Ah, le job de traductrice freelance ! Il en fait rêver plus d’une, n’est-ce pas ?
On s’imagine bien : bosser à la maison, en pyjama, sans stress, à faire des pauses quand on veut pour appeler les copines ou aller faire un tour, et à organiser tranquillement son temps ! Beaucoup de salariées se damneraient (ou presque !) pour ce job.
Sauf que… Ce n’est pas vraiment ainsi que ça se passe… Laissez-moi vous raconter un peu ma vie de traductrice.
Déjà, je m’habille le matin car emmener mes enfants en pyjama à l’école, ça craint un peu. Et je reste habillée ensuite, même si ce n’est pas en tailleur-talons hauts mais plutôt en jean et pull bien chaud. Sans avoir dormi jusqu’à 9 heures (malheureusement), vu que la sonnerie de l’école retentit à 8h30 de toute façon.
Parlons un peu du stress. Une salariée est payée dès qu’elle franchit la porte de son entreprise (même si, parfois, elle la franchit à reculons). En tant que traductrice à mon compte, je ne suis payée que lorsque j’accomplis une tâche rémunérée. Pour cela, il a fallu passer pas mal de temps non rémunéré à prospecter, travailler sur mon site web ou mon blog, envoyer des devis, répondre à des emails, etc. Je ne sais donc pas précisément ce que je vais gagner à la fin du mois, chaque mois est un nouveau challenge. Avec le stress qui va avec : vais-je avoir suffisamment de commandes pour gagner un salaire correct ?
Ensuite, si une salariée fait une erreur, elle se fait rarement licencier (à moins qu’elle n’ait piqué dans la caisse ou fait perdre un gros compte client bien sûr). Moi, si je me trompe et ne réponds pas suffisamment bien aux demandes de mes clients, ils peuvent tout à fait trouver une autre traductrice en moins de 2 minutes (sans même me le dire) et ne plus me confier de travail (après tout ce temps non rémunéré passé pour obtenir ce client, avouez que c’est quand même dommage !). Je vous laisse donc imaginer le stress à chaque livraison.
Parlons des pauses. Cela fait bien longtemps que mes copines ont compris que m’appeler la journée parce que je suis à la maison et pas en entreprise, c’est niet. Par contre, j’ai toujours du mal avec les médecins et autres, qui me disent souvent : « ah, vous êtes à la maison vous, vous pouvez donc venir en journée ! ». Messieurs-dames, sachez que je TRAVAILLE (à la maison, certes) entre 8h45 et 16h45. Au-delà, le bruit et les demandes de mes enfants rentrés de l’école m’en empêchent. Alors si je perds une heure en journée à venir vous voir, je vais devoir la rattraper après 21 heures, et là c’est mon mari qui se fâche. De plus, mon état de fatigue à cette heure-là n’est pas forcément compatible avec un travail de qualité. Capiche ?? (Là, dans les trucs qui gonflent, on n’est pas loin du summum !).
Quant à l’organisation tranquille du temps de travail, désolée de casser le mythe, mais ce n’est pas trop ça non plus. Parfois, je dois faire quelques mises au point avec mes clients, comme vous pourrez le lire dans mon article Message d’une traductrice toulousaine à ses clients en traduction. Car souvent, leurs commandes sont pour le jour-même ou le lendemain. Eux aussi doivent parfois croire que j’attendais leur appel depuis mon canapé, allez savoir…
Vous vous dîtes : « elle exagère, il doit bien y avoir des avantages ! ». Oui, c’est vrai. L’avantage d’être disponible pour mes enfants lorsqu’ils sont malades ou le mercredi (c’est d’ailleurs cette raison qui m’a principalement amenée à choisir ce travail). De ne pas avoir de temps ni de frais de transport. De travailler seule dans le calme (ma vie sociale est très riche, mais avec des gens que j’ai choisis, pas des collègues imposés). Et surtout : de faire un métier que J’ADORE !! (Les mots, c’est mon dada !).
Alors, aurais-je suscité de nouvelles vocations ou au contraire, refroidi certaines ? En tous cas, c’est ma vie de traductrice, et vous savez quoi ? Je n’en changerais pour rien au monde !