Deux entreprises suédoises imposent à leurs employés de faire une heure de sport chaque semaine avec leurs collègues. Et pour ceux qui n'en ont pas envie ? La Direction leur montre la porte. Sympa !
Tout le monde le sait, la pratique d'une activité physique régulière est essentielle pour être en bonne santé.
En plus de ça, le sport, doux ou intense, pratiqué le soir ou le matin, seul ou à plusieurs, à l'extérieur ou à la maison, a de multiples bienfaits.
Jusque-là, je pense qu'on est tous d'accord.
Mais est-ce que forcer des gens à faire du sport avec leurs collègues est vraiment une bonne idée ?
C'est en tout cas ce que l'entreprise publique de distribution de l'eau Kalmar Vatten et la marque de vêtements Björn Borg, ont mis en place.
Pourquoi en théorie, c'est une bonne idée
Cette obligation peut surprendre, mais peut avoir certains avantages, du moins en théorie.
Le sport améliore la productivité
De nombreuses études ont en effet montré que faire du sport améliorait la productivité. Et quand on y pense, c'est assez logique finalement.
Car faire du sport permet de :
- diminuer le stress
- soulager les tensions
- améliorer sa capacité de concentration
- lâcher prise
- avoir une meilleure mémoire
En pratiquant une activité physique régulière, on abaisse son niveau de stress et on se défoule, on est donc ensuite plus disposé pour se concentrer et on a l'esprit clair ce qui nous permet de réfléchir de manière plus posée.
Encourager ses employés à faire du sport serait donc stratégique pour les entreprises car ceux-ci n'en seraient que plus productifs ensuite au bureau.
Faire du sport entre collègues a de nombreux avantages
Au delà de la pratique du sport, c'est également le fait de pratiquer une activité sportive entre collègues qui peut être bénéfique à tous car cela améliorerait la convivialité au sein de l'entreprise et permettrait de créer un réel effet d'émulation.
Une étude réalisée par l’Université de Stockholm en 2014 a démontré qu'une heure de sport entre collègues augmentait la productivité de 12% et diminuait l’absentéisme de 22% au sein de l'entreprise.
Dernier avantage non négligeable de la pratique du sport entre collègues : la cohésion de groupe, qui est précieuse pour apprendre à bien travailler ensemble, mais qui est quasiment impossible à susciter chez des collègues qui ne se supportent pas et ne se voient qu'au bureau.
C'est d'ailleurs pour cette raison que de nombreuses entreprises organisent régulièrement des activités de team building comme des afterworks, des cours de cuisine, des ateliers créatifs, des escape games (de plus en plus à la mode ces dernières années !) ou, encore mieux, des activités sportives.
Ces activités de team building sont en effet connues pour motiver les équipes, encourager le dialogue constructif, diminuer le stress et, bien sûr, favoriser la cohésion de groupe entre collègues.
Organiser des matchs ou des entraînements entre collègues ne semble donc pas être une mauvaise idée, car ça apporte clairement de multiples avantages à tout le monde.
Sauf qu'honnêtement, je trouve qu'obliger ses employés à faire du sport, c'est n'importe quoi.
Pourquoi, dans les faits, c'est franchement abusé
Et je vous dis ça parce que justement, moi, j'adore le sport.
Obliger quelqu'un à faire du sport est le meilleur moyen de le dégoûter
Avant, pourtant, ce n'était pas du tout mon activité favorite.
Je ne supportais pas qu'on me force à faire un sport que je n'aimais pas au collège puis au lycée, et j'ai été plusieurs fois découragée par des profs (un peu débiles à mon sens, ou qui manquaient en tout cas clairement de pédagogie) qui m'avaient saquée sur ma moyenne de sport sous prétexte que je n'avais pas fait un temps suffisant alors que moi, j'avais vraiment fait de mon mieux.
Pour le cycle d'endurance, une prof désagréable au possible avait même jugé bon de faire elle-même un tableau Excel avec des temps arbitraires (qu'elle était allée chercher où, ça, personne ne le sait) et des notes en face.
Si on faisait tel temps en courant 30 minutes, on avait 15. Si on n'arrivait pas à courir plus vite que tel temps, on avait 8. Et ainsi de suite jusqu'à 0. Oui, vous avez bien lu, zéro !
J'ai oublié de préciser que cette grille favorisait clairement les garçons. Tous (je dis bien TOUS) sauf deux ont eu une note supérieure à 15. Toutes les filles (je dis bien TOUTES) même la plus sportive et rapide ont eu en-dessous de 12 (la deuxième descendant directement à 10, puis 9, et ainsi de suite).
On a vite compris dès les premiers entraînements qu'on aurait toutes des notes minables, peu importe l'effort qu'on fournirait, peu importe si on se donnait du mal, peu importe si on arrivait à progresser et peu importe si on était finalement endurantes, en courant à notre rythme.
Alors que c'était sur ça qu'on était censés être évalués : L'ENDURANCE !
Autant vous dire que dès que j'ai vu mon temps après le premier entraînement (qui correspondait à un 9) alors que j'avais pourtant fait de mon mieux, j'ai été dégoûtée. J'ai tout simplement arrêté d'essayer.
Les entraînements suivants, je n'ai même pas cherché à m'entraîner à courir plus vite.
Je marchais dès que la prof acariâtre se retournait et qu'elle ne pouvait pas me voir, et je faisais semblant.
Je n'étais pas la seule, une grande majorité des filles étaient découragées elles aussi et ont tout simplement laissé tomber.
Au final, et sans surprise, j'ai eu 7 à la course d'endurance « notée ». Et je m'en fichais royalement.
Parce que ce jour-là et pendant les années qui ont suivi, j'ai détesté le sport.
Pas parce que j'étais mauvaise – je suis très grande et j'ai la chance d'avoir une morphologie athlétique il paraît, donc ça aurait pu m'aider – ni parce que je ne voulais pas m'y mettre.
Mais parce que cette prof nous a mal présenté les choses, et qu'au final, la plupart des élèves ont été découragés avant même de commencer le premier entraînement.
On ne peut pas forcer quelqu'un à apprécier une activité
Je trouve que c'est exactement le même problème ici avec ces deux entreprises qui obligent leurs employés à faire du sport chaque semaine.
Car les employés n'ont pas le choix. Ou plutôt si (et c'est justement ça le problème), ils ont le choix de se plier à cette règle même si ça ne leur plaît pas du tout ou de prendre la porte.
C'est le Directeur Général Henrik Bunge qui le dit comme ça : « Si on ne veut pas faire de sport et être intégré à la culture de l’entreprise, on s’en va ».
Moi, je suis désolée, mais même si aujourd'hui, j'adore le sport et que j'en fais tous les jours avec plaisir, quand je lis ça, je me crispe direct.
Une séance de sport encouragée plutôt qu'obligatoire
Et surtout, je me demande si ce n'est pas contre-productif.
Car pour profiter de tous les bienfaits du sport qu'on a cités tout à l'heure, encore faut-il faire pleinement l'activité, se concentrer pour bien faire les mouvements, se vider la tête, lâcher prise et profiter de ce moment entre collègues pour tisser des liens.
Sinon, le stress restera le même, la cohésion de groupe n'aura aucune raison de se développer et on reviendra ensuite au bureau aussi tendu qu'avant la séance de sport.
D'après moi, vouloir que les employés d'une même entreprise fassent régulièrement du sport ensemble n'est pas du tout une mauvaise idée, bien au contraire.
Mais tout est dans la façon de présenter les choses. Certains ne sont peut-être pas capables de faire du sport car ils manquent d'entraînement, souffrent de certaines douleurs ou, pour les femmes, ont leurs règles et préfèrent se reposer pour mieux gérer la douleur des règles. D'autres n'en auront pas envie. Et d'autres seront ravis que cette activité soit organisée pour eux.
Plutôt que d'obliger tout le monde à faire cette séance de sport chaque semaine ou à quitter l'entreprise, pourquoi ne pas plutôt encourager les employés à participer à cette activité, sans aucune obligation, avec une activité alternative pour ceux qui ne se sentent pas d'attaque pour une séance intensive ? Ou pourquoi ne pas faire un petit sondage auprès des employés pour les impliquer ?
Enfin bref, je ne suis pas à la place des dirigeants de ces entreprises, donc je ne suis pas confrontée à cette problématique, mais je suis certaine qu'il y a beaucoup de choses à faire pour présenter cette séance de sport entre collègues de manière plus positive et moins contraignante.
A mon avis, ce serait plus constructif, plus positif pour tout le monde et, il faut le dire, carrément moins abusé.
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