Si vous vous êtes déjà surpris à rire à une blague qui ne vous faisait pas rire, à prétendre avoir vu un film juste pour ne pas vous sentir exclu ou à angoisser devant un message sans emoji… vous êtes peut-être concerné par le FOPO. Cet acronyme, pour Fear of other people's opinions, soit « peur de l’opinion des autres », désigne un syndrome discret mais puissant, capable de transformer notre manière d’être au quotidien. Et sans même qu’on en ait pleinement conscience.
Lire aussi : Voici l'âge moyen auquel une femme a le plus confiance en elle et se sent belle
La peur de déplaire, un réflexe ancestral
Popularisé par le psychologue américain Michael Gervais, le FOPO est décrit comme un mécanisme inconscient profondément enraciné dans notre cerveau. Dans son ouvrage La première règle de la maîtrise : cessez de vous inquiéter de ce que les gens pensent de vous, il explique que cette peur maladive du jugement remonte à des millénaires. À l’époque préhistorique, l'exclusion sociale équivalait souvent à un danger de mort : être rejeté de sa tribu signifiait ne plus avoir accès à la sécurité, à la nourriture ou à la reproduction.
Notre besoin d’être accepté par les autres, de plaire à tout prix, serait donc hérité de réflexes de survie millénaires. Mais dans le monde moderne, ce réflexe s'est transformé en une obsession insidieuse du regard social, souvent amplifiée par… les réseaux sociaux.
Comment le FOPO agit sur notre comportement
Michael Gervais identifie trois phases caractéristiques du FOPO :
-
La phase anticipatoire : elle commence avant même d’entrer en interaction. On redoute une fête, une réunion ou une rencontre, par peur de mal faire ou de ne pas être à la hauteur.
-
La phase de vérification : une fois dans l’interaction, on scanne en permanence le comportement des autres. On cherche à interpréter les signes : un visage fermé, un silence un peu long, un message sans emoji… tout devient source d’angoisse.
-
La phase de réponse : c’est le moment où, inconsciemment, on modifie son comportement pour se conformer à ce qu’on pense que l’autre attend. On fait semblant, on s’adapte, on se tait. Et peu à peu, on s’éloigne de soi-même.
Ce processus est non seulement épuisant émotionnellement, mais il peut aussi nuire à notre estime personnelle, à notre confiance et à nos relations.
Les réseaux sociaux, catalyseurs du FOPO
Dans une société où chaque opinion peut être likée, partagée, commentée ou critiquée en public, il devient très difficile d’y échapper. Selon la thérapeute américaine Aparna Sagaram, les réseaux sociaux exacerbent le FOPO : nous cherchons la validation via des likes, des abonnements, des émojis... et la moindre absence de retour peut déclencher une spirale d’anxiété.
Les applications comme Instagram, TikTok ou même WhatsApp contribuent à normaliser l’idée que notre valeur dépend du regard extérieur, et créent des situations où nous éditons notre personnalité en fonction de l’image que nous voulons renvoyer.
Lire aussi : 10 petites actions pour booster votre confiance en soi chaque jour
Le FOPO, un frein à l’authenticité
Ce syndrome n’est pas seulement une source de malaise passager. Lorsqu’il est bien installé, le FOPO peut profondément altérer notre façon de vivre. On n’ose plus dire ce qu’on pense, on craint le désaccord, on évite les situations sociales, on minimise ses désirs. Pire encore : on devient spectateur de sa propre vie, à force de vouloir répondre à ce que l’on imagine être les attentes des autres.
Cela peut se manifester à travers :
-
une incapacité à dire non,
-
des changements de comportement selon les personnes,
-
une peur de prendre la parole en public,
-
un besoin de se fondre dans la masse.
Lire aussi : LA chose à comprendre pour avoir vraiment confiance en soi
Comment sortir de ce cercle vicieux ?
La première étape, selon les experts, est de reconnaître qu’on est concerné. Ce n’est pas un échec personnel, mais un réflexe psychologique naturel que l’on peut apprendre à désamorcer.
Ensuite, il est possible de travailler, pas à pas, sur :
-
l’acceptation de soi, même dans l’imperfection ;
-
la mise en place de limites saines : dire non, affirmer ses besoins, prendre le risque du désaccord ;
-
la réduction du temps passé sur les réseaux sociaux, ou en tout cas une utilisation plus consciente ;
-
le travail de pleine conscience ou les thérapies comportementales, qui peuvent aider à se recentrer sur l’instant présent sans anticiper le jugement.
Enfin, un des outils les plus puissants est tout simplement de se confronter progressivement à ces situations qu’on évite. Oser exprimer une opinion, même si elle est impopulaire. Porter ce qu’on a vraiment envie de porter. Refuser une invitation sans culpabiliser.
Lire aussi : Voici l'âge auquel vous serez le plus heureux et le plus épanoui dans votre vie
En résumé
Le FOPO touche bien plus de gens qu’on ne l’imagine. Et même s’il est souvent invisible, ses effets sur le bien-être, la confiance en soi et les relations sociales peuvent être considérables. À une époque où l’image que l’on renvoie est devenue presque aussi importante que ce que l’on est, apprendre à se libérer du regard des autres est plus que jamais un acte de survie intérieure.
Car comme le rappelle Michael Gervais dans son ouvrage,
« La seule opinion qui compte vraiment, c’est la vôtre. »
Découvrez maintenant pourquoi les gens qui ont trop d'amis ont moins confiance en eux et sont plus angoissés et 8 signes qui montrent que vous n'avez pas assez confiance en vous.
Lire aussi : Se libérer du miroir : un guide précieux pour en finir avec le jugement du reflet