Beauté

No make-up allowed

07 novembre 2014 - 08 : 00
Il y a de ça quelques semaines, je tapais la causette avec Anna, mon acolyte de classe, lorsqu'inévitablement la conversation a dévié sur un sujet incontournable à tout entretien de petit comité exclusivement féminin, j'ai nommé, les mecs, le maquillage. Le make-up, dit le meïque-eup ! L'ironie de ce bavardage cosmétique, c'est qu'Anna n'en porte pas. Pas, dans le genre jamais. Never. Ou alors une timide couche de mascara les soirs de grandes occasions (genre cérémonie des oscars). Son motif ? De précieuses minutes économisées chaque matin : toutes les secondes épargnées dans l'antre de la métamorphose faciale, j'ai nommé, la salle de bain, sont, selon elle, d'impayables instants de plus passés dans les bras de Morphée.

Ce bref échange a poussée la réflexion un peu plus loin et je me suis rendue compte que JAMAIS je ne sortais sans une once de maquillage sur mon faciès (NB : le terme « sortie » ne comprend pas les quelques pas jusqu’à la boîte aux lettres ni les quelques mètres jusqu’à la boulangerie juxtaposée à l’immeuble)… Ou du moins, si maquillage sur mon visage il n’y a pas, lunettes pour sûr tu trouveras. Sans maquillage et sans binocles, c’est bien simple, je me sens comme un singe albinos en phase terminale d’une maladie orpheline dans un zoo qui n’aurait pas les moyens de se payer un vétérinaire décent. Bref, nue comme un ver qui aurait mué du peu de peau qui lui reste. Oui, confiance en soi et sexiness at their climax !

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Pourtant, photos à l’appui (arrêtez-moi si je me trompe !) mon visage, une fois apprêté, ne ressemble pas à une BM qu'on aurait volée et repeinte pour passer la frontière. Pour tout dire, il arrive même que les gens ne remarquent pas que je sois maquillée. Ouais. Je sais. Je vous entends rire derrière vos cristaux liquides. « A quoi bon alors hein ? ». Je me suis demandé la même chose. Mais vous vous en doutez, j'aime dilapider mon argent. Et pour répondre à cette question existentielle qui nous taraude et nous importe autant que de savoir comment se reproduisent les manchots de l'hémisphère austral (avouez-le, vous n’en dormez plus la nuit ;) ), j’ai relevé le défi :

Une semaine sans make-up ni lunettes


(MOOD de singe albinos en phase terminale d’une maladie orpheline : ON)

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Phase 1 : La psychose


J’avoue, me laisser sortir de la maison comme ca, c’était un peu comme laisser partir ma maman le premier jour de maternelle, je savais pas si j’allais passer la journée. Chaque coup d’œil jeté à un reflet de vitrine me renvoyait l'image d'un zombie dont l'allure avait tout à envier à un cheval souffrant d'une poliomyélite aiguë. J'avais atteint un stade où mon regard évitait tout contact avec une matière réfléchissante de peur d'être transformée en statut de pierre tel Polydecte par Méduse. Je n'en menais pas large. Le désagréable et paranoïaque sentiment que les gens me dévisageaient, lisant le Post-it imaginaire sur mon front : "Je n'ai pas toujours l'air malade à ce point, je vous promets" me donnait envie de rentrer en courant à la maison pour dégainer mon mascara et remédier à cette mascarade. C'était mal parti...

Phase 2 : L'apprivoisement


Et puis, étonnamment, à l'opposé du goût immonde de la coriandre, on s'y habitue. Plus les jours passaient, plus je renouais avec la vue de mon visage vierge de maquillage. Les coups d'oeil furtifs dans le miroir à la sortie des toilettes se faisaient toujours plus décomplexés jusqu'au moment où finalement - Miracle - j'adressais un timide sourire à mon reflet. Yaaaaay!

Phase 3 : La résurrection aka le nouveau moi


Ça, c'est la phase finale, durant laquelle je me suis sentie comme la reine du monde. Un peu comme Julia Roberts dans l’incontournable scène du Shopping dans Pretty Woman (Avouez-le, c’est votre préférée aussi !). A ce stade-là, le post-it imaginaire a déserté mon front pour laisser place au hashtag #notasinglefuckisgiven. Invincibilité et invulnérabilité, I believe I can fly devient mon nouveau mantra. C'est le moment où j’accepte enfin ma face sans un grain de poudre sur la peau ! Les célébrités et leurs #WakeUpCall peuvent aller se rhabiller !

Bilan



  • Un total de 2 heures 20 de sommeil économisées

  • 9 grammes de mascara épargnés et presqu'autant de fond de teint

  • Une bonne humeur impayable avant d'aller me coucher en skippant l'étape démaquillage (sans doute le Highlight de la semaine !)

  • Estime de soi +100

  • Le sentiment d’être bombe atomique au prochain trait d'eye-liner


A ma grande surprise, je n’ai eu droit à AUCUN commentaire. Gros comme le Titanic, je voyais venir les :
« T’es malade ? »
« Eva, t’as dormi cette nuit ? »
« Niveau t'as sauté la case maquillage, ça se passe ?»
« Y'en a une qui était à la bourre ce matin... »

(Souvenez-vous, mes amis ont de l'humour.) J’en avais même préparé ma réplique (Merci Pinterest) :

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Post-expérience, j'ai abordé le sujet avec Anna, qui ne s'en était pas rendu compte (Dites-moi, mon maquillage est si discret ??) et Katharina qui, elle, y a prêté attention mais a décrété que ça me donnait - je cite - un beachy-look-all-natural-je-rentre-de-la-plage. Allez savoir...

Entre nous, pour mieux endurer (certains évoqueront des tendances masochistes) ce traumatisme qui n'en était pas vraiment un, je n'ai cessé de mater des vidéos de Tutoriels toute la semaine (Michelle Phan, grande prêtresse des vidéos de maquillage). Résultat, j'ai eu envie de tester 1 000 trucs et arrivée au bout de mon martyr (qui n'en n'était pas non plus vraiment un finalement), je me suis allée faire un tour - fructueux - chez Mac. Oops, #Sorrynotsorry!
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