Une enquête télévisée explosive
Ce jeudi 5 juin 2025, France 2 diffusait un numéro inédit de Complément d’enquête intitulé "Rachida Dati, la conquête à tout prix", consacré à la ministre de la Culture. Très attendue, cette émission a déclenché une vague de réactions, notamment de la part de la principale intéressée. Rachida Dati s’y est montrée offensive, allant jusqu’à insulter les journalistes venus l’interroger à la sortie du Conseil de Paris.
Les caméras ont capté une altercation tendue, dans laquelle la ministre n’a pas mâché ses mots : « Vous m’emmerdez, vous m’emmerdez », s’est-elle emportée, avant de qualifier les journalistes de "voyous". Une séquence choc qui relance le débat sur la liberté de la presse, les méthodes des émissions d’investigation, et les limites de la communication politique.
Des accusations qui refont surface
Cette colère s’explique par le contenu de l’enquête diffusée le soir même. Les journalistes de Complément d’enquête ont remis en lumière des accusations de conflits d’intérêts remontant à l’époque où Rachida Dati était eurodéputée (2009-2019).
Selon l’émission, elle aurait perçu 299 000 euros d’honoraires non déclarés en lien avec le groupe GDF Suez (aujourd’hui Engie), ce qu’elle a toujours nié fermement. Le documentaire affirme avoir obtenu des documents inédits et exclusifs permettant d'étayer ces soupçons, malgré les démentis catégoriques de ses avocats, Me Olivier Baratelli et Me Olivier Pardo.
Ces derniers affirment dans un communiqué : « Il n’a jamais existé et il n’existe absolument aucun conflit d’intérêts entre son activité professionnelle et son mandat de député européen. » La défense est claire, mais les images de l'émission, elles, montrent une tout autre ambiance : celle d’un règlement de comptes télévisé.
Un tempérament bien connu du grand public
Ce n’est pas la première fois que Rachida Dati perd son sang-froid face à des caméras. On se souvient tous de son échange glacial avec Élise Lucet, en 2015, dans Cash Investigation. Elle y avait déclaré : "Je n’ai pas peur de vous, ma pauvre fille. Quand je vois votre carrière… pathétique."
Près de dix ans plus tard, l’histoire semble se répéter avec une autre équipe de journalistes. À la sortie d’un rendez-vous officiel, elle a fustigé la présence des caméras de France 2, affirmant : « Je parle pas avec des voyous. Vous êtes des voyous. »
Face à cette colère, l’équipe de Complément d’enquête a tout de même tenté d’obtenir une réaction à froid, en dehors des caméras. Mais même sans micro, la ministre a continué à accuser les journalistes de méthodes douteuses, allant jusqu’à affirmer qu’ils auraient tenté de payer des membres de sa famille pour obtenir des témoignages à charge.
« Vous êtes des voyous. »
— Complément d'enquête (@Cdenquete) June 5, 2025
???? Rachida Dati, ministre de la Culture porte de graves accusations à l’encontre de l’équipe de #ComplementDenquete.
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Une ministre sous pression
En plein cœur de son mandat de ministre de la Culture, Rachida Dati semble de plus en plus dans la tourmente médiatique. Entre les révélations du passé, les tensions internes au gouvernement et maintenant cette séquence virale, sa gestion de la communication devient un exercice périlleux.
Elle affirme pourtant vouloir continuer son travail avec force et détermination, malgré ce qu’elle qualifie de "campagne de dénigrement orchestrée". Si l’intensité de ses réactions témoigne d’un tempérament bien trempé, cela pourrait aussi entamer sa popularité, notamment auprès des électeurs modérés.
Ce nouvel épisode relance également les interrogations sur le rôle des journalistes d’investigation : jusqu’où peuvent-ils aller ? Est-il acceptable d’approcher les proches d’une personnalité publique pour enrichir un reportage ? Pour certains, la réponse est oui : il s’agit de chercher la vérité. Pour d’autres, c’est franchir une ligne rouge.
Rachida Dati : une figure politique clivante
Depuis ses débuts en politique, Rachida Dati a toujours été une femme de caractère, dérangeante pour certains, admirable pour d’autres. Ancienne garde des Sceaux sous Nicolas Sarkozy, puis maire du 7e arrondissement de Paris, elle a souvent été au cœur de polémiques, mais a aussi toujours su rebondir.
Son image reste profondément clivante, oscillant entre femme de poigne, victime d’un acharnement médiatique, et personnalité politique controversée. Si certains saluent son parcours comme une réussite symbolique, d’autres lui reprochent une gestion trop agressive des rapports humains et médiatiques.
Cette nouvelle séquence pourrait bien redéfinir les prochaines étapes de sa carrière. Et si l’affaire des honoraires perçus sans déclaration revenait à l’ordre du jour judiciaire, elle pourrait devenir un véritable boulet politique, y compris pour le gouvernement auquel elle appartient.
Une tension palpable jusqu’à l'Élysée ?
Derrière ce clash apparent se cache peut-être une tension plus profonde au sein même de l’exécutif. Car si Rachida Dati a été choisie pour occuper ce poste stratégique de ministre de la Culture, ce n’est pas sans controverse. Elle incarne à la fois une caution "populaire" et "sarkozyste", mais aussi un électron libre difficile à canaliser.
Des voix s’élèvent en coulisses pour s’interroger sur la pérennité de son poste. Peut-on maintenir à la Culture une ministre aussi souvent en conflit avec les journalistes et les médias publics ? Le président Emmanuel Macron, très attentif à l’image de son gouvernement, pourrait être contraint de prendre position si les tensions devaient s’amplifier.
En résumé
Le clash entre Rachida Dati et l’équipe de Complément d’enquête aura au moins eu le mérite de faire réagir l’opinion publique. Entre accusations, colère et règlements de compte, cette séquence s’ajoute à une longue liste d’incidents entre la ministre et les journalistes. Reste à savoir si, cette fois, les conséquences politiques iront au-delà d’un simple buzz médiatique.
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