Vendredi midi, je sors d'une réunion pendant laquelle je devais intervenir et présenter un dossier contre ma volonté, je le précise !
J'ai préparé cette intervention pendant toute la journée de la veille : pré-réunion, plans, tableau. J'avais essayé de penser au moindre détail (tout en étant persuadée au plus profond de moi-même que vue la longueur de l'ordre du jour, mon passage serait zappé). C'était sans compter sur la poisse qui m'accompagne parfois....
Le patron a chamboulé l'ordre et m'a fait passer en premier, voilà ! J'ai bien essayé de lancer des regards désespérés vers mes collègues pour voir s'il n'y avait pas moyen d'échapper à la corvée, mais je n'ai reçu aucune aide en retour, rien, le vide ! Alors, je me suis levée, j'ai distribué mes plans et tableaux et j'ai commencé à parler sans regarder les notes que j'avais pourtant soigneusement préparées.
Je ne me suis pas rendue compte tout de suite que mon coeur battait la chamade mais je me suis vite aperçue que j'étais complètement essouflée, comme si j'étais en train d'escalader une montagne. J'étais comme dans un état second, incapable de reprendre mon souffle... J'ai beaucoup de mal avec la prise de parole en public ; la timidité, qui a gâché mes jeunes années, refait alors surface, sans crier gare.
Je me revois des années plus tôt me présenter à la chambre de commerce pour passer un test afin d'être sélectionnée pour une remise à niveau d'anglais. On me fait attendre sur une chaise et plus j'attends, plus je me liquéfie (au sens propre comme au sens figuré). Tant et si bien que lorsque l'on m'appelle, je suis incapable d'aligner un seul mot dans la langue de Shakespeare. Et la dame de me dire : "Comment voulez-vous que je vous évalue si vous ne dites pas un mot?", bah oui, je sais bien...
Je suis repartie comme j'étais venue et je n'ai jamais suivi de cours d'anglais à la chambre de commerce. Je me revois aussi pendant l'épreuve du permis de conduire que j'ai fini par décrocher au quatrième coup vue la fâcheuse habitude que j'avais de faire erreur sur erreur dès l'installation de l'inspecteur à mes côtés.
On s'imagine prendre de l'assurance en vieillissant et je ne nierais pas avoir beaucoup évolué mais je crois que ce travail de lutte contre sa timidité, contre son manque d'estime de soi est un travail de toute une vie. Il n'y a aucune guérison, tout au plus des rémissions de temps à autre mais dès que tu lui fournis matière, elle ne tarde pas à réapparaître avec autant de fougue que par le passé...
Et toi, tu connais ça, la timidité, la perte de ses moyens, le manque de confiance en soi ?