Telle n'est pas la question. En effet, chacun agit en son âme et conscience. Non pas tant que je m’intéresse à votre appétence gustative pour la chose, de gustibus non disputandum (huhuhu) et comme Samantha Jones nous pouvons toutes tomber un jour sur un homme dont la substance séminative ressemble à une soupe d’asperges moisies au Monsieur Propre.
Je ne jette la pierre à personne, chacun s'adapte avec la résistance de son estomac ; mais je constate, après une enquête exclusive menée sous le haut patronage spirituel de Bernard de la Villardière, qu’un déséquilibre statistique existe : 90% des femmes n’avalent pas, 90% des hommes veulent qu’on avale. C’est ballot.
Oui oui messieurs, récriez-vous ! Dans mon entourage, un seul courageux m’a avoué qu’il détestait ça parce que c’était dégueu, mais en même temps il a viré de chez lui une fille qui péta une fois pendant l’action – ça s’appelle un hygiéniste forcené ou je ne m’y connais pas.
Les autres m’ont dit « mais noooooon c’est pas important pour moi ». LOUCHE. TRES LOUCHE. 90% je vous dis.
Excursus. Attention, chères amies, si vous faites partie des bienheureux 10%, ne criez pas victoire : ne croyez surtout pas qu’il faille s’en vanter par la parole pour pécho du keum ; non, car les hommes couchent avec les put**ns, et épousent les mamans. C’est bien triste mais c’est comme ça. Et après c’est nous les tordues. Bref, en mode drague, parlez restauration plutôt que fellation.
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Ceci posé, tentons de répondre à l’interrogation philosophique qui se dégage de ces affligeantes statistiques. Pourquoi l’être masculin a-t-il besoin de se faire ingurgiter le germe liquide à la fin d’un échange buccal ?
Personnellement, ayant tendance à être assez pessimiste sur le genre humain, je me jetterais naturellement sur la théorie de la domination comme la vérole sur le bas-clergé : il me paraît assez évident que le mâle kiffe grave de voir la meuf s’étouffer à moitié de sa substance dans la gorge tandis qu’il lui arrache la moitié de la chevelure en lui tordant le cou et la surplombe de toute sa hauteur.
Après quelques discussions avec des amis moins nihilistes que moi (en ce moment je suis assez proche de Schopenhauer, un homme particulièrement gai) je vous soumets quelques autres interprétations possibles, mais je suis sceptique. Très sceptique.
D’abord, la théorie de la complétude. L’avalage serait la pénétration ultime dans tout le corps, l’homme ne se sentant complet que lorsque son exploration du corps de l’autre est complète. L’homme, confronté à son incomplétude fondamentale, cherche à atteindre la totalité en remplissant l’autre par tous les trous. Ouais. Je vois quand même pas trop quelle différence ça fait si on crache, mais bon pourquoi pas. Et tant qu'à faire, autant gonfler des ballons.
Cela dit j’imagine que ça ne doit pas être facile psychologiquement de projeter sa capacité reproductrice hors de soi-même ; quelque part il est triste, c’est vrai, de penser à la mort de tous ces petits spermatozoïdes dans le siphon du lavabo, soumis à l’impitoyable loi des tuyaux. En même temps, penser à leur sort dans notre tube digestif n’est pas extrêmement réjouissant non plus. M’enfin.
On pourrait donc imaginer la théorie de l’offrande au corps de la femme, ce divin temple de la reproduction. Je n’épilogue pas sur la vision de la femme que sous-tend cette théorie ; je me contenterai de vous rappeler que nous avons aussi un cerveau et des sphincters (ça y est, je viens de perdre toute chance de « me faire draguer comme jamais » comme me le prédit mon horoscope du mois).
En tout cas, les mecs, une fois pour toute, non la fécondation par fellation ça ne marche pas.
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L’hygiène et le confort ensuite. Argument que je veux bien entendre : qui a envie de nettoyer son lavabo sans cesse ? C’est que ça colle, c’est visqueux cette chose-là ! En outre, n’oublions pas que si vous vous dégagez d’un geste brusque le liquide peut se répandre sur vos cheveux, et là bon courage. Bref, c’est vrai, avalé c’est nettoyé, on n’en parle plus. La femme, cet aspirateur à sperme, en quelque sorte.
L’amouuuuuuuuuur enfin. Mouahaha. Bon. Je recense, je ne juge pas. Bref, le mâle se sentirait aimé quand on avale. Ouais ouais ouais. Bon après c’est peut-être aussi dû au fait que la plupart des femelles à qui j’ai posé la question ont cette coquetterie d’avaler par amour. Je vous demande un peu. On est loin du « Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir » de Corneille. Mais il n’y a pas de petite preuve d’amour, à ce qu’on dit.
Bref, on va dire que j’ai pas d’avis. Pour une fois. Je laisse la question ouverte à vos esprits éclairés.
« Tout est chaos
A côté
Tous mes idéaux : des mots
Abîmés...
Je cherche une âme, qui
Pourra m'aider
Je suis
D'une génération désenchantée, désenchantée »
Heureusement qu’il y a Mylène Farmer. Elle a tout compris. Optimisme, enthousiasme, joie de vivre !