Perchée sur 18 cm
J’ai créé mon blog dans le but de relater mes expériences « étranges » dans le milieu du mannequinat. Puis un jour j’ai levé le pied, j’en ai eu marre de ce monde et mes articles ont alors pris une autre dimension. Pour vous, chères lectrices de So Busy Girls, je vais revenir sur de sacrés souvenirs et ainsi vous dévoiler la véritable face cachée de la mode.
Shoot me I’m Famous. Enfin, le photographe était beaucoup plus famous que moi, je le reconnais… Je vais éviter de le citer (les procès sont vite arrivés). Je l’avais aperçu dans une émission de télé réalité bidon, souvenez-vous des nanas qui souhaitaient devenir mannequin et qui vivaient ensemble dans un loft parisien (ça passait sur M6). Une des prises de vue à laquelle elles participaient était justement dirigée par ce photographe.
J’adorais son style complètement décalé et original. Je me suis rendue illico presto sur son site Internet et lui ai envoyé un petit mail avec en pièce jointe mon composite. Compo ?! Qu’est-ce que c’est que ça ?
Petit moment culture G. : vocabulaire du mannequin
Composite (ou compcard in english) : format A5 (21x15 cm) cartonné où sur le recto se trouve une photo portrait du mannequin avec son prénom et sur le verso figurent d’autres images avec les mensurations (poitrine, taille et hanche en cm) ainsi que les coordonnées de l’agence. Ce compo se trouve tout à la fin du book.
Book (généralement plus grand que le format A4) : outil utilisé sur les castings pour présenter aux clients/photographes la « carrière » photos du mannequin. Un book devra vous coûter zéro euro, puisque les frais sont pris en charge par l'agence.
Casting : les filles attendent (parfois des heuuuuuuuuures) et passent une à une devant le client/photographe. Elles sont prises en photo, elles montrent leur book et laissent un composite. C’est chiant, on s’ennuie et on se fait mater par des nénettes de 14 ans.
Bref, revenons-en aux faits. Le photographe m’a gentiment répondu le jour même ! J’avais un message de SuperPhotographe, c’est super génial de dingue de ouf !!! Et il m’invite même à le rencontrer chez lui ! Wahoo un private casting !
J’étais super flattée de pouvoir le rencontrer en personne ! Imaginez mon bonheur !! Il est rare que les professionnels prennent le temps de donner suite lorsque les mannequins les démarchent directement.
La rencontre s’est déroulée et je suis ressortie de chez lui avec une sensation étrange. Sur son canapé était posée une de ses « amies » mannequin et ils planifiaient une date de shooting. La nana semblait un peu « pétasse » avec ses grands airs de petite princesse fourbe… Elle avait hâte de lui faire découvrir ses nouvelles parures… Lingerie ? Berk ! Je n’ai jamais aimé poser en mini tenue ! Sauf qu’il m’a fait comprendre que si on bossait ensemble, ça serait pour un test « lingerie ».
Tests : ce sont des prises de vue destinées à renouveler les photos de son book.
Il me manquait justement des photos de ce genre, pourquoi pas me suis-je dit… J’avais justement réussi à perdre ces foutus 2 kilos !
Le jour J, j’arrive avec ma valise de sous-vêtement. Il check. Rien ne lui plaît (M. est sûrement compliqué, pensais-je) mais il choisit un ensemble en me lançant un « on verra, on fera sûrement du topless ». Sur les shootings, il ne faut pas être pudique, se retrouver seins nus arrive souvent (même trop à mon goût). Bref…
Ce shooting fut une grosse blague de A à Z. Que ce soit au niveau des poses « tiens, allonge-toi sur cette table et étire-toi », « tiens, mets-toi sur le carrelage là et prends ma chaussure dans ta main », que des idées improbables… Le must n’est pas le moment où il m’a fait poser sur son lit (si si, je vous jure) mais celui où il s’est mis à fermer les yeux et à prendre des photos en hurlant (je vous assure).
« Vas-y ! Comme ça ! Oui, je te vois pas ! Ouais c’est ça ! Attrape mon jean » (oui, car il s’est allongé et me foutait des coups de pieds)... Et il criait !
Je n’ai jamais exploité AUCUNE de ces photos. Je les qualifierai de pourries, nulles, limite « dégueulasses ». Je me suis crue à un moment donné dans un scénario à la Marc Dorcel. Ce mec pue le vice !! A la fin du shoot, il s’est mis à rouler son joint et l’a fumé en me gravant le CD de ses somptueuses merveilleuses extraordinaires photos de MERDE.
Il a évoqué son attirance pour le plantage des choux et son envie d’avoir un petit jardin. Ravie, j’étais vraiment contente pour lui ! J’attendais la fin de la gravure et je me sentais plus bas que terre. J’avais comme l’impression d’avoir été violée « photographiquement parlant ». Je me sentais sale et gênée qu’une telle enflure m’ait vue à moitié nue. Je lui en voulais et je me détestais d’avoir été aussi crédule.
Je suis ressortie les larmes aux yeux et faible. J’aurais voulu stopper net le shooting mais je vous avoue que je n’en ai pas eu le courage… La peur sûrement, certainement même ! Faut dire que j’ai la maladie aiguë de la paranoïa. Je me suis dit que s’il répétait le fait que je sois partie, j’allais être black listée sur la terre entière…
Ah, j’oubliais... Il m’a également demandé combien c’était pour toucher mes seins.
Bienvenue dans l’univers de la mode et de ses pervers.