Culture

50 nuances de désillusion

24 février 2015 - 13 : 00
Vous n'imaginez pas à quel point j'étais impatiente en arrivant devant la salle de cinéma. J'allais enfin voir ce fichu film que j'attendais depuis des mois ! 50 nuances d'excitation donc, car vous l'aurez compris, je me suis pointée hier soir en salle pour voir Fifty Shades of Grey. Je passerai sur le résumé, je pense que vous savez tous de quoi on parle ici.

Histoire de poser un peu le cadre, j'ai bien évidemment lu la trilogie et (folle que je suis) j'avais également recommencé à parcourir le premier tome avant d'aller voir le film. J'ai choisi une séance en vostfr. J'avais entendu dire que les voix françaises étaient une catastrophe donc j'y suis allée en anglais histoire de mettre toutes les chances de mon côté.

Vous l'aurez compris avec mon titre, je suis sortie déçue de ma petite salle de cinéma. Certainement en grande partie à cause des attentes que j'avais du film, en tant que dévoreuse des bouquins, mais j'y viendrai en temps utiles.

50 nuances plus claires


Le choix des acteurs par rapport au livre me convient parfaitement (physiquement du moins). Ana est juste divine, et Christian je n'en parle même pas (sauf quand il sourit, il a une bouche de chat). Avec son air tourmenté ou pensif, il est juste à croquer.

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L'histoire. Bon, on va dire que l'essentiel est là. La trame est plus ou moins respectée, je n'ai pas fait de gros bons dans mon siège durant la projection (peut-être aussi parce que je n'ai pas relu l'intégralité du tome), malgré certaines petites libertés, des détails qui manquent (comment ça il n'y a pas la scène du tampon ? et la première fellation d'Ana alors ? zut... ah ah, pour savoir de quoi je parle, lisez le livre bande de petits curieux !) et des passages ultra-kitch, je retrouve assez bien le livre.

Les scènes érotiques. Je suis plutôt satisfaite aussi. Les images sont belles, l'actrice est mise en valeur. J'ai d'ailleurs été surprise car je ne m'attendais pas à la voir aussi... nue ! Enfin, à en voir autant en tout cas (-12 ans ? sérieusement ? c'est un peu juste là les gars). Les plans dans la salle de jeux sont juste dingues au niveau des contrastes de couleurs et de lumières. On ressent bien le sentiment d'étrangeté à entrer dans un lieu pareil (j'avoue que moi je serais complètement flippée à la place d'Ana). La scène avec la ceinture à la fin est vraiment bien tournée. Je n'en attendais pas moins.

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50 nuances plus sombres


La rencontre. Et c'est là que le bât blesse... (c’est l'une de mes plus grosses déceptions). Car le sabotage du livre commence dès les premières minutes du film.

E.L. James pose pourtant le décor dès le départ : l'électricité, la tension entre les deux personnages est palpable du début à la fin (du moins, c'est mon ressenti et c'est ce qui m'a poussée à littéralement dévorer les trois tomes en quelques heures), si bien qu'il m'est souvent arrivé au cours de ma lecture de me rendre compte que j'avais tout bonnement cessé de respirer pour me suspendre aux mots de l'auteure.

Dans l'adaptation, Ana et Christian se télescopent. Anastasia passe d'ailleurs pour une imbécile (magnifique réplique complètement kitsch durant l'entretien quand ils parlent du fait que Christian n'aurait pas de cœur), alors qu'au final il s'agit d'une jeune femme, certes très maladroite, mais aussi instruite. L'interview est bâclée, son déroulement inversé (elle dit dès le départ que ce n'est pas elle qui a préparé les questions), l'agacement de Christian complètement éclipsé (êtes-vous gay, monsieur Grey ?).  Bref, pour tout vous dire, ça m'énerve encore rien que d'y repenser. C'est pour moi l'un des passages les plus importants du livre. Je m'attendais à une reproduction fidèle qui donne la couleur dès le départ. Eh bien non !

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MON cinquante nuances. Où est-il ? Où est passé le Christian Grey que les lectrices ont appris à connaître au fil des romans ?  On voit dans le film quatre nuances tout au plus : le Christian joueur, le séducteur, le dominant et le tourmenté. Où est donc passé le Christian furieux ? Parce que qu'est-ce qu'on en soupe de celui-là dans les livres ! Il est en colère par-ci, il est fâché par-là, il a l'air furax. De même, où est celui qui se passe cinquante fois les mains dans les cheveux parce qu'il ne sait plus où il en est (caractéristique omniprésente de ce personnage, c'est qu'il doit avoir les cheveux gras à force de les toucher !). Non, le Grey de l'adaptation est même un maniaque du contrôle de lui-même ! Mais du coup, à mes yeux, cela le rend plus fade, moins intense, moins intimidant.

Le seul moment où je le retrouve, c'est à la fin, avec sa ceinture. Là, on est d'accord, c'est Christian.
D'ailleurs, autre chose maintenant que j'y songe : la scène de la fessée, grosse blagounette aussi, relation dominant-soumise escamotée (grand bain de larmes pour moi dans le bouquin, cœur serré et compagnie, car normalement Ana n'apprécie pas du tout sa correction et, au départ de Grey, elle finit par pleurer toutes les larmes de son corps et lui revient et passe la nuit avec elle). Exit le vilain Christian !

C'est donc ma deuxième grosse déception.

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L'absence totale d'excitation. Oui, on est d'accord, on n'est pas allées voir un film pornographique mais bon... Le livre m'avait bien retournée quand même (autant émotionnellement que physiquement). Et sans parler du caractère purement excitant des scènes de sexe, les histoires d'amour font ressortir mon côté gamine surexcitée, alors durant ma lecture mon adrénaline jouait gentiment au yoyo comme une folle.

Et bien désolée de vous dire que, dans le film, à part lors de la lecture du contrat (ah enfin ! ça y est je commence à retenir mon souffle et je suis suspendue à leurs lèvres !) ou dans les dernières minutes (la rupture et la scène de la ceinture où j'ai pleuré comme une madeleine dans le livre), je n'ai pas ressenti grand-chose... Et je pèse mes mots. D'accord, il y a un côté humoristique plutôt plaisant dans certaines répliques, mais sinon, le côté profond/psychologique/électrisant est quasiment absent.

Voilà pourquoi je sors du cinéma avec nombre de désillusions, toutes en nuances de gris. Parce que pour le coup, le jeu de mot prend tout son sens. Ceci dit, n'hésitez pas à vous y rendre si vous n'avez pas lu la trilogie, car cela reste potable après tout (un de mes amis a beaucoup apprécié).

Oserai-je rêver de deux futures adaptations à la hauteur de mes attentes ? En tout cas promis, j'ai retenu la leçon, je ne relirai pas le tome 2 et 3 avant de me recaler devant le grand écran !

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Choup’N’Beauty
Choup’N’Beauty, c’est une blogueuse Beautyvore de 28 ans, rédactrice de la Petite Mallette aux trésors et de So Busy Girls, qui arbore fièrement une addiction à l’écriture, à la musique, à la danse. C’est aussi un Blog Beauté tout jeune qui cherche à se faire une place pour partager une passion. Deux souhaits : que ce ne soit que le début de l’aventure et avoir le plaisir de vous croiser au détour d’un billet Beauté…