
  • muter, fuir, dégager de là le plus vite possible (et trouver le paradis ailleurs !)

Pour avoir connu les trois situations, j’ai compris que rien ne pouvait vous amener à comprendre comment on pouvait se retrouver à détester sa collègue de travail ou à l’adorer…

Le plus important est de savoir à qui vous avez affaire. Le plus gros problème est que quelque fois, vous tombez sur plus retors que vous (et c’est peu dire certains jours).

Revenons donc à la première possibilité : faire semblant et prendre sur soi pendant les 8 heures quotidiennes.

Vous ne pouvez pas dire que cette (« ce » marche aussi !) collègue est particulièrement antipathique, méchante, mesquine, idiote, paresseuse et on en passe, mais elle a le don de transformer le moindre minuscule problème en cataclysme effrayant.

Le matin est déjà une corvée pour elle (lui ?). Elle soupire, râle et se dit « très fatiguée, j’te raconte pas ». Eh bien si, elle raconte et force sur les détails de sa vie que vous préféreriez ignorer complètement. Elle dit tout ça à pratiquement tout le monde (du directeur au coursier) et prend son air « mon dieu, je n’en peux plus de cette vie de merde ». Vous êtes soit stoïque, soit complètement sourde, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de soupirer en pensant « mais ferme-la ».

Bien sûr, vous avez bien compris que la plupart écoutait par gentillesse et politesse, mais leurs soupirs qui accompagnent en cœur la pauvrette vous donnent la nausée. Tiens, voilà que le chef du service marketing arrive et lui dit « mon dieu, ma pauvre, vous avez l’air épuisée ». Et voilà comment recommence le moulin à paroles… un enfer.

Bien sûr, s’il n’y avait que ses jérémiades à gérer, tout serait plus simple.

Mais non, voilà, votre collègue est du style à attirer la plupart des merdes de la planète, vous ne savez trop comment. Quand elle n’a pas de problème avec sa petite personne (grippe, furoncle, mal aux pieds, mal aux dents, nausée matinale, rhume, etc…), c’est au tour de la familia de se pointer aux avants postes : problèmes avec les enfants (qui ont plus de 25 ans, sont mariés et ont des enfants), le mari « si chiant mais si présent, trop peut-être, non ? », problèmes avec un tuyau bouché, un four qui ne marche pas, une fuite d’eau, une voiture récalcitrante, un chien qui déprime et à qui on tient compagnie chez le vétérinaire, une copine qui délire sur sa vie passée, un problème d’argent (le summum de l’envie de la tuer), etc. Je vous en passe parce que ça tiendrait sur dix pages.

Bref, pour résumer et gagner de la place, elle vous a usée jusqu’à la corde et a fini par réussir à vous déprimer dès que vous posez le pied dans le couloir. Rien ne peut plus vous remettre sur le droit chemin.

Dès que vous la voyez, vous avez une envie folle de lui « claquer le beignet » (une de ses expressions favorites d’ailleurs). Elle vous rabat les oreilles sur des détails et vous lâche dans les moments importants (« ben, j’ai rendez-vous chez l’endocrino, et je ne peux pas rester… » alors que le Big Boss vient de hurler « je VEUX le bilan financier dans 3 minutes et demie ».)

A ce rythme-là, vous avez tenu 19 mois et un jour, elle est arrivée avec sa gueule enfarinée et encore mal aimable et vous a gratifiée d’un « ça va ? moi, non, j’ai passé une nuit épouvantable… Je suis crevée. J’ai écouté ma voisine de palier toute la nuit, elle a perdu son poisson rouge »… Vous l’avez regardée et vous avez pensé « je vais la tuer ».

Mais une petite voix vous a répété en boucle « prison, prison, prison ». Donc, vous avez opté pour la méthode soft : ne plus l’écouter. Elle râle pour un rien, vous chantonnez dans votre tête  « ah, ce qu’on est bien quand on est dans son bain… », elle se plaint de la vie « chacun fait fait fait, c’qu’il lui plaît plaît plaît », elle vous serine que ses enfants la gonflent « tiens voilà du boudin… ».

Le meilleur est quand elle arrive fatiguée le matin et qu’elle fait la gueule, vous hurlez (dans votre tête) « mambo number 5 ! », en vous trémoussant discrètement.

A ce petit jeu, vous avez tenu 19 mois de plus jusqu’à ce qu’elle décide de partir à la retraite et de faire un pot de départ fantastique… vous n’avez jamais aussi bien dormi que pendant ces deux heures-là !

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