Culture

J'ai lu Rue des Boutiques Obscures de Patrick Modiano

03 février 2015 - 14 : 00
N’importe qui peut écrire. Regardez, même moi je le fais ! Seulement certains vont le faire en vous citant des influences à droite, à gauche. Forcément, j’ai moi aussi quelques « références », mais parfois, j’ai l’impression d’être complètement passée à côté de certains classiques.

Écrivant en français, je vais commencer par là. Alors bonne résolution 2015, (oups, mot tabou), challenge 2015 (c’est bien challenge) : 1 mois = 1 classique.

 

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En janvier je démarre avec Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014 qui a reçu le prix Goncourt en 1978 pour le livre Rue des Boutiques Obscures. Prix Nobel + Prix Goncourt, j’estime que, bien que contemporain, Modiano rentre dans la case des auteurs « classiques » au sens de « référents » dans la littérature francophone.

 

C’est donc un Français qui a reçu le prix Nobel en décembre. J’avais eu l’occasion d’écouter et lire son discours avec attention. L’homme m’avait semblé très inspirant et j’en avais alors fait l’objet d’un article traitant notamment du rôle des écrivains et de leur statut : des témoins de leur temps. En le publiant, j’avais doucement avoué n’avoir jamais lu son œuvre. C’était quelques jours avant Noël, innocemment, cela en a inspiré certains pour déposer au pied du sapin le livre dont je vais vous parler.

 

Rue des Boutiques Obscures est un livre facile à lire. En tous cas, qui se lit vite. 251 pages dans l’édition Folio, format poche. C’est aussi un livre qui m’a décontenancée. J’ai en effet l’habitude de corner les pages où je lis des mots marquants, des tournures de phrase intelligentes ou des paragraphes qui m’amènent à penser, voir les choses autrement. Et alors que mes yeux se posaient sur les dernières syllabes du dernier chapitre, j’ai réalisé que Rue des Boutiques Obscures était resté intact.

Je suis donc bien incapable de vous citer un passage plus qu’un autre.

Mais ce livre ne m’a pourtant pas laissée indifférente. Ainsi, sans que je sache forcément comment (ce n’est donc pas un mot ou une tournure de phrase qui aurait opéré de sa magie), Modiano m’a transportée avec lui dans une atmosphère, une ambiance.

Quelque chose de sombre.
Les premiers mots : « Je ne suis rien ».
Les derniers : « chagrin d’enfant ».

Quelque chose de brumeux, un peu comme la grisaille de ce mois de janvier 2015. La « faute » (s’il en est) à Guy, le narrateur et personnage principal de ce livre, que l’on va suivre entre les rues de Paris ou dans les campagnes de France, à la recherche d’une identité.

Et l’apprentissage de l’acceptation (carrément). Rue des Boutiques Obscures est un roman, une fiction, qui nous égraine au fil de ses mots le paradoxe entre notre histoire, comment elle influe sur notre présent, et sa relativité face à nos petits actes du quotidien, finalement seuls témoins de ce que nous sommes vraiment.

 

Je n’ai corné aucune page de ce roman de Modiano, mais je l’ai refermé avec l’impression d’avoir lu un livre qui m’avait habitée. Ça doit être ça, lire le Goncourt d’un auteur digne du Prix Nobel : au-delà des mots et de la façon d’écrire, c’est un tout finalement assez indéfinissable qui vient vous emporter.
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MissERichard
SomethingToDoWithStars, c’est chez moi. J’y évoque ma vie de (jeune !) trentenaire, bossant dans les media qui, par ailleurs, tape des mots sur son clavier. Des mots plus ou moins romancés, documentés, impliqués. Des mots que je publie aussi sur un 2nd blog tourné media, ou que je conserve pour en faire, un jour, quelque chose... avec chapitres et numéros de pages.