Beauté

Les silicones dans les produits cosmétiques, bien ou pas ?

05 août 2019 - 09 : 18
par Laura Les silicones, très présents dans nos produits de tous les jours, sont-ils dangereux, utiles, comment les repérer ?

Vous l’avez peut-être lu au détour d’un article, la nouvelle persona non grata des produits cosmétiques et capillaires, c’est le silicone ! Oui oui, un truc de la même famille que les prothèses mammaires ou les moules de cuisson.

Ça sert à quoi ?

Pour le coup, c’est un peu magique, ça sert à tout ! Dans les cosmétiques ça matifie, ça couvre, ça donne un fini tout doux ou ça gaine les cils, ça retient l’eau ou la transpiration, et pour les cheveux ça démêle, ça lisse et ça fait briller.
C’est pour ça qu’on en trouve dans à peu près tout : fonds de teint et correcteurs, mascaras, fards à paupière, rouges à lèvres, poudres, shampoings, après-shampoings, sérums, produits lissants, produits de protection pour couleur, démaquillants, crèmes, sérums, contours de yeux, les déos, bref partout !

Pourquoi on n’en voudrait pas ?

Ce qui fait que le silicone rend les cheveux ou la peau si douce, c’est qu’il gaine la surface traitée : c’est comme ça que vos cheveux ne s’accrochent pas les uns aux autres et sont démêlés, et c’est comme ça que votre peau a un toucher soie (ou poudré, ou smooth, mettez ce que vous voulez ^^).
 
Dans les cheveux : Le souci, c’est qu’une gaine certes ça protège, mais ça bloque un peu le passage pour le reste ! Ben oui, comment voulez-vous que vos cheveux tout bien gainés de silicone reçoivent les bienfaits du shampoing ou des masques ? Pire que tout ça ! Le silicone n’est pas toujours hydrosoluble, ça veut dire que même si vous le lavez, il ne part pas, pour le dissoudre il faut des solvants plus costauds (petite idée, l’acétone n’est pas mal, qui veut se mettre du dissolvant sur les cheveux ? ^^). Donc, déjà que le silicone bloque l’accès à la fibre capillaire, en plus il prend un bail reconductible à volonté !
Ensuite, il ne faut pas oublier que votre shampoing touche aussi le cuir chevelu. La barrière de silicone qui se met en place va l’étouffer et peut alors rendre les cheveux gras.

Sur la peau : Même problème de barrière que pour les cheveux, et franchement où est l’utilité de s’étaler une crème à 25€ pour le plaisir puisque les produits restent en surface ? En plus, qui dit barrière en surface dit produits occlusifs : qui bouchent les pores et nous donne des boutons et choupi autres points noirs. Là, par contre, on a un peu plus de chance parce que les gommages mécaniques qui enlèvent les cellules mortes enlèvent en même temps les silicones.

Dans la nature : Et oui, aussi étonnant que ça puisse paraitre, les silicones sont mauvais pour la planète. Je suis sûre que vous avez deviné pourquoi : si ça ne se dissout pas dans l’eau, forcément ça pollue.

C’est bien joli, mais comment je les retrouve dans les compositions moi ??

L’avantage des classes de produits chimiques, c’est que pour s’y retrouver, les chimistes leur donnent à tous le même suffixe. Il faut donc chercher les produits en –one et en –ane. Il y a aussi des petits cachotiers avec un masque mais on les trouve.

Donc les silicones, ce sont tous des pourris ?

C’est là que le bât blesse : non. Il y a plusieurs types de silicones, plus ou moins mauvais. Petite revue en détails :
- Dimethicone ou Polydimethylsiloxane (à vos souhaits !) ou encore PDMS : c’est une huile dérivée du silicone, on la trouve dans beaucoup de produits. Celle-là est hydrophobe, elle rend donc les cheveux imperméables et ne part pas au shampoing. Attention, elle peut se cacher sous l’appellation E900.
- Cyclopentasiloxane que ce soit D1, D2, D3 etc… ou CPS ou Cyclomethicone : c’est aussi une huile de silicone plus légère qui n’est pas soluble dans l’eau mais qui est volatile (elle s’évapore). On la combine parfois avec la dimethicone pour qu’elles se fondent et qu’en s’évaporant, la CPS emporte un peu de PDMS avec elle. On la trouve surtout dans les produits capillaires. Celle-là est nocive pour l’environnement, les plantes aquatiques et les animaux, mais pas pour les humains…
- Cyclohexasiloxane : c’est la même chose que pour le précédent, même famille et tout et tout.
- Dimethiconol : c’est l’alcool dérivé du dimethicone. Pour le coup, puisque c’est un alcool, il est volatil et soluble dans l’eau.
- Trimethicone avec un préfixe ou pas : encore une huile de silicone mais qui sèche plus vite que le dimethicone. On l’utilise pour créer une barrière sur la peau pour empêcher la déshydratation en empêchant physiquement l’eau ou la transpiration de sortir (bonjour les occlusions).
- Quaternium-80 : c’est un ammonium mais il a une base siliconée, on peut l’utiliser en tant que démêlant. Ce n’est pas un silicone à proprement parlé mais les produits qui en contiennent ne peuvent pas porter la mention « sans silicone ».
 - Methylisothiazolinone ou MI ou MCI : Bien que le non finisse en –one, ce n’est pas un silicone et il n’en contient pas. Par contre, c’est un puissant allergène !
- Mucilage ou gomme caraghénane : C’est du silicone naturel ! On le trouve à la base dans des algues (miam !) et on l’utilise en cosmétiques parce qu’il a les mêmes propriétés que le silicone mais sans les effets indésirables et il est solvable dans l’eau. Encore mieux, la gomme est souvent pleine de minéraux.

Bon. Et si je veux m’en débarrasser, je fais comment ?

Déjà il faut arrêter d’utiliser des produits à base de silicones. C’est beaucoup plus simple pour les produits capillaires que pour les autres, surtout si on a la peau grasse. Mais il faut savoir que pour les produits pour cheveux, il faudra attendre entre 3 et 6 mois d’utilisation de produits sans silicone pour espérer s’en être débarrassé. On a pu lire que le jus de citron ou le vinaigre (des acides donc) pouvaient aider un peu, c’est vrai mais il ne faut pas en abuser et ça ne résout pas tout.
Pour la peau, il faut vérifier systématiquement les étiquettes et prier pour ne pas rebriller dans l’heure qui suit… Malheureusement, c’est plus à conseiller à celles et ceux qui n’ont pas trop de soucis de sébum.

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Laura
Je suis gourmande, susceptible et râleuse (surtout quand on veut goûter mon dessert). Mais à part ça, je ne mords pas, je vous jure !