Mais je ne m’attendais pas à devenir une angoissée. Ou du moins, je ne m’attendais pas à changer dans mon comportement face aux hommes. De par nos disputes, nos différences, nos souvenirs en commun, il y a un paquet de trucs que je ne pourrai plus faire :
- Planter un potager. On avait tout bien installé : les courgettes au-dessus des salades, et les tomates cœur de bœuf bien alignées avec les tomates-cerise. On a attendu le printemps et le début de l’été que le potager nous offre le fruit de notre travail. Finalement, en août, je me goinfrée mes cœurs de bœuf toute seule pas loin de la boîte de Kleenex.
- Me faire inviter au restaurant. J’ai réussi à surmonter ma peur. Et quand un mec (mon mec ?) m’emmène au restaurant, j’arrive à ne pas trop angoisser que l’on n’ait rien à se dire. Mais quand vient le moment de régler l’addition, je me précipite avec ma carte bleue pour payer. Je ne veux rien devoir.
- Piquer une crise. J’ai tellement hurlé… A m’en faire sauter les côtes ! Toute mon énergie était consacrée à sauver mon couple. Je me suis oubliée pour me focaliser sur ce qui n’allait pas, ce qu’il fallait faire. Tout était dans le conflit, dans le combat. Maintenant, quand je rencontre un obstacle, je le contourne. Plus d’affront.
- Ecouter des belles paroles. Ah, tu veux m’emmener à l’autre bout du monde ? Je suis la femme parfaite ? On va construire quelque chose ? Écoute-moi bien, Homme, fais. Ne promets pas, agis. C’est tellement plus beau. Plus vrai.
- Me faire aider. Ma haie est en friche totale, on dirait le maillot de bain de Madame de Fontenay : il faut la tailler, ça déborde de tous les côtés. Il est absolument hors de question que ce soit un/mon mec qui s’en occupe (ou alors un professionnel que je paye). L’été dernier, je m’en suis sortie toute seule : j’ai coupé le fil du taille-haie 3 fois et j’avais des bleus plein le corps.
- Laisser la porte d’entrée ouverte. J’arrive chez moi, je mets un coup de cul dans la porte en bois pour l’ouvrir en grand, je pose mon sac à mains, je referme la porte et je mets un coup de verrou. CLAC. C’est devenu systématique. Le soir, quand je suis dans mon lit, que j’ai posé mon bouquin et que j’ai activé l’horloge sur mon smartphone : je me relève. Je vais systématiquement vérifier que j’ai bien fermé le verrou.
- Dire je t’aime. Je ne l’ai pas dit depuis si longtemps (hormis à mon chat et à mes copines quand j’ai trop bu). Est-ce qu’un jour l’idée de le dire à nouveau me traversera l’esprit ? Mon dieu… je ne pense pas.
Sortez pas les violons les meufs. Je sais bien que c’est une passade (qui dure quand même depuis un bon moment). Je m’en sens incapable aujourd’hui. Mais demain est un autre jour.
Et vous, vos cicatrices, vos TOCS post-rupture ?