Finalement, je me suis demandé si c’était pour moi ou pour affronter positivement le regard des autres.
Mais revenons-en au contexte. L’été dernier, j’ai passé plusieurs jours en Italie sur l’île de Capri. Vous imaginez l’ambiance italienne ? Eh bien sur cette terre, Saint-Tropez bis, elle est multipliée au moins par 15 ! Chaque jour, en rentrant de la plage, j’étais interloquée lorsque je croisais ces italiens endimanchés.
Comment font-ils pour avoir cette classe si naturellement ? Bon d’accord, ceux-là sont certainement plus aisés et peuvent s’acheter des pièces (hautes-coutures) griffées sans polyester, cela donne tout de suite bonne mine. J’étais impressionnée par le charisme de ces hommes et… de ces femmes. La plupart filiformes trottaient aisément, la tête haute et le regard caché par des lunettes Gucci.
Un soir, nous avions décidé de mettre le nez dans un de ces lieux branchés. Je voulais moi aussi me fondre dans la masse et vivre « localement ».
Par « je me suis faite belle », j’entends :
Sortir du dressing la robe, la fameuse que l’on doit porter seulement une fois dans l’année pour l’occasion qui en vaut la peine. Finalement, je me suis trouvé trop apprêtée et j’ai opté pour celle de secours.
Se maquiller de façon plus soutenue qu’à l’habitude (ô punaise, j’ai mis du fard à paupières et de l’eye-liner).
Se cambrer le pied sur des talons aiguilles de plus de 12 centimètres (bye bye talons compensés confortables).
Tester le brushing by soi-même (sans grande conviction).
Sans oublier le vernis à ongles. Mains et pieds (même si les chaussures sont fermées, psychologiquement ça fait quand même la différence).
Selon les codes de la société, j’étais parfaitement parée pour aller en soirée et me pavaner. Sauf que je n’arrive toujours pas à forcer sur le make-up. C’est bizarre, je n’aime rien d’autre que le mascara, le correcteur et le blush. Je trouve le reste complètement superflu et trompeur.
Une fois sur place, je n’avais qu’une envie : m’asseoir et soulager mes pieds. Fucking heels ! Un verre à la main, j’observais la foule et les gens qui m’entouraient. Tous plus beaux les uns que les autres, et pratiquement tous sur leur 31. Il me semble que même à mon dernier mariage, je n’ai pas vu autant de vêtements aussi bien coupés et portés.
Dans la lumière, ils sont séduisants, bien habillés, et à leur bras se tient toujours une personne du même style. Ils sont presque parfaits et tu es curieuse de voir à quoi ils ressembleraient une fois à l’ombre de leur « chez eux ». Ils nous donneraient presque envie d’être quelqu’un d’autre, de leur ressembler et de vivre autre chose. Comme si l’herbe était plus douce ailleurs et surtout sans fourmi ou autres insectes dégoûtants.
Puis, soudainement, je me interrogée. On se serait cru dans une pièce de théâtre ou bien sur un de ces sets de tournage/shooting. Quel est l’intérêt de toute cette mascarade au fond ?
Dans moins de 2 heures, mon mascara commencera à couler, j’aurai des ampoules aux pieds et j’en aurai marre de tous les regarder brasser de l’air. Oui, c’est exactement la sensation qui m’est venue en tête : tout ça, c’est du vent.
En rentrant chez eux, que feront-ils de plus que moi ? Nous sommes tous pareils finalement. Nous connaissons la joie, la douleur, les larmes… Même si nous n’avons pas les mêmes marques sur nos étiquettes de robes, nous ne sommes pas si différents.
Alors à quoi bon vouloir se sentir supérieur, se trouver plus coquette et se croire important ? Faut-il suivre les codes dictés par notre société pour paraître pour ce que nous ne sommes pas ?
Le problème est évident, nous portons davantage attention à la forme plutôt qu’au fond.