Humeurs

Vis ma vie de Graphiste

26 mars 2014 - 15 : 09

Comme vous l’aurez deviné avec le titre de ce billet, je suis graphiste. Pour faire simple, cela consiste à créer toute la communication visuelle d’un produit, d’une marque, ou d’une entreprise. Logo, site Internet, cartes de visites et j’en passe, un graphiste s’occupe de la création de tous les supports nécessaires à une bonne visibilité envers le public cible.


J’avais rêvé de ce boulot depuis mes années collège, mais mon parcours pour y parvenir a été plutôt atypique. Pour des raisons personnelles, je n’ai pas pu rejoindre d’école de communication après mon bac. A la place, j’ai dû choisir une orientation de dépit, celle que l’on prend faute de mieux. En ce qui me concerne, ce fut la fac de Droit ! J’étais pour le coup très loin du domaine artistique que je désirais tant, mais mes parents pensaient qu’avec ma grande gueule mon bagout je ferai une bonne avocate. J’ai suivi leur conseil, à défaut d’avoir un autre plan, et j’y ai fait 3 ans. Trois longues années durant lesquelles, je peux vous le dire, je me suis royalement emmerdée. Et puis le destin étant ce qu’il est, le graphisme a fini par me rattraper au cours de ma troisième année de Droit. Pour la faire courte, j’ai rencontré les bonnes personnes au bon moment, et ces dernières m’ont ouvert des perspectives jusque-là inconnues. J’ai donc fini par claquer la porte de la fac, 2 semaines avant les derniers partiels de Licence, pour me consacrer pleinement à ma passion retrouvée. Oui, j’aime le risque.


Ne pouvant toujours pas rejoindre une école de graphisme, cette fois-ci pour des raisons financières, j’ai décidé de m’auto-former pendant 2 ans. Seule. Enfin, seule avec mon ordinateur et Google. Je suis de ceux qui rentrent par la fenêtre si personne ne leur ouvre la porte ! Durant cette période, j’ai appris à manipuler les logiciels (Photoshop etc.), j’ai aussi appris à coder un site Internet, et j’ai fait mes premières armes sur des forums amateurs de créations graphiques. Grâce à eux, j’ai été repérée par des professionnels, et j’ai pu faire deux ou trois stages en agence. Ensuite ? Je me suis installée à mon compte. LE truc à ne pas faire sans être passé par la case CDD ou CDI au préalable. Sauf que là encore, je n’ai pas vraiment eu le choix…


Forcément, les 2 ou 3 premières années furent terriblement scabreuses. Sans une grande expérience du « terrain », il ne pouvait pas en être autrement. J’ai donc ramé, ramé, et encore ramé, pour démarcher mes clients et me faire une place au soleil. Heureusement, le travail finit toujours par payer, et depuis 3 ans environ mon petit business tourne plutôt bien. J’ai eu la chance de travailler sur des projets de grandes marques, comme le PMU, Canal +, Panasonic et d’autres encore. Mais j’ai surtout eu l’opportunité d’avoir la confiance de professionnels réputés dans ce métier, des directeurs artistiques et directeurs d’agences qui m’ont littéralement jetée dans le feu de l’action. Aujourd’hui encore, je travaille avec une personne qui a plus de 25 ans d’expérience dans le domaine du luxe, et qui a des contacts chez les plus gros annonceurs de France (Cartier, Rothschild, etc.). Je collabore avec lui depuis 2 ans, et j’ai énormément appris à ses côtés.


Vu sous cet angle, les gens pensent souvent que je fais un boulot de rêve. Malheureusement, je suis passée du côté obscur, celui où l’on commence à ne voir que le négatif. Travailler pour toutes ces agences, et toutes ces entreprises, m’a aussi montré une facette de la communication qui est plus que détestable. Vendre à tout prix, fréquemment au détriment des clients. J’ai dû parfois, souvent même, faire des choses qui étaient contraires à mes valeurs. Au final, je tolère de moins en moins la mentalité de ces gros clients, et je ne supporte plus du tout le fait de contribuer à un capitalisme puant au détriment de l’humain.


A cela, il faut rajouter une constante dévalorisation des métiers créatifs, ce qui commence sérieusement à m’ennuyer pour rester polie. Les grosses entreprises, marques et agences, négocient de plus en plus le prix de nos interventions au-delà du raisonnable. Soit disant parce qu’ils sont en crise. Autant c’est vrai pour certains, autant pour d’autres… Le problème ne s’arrange pas depuis l’arrivée sur le marché de « professionnels » qui cassent les prix, parce qu’ils sont dans une configuration qui les y autorise (logiciels piratés, autre boulot à côté, pas de factures à payer car vivant au crochet de quelqu’un, etc.). Les plus dangereux parmi eux sont ceux qui sont bons, et il y en a beaucoup. Ils nuisent considérablement aux professionnels qui eux ne vivent que de ce métier, et ont des factures à payer en plus de leurs charges. Une sorte de sérieuse concurrence déloyale qui prend de plus en plus de place.


Pourtant, la flamme brûle toujours en moi, je le sais, je le sens. Toutefois, jour après jour, je vis de plus en plus mal toutes ces « contraintes ». Pour toutes ces raisons, j’aimerais me reconvertir dans l’écriture. Presse écrite, webzine, autant d’options que j’envisage sérieusement en parallèle de mon projet de roman. Là encore, il faudrait tout recommencer, alors que dorénavant, j’ai besoin de gagner ma vie. Reprendre mes études par correspondance tout en continuant à travailler, tenir mes blogs et espérer me faire repérer là aussi, finir mon roman, voilà mon programme idéal pour ces prochains mois.


Mais restons réalistes, c’est un doux rêve que je caresse une fois de plus. La réalité, c’est que je risque de rester graphiste pour un bon moment encore.


Crédit photo : Michael Muccioli



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Article rédigé par Bliss Bazaar
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