C’est une réforme qui fait grand bruit en Grèce. Le jeudi 16 octobre 2025, le Parlement grec a adopté un projet de loi autorisant les salariés du secteur privé à travailler jusqu’à 13 heures par jour, sur la base du volontariat et dans la limite de 37 jours par an.
Une mesure que le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis présente comme un moyen de moderniser le marché du travail et de lutter contre le travail non déclaré. Mais pour une grande partie de la population, cette loi marque une régression sociale sans précédent.
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Une réforme qui divise profondément la Grèce
Depuis plusieurs années, la Grèce cherche à consolider son redressement économique après la crise financière de 2015, qui avait laissé le pays exsangue. Mais alors que la croissance revient timidement et que le chômage baisse lentement, les salaires restent faibles et le pouvoir d’achat des Grecs demeure fragile.
C’est dans ce contexte que le gouvernement conservateur a fait voter une nouvelle loi sur le temps de travail, autorisant, sous conditions, des journées de jusqu’à 13 heures. En clair, un salarié pourra travailler au-delà des 8 heures légales, jusqu’à 5 heures supplémentaires par jour, à condition que cela soit volontaire et validé par l’employeur. En échange, il percevra une prime d’environ 40 % sur ces heures additionnelles.
Pour le gouvernement, cette mesure est avant tout une réponse pragmatique à la demande croissante de flexibilité, notamment dans des secteurs saisonniers comme le tourisme ou la restauration, qui connaissent des pics d’activité ponctuels.
“Il existe des travailleurs qui demandent à travailler davantage d’heures, notamment dans le secteur du tourisme”, a défendu Niki Kerameus, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, devant le Parlement.
Mais pour beaucoup, cette réforme n’a rien de moderne. Elle est perçue comme un retour en arrière, une dérégulation brutale qui risque d’accentuer la précarité et l’épuisement des travailleurs.
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“Un véritable Moyen Âge du travail”
Dans les rues d’Athènes et de Thessalonique, les protestations n’ont pas tardé à éclater. Des milliers de manifestants ont défilé les 1er et 14 octobre pour dénoncer une réforme jugée “inhumaine”. Banderoles en main, les syndicats ont fustigé une “monstruosité législative”, selon les mots du principal parti d’opposition, Syriza, qui a refusé de participer au vote.
“La journée de 13 heures n'est pas venue de nulle part. C’est le nouveau maillon d’une chaîne de démantèlement méthodique des droits des travailleurs”, a dénoncé Nikos Androulakis, dirigeant du Pasok, parti de centre-gauche.
Certains vont même plus loin, comparant cette réforme à un “retour au Moyen Âge du travail”. Pour eux, il s’agit d’un moyen déguisé de contourner la législation européenne sur les heures de travail et d’imposer une hyperflexibilité qui ne profitera qu’aux grandes entreprises.
“Je trouve cela absurde. C’est trop épuisant pour des gens de travailler 13 heures. Je pense que même 8 heures, c’est déjà trop”, s’indigne Laoura Samiou, retraitée de l’autorité statistique hellénique, interrogée par l’AFP.
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Des arguments économiques mis en avant par le gouvernement
Le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis, élu sur une promesse de compétitivité et de réformes structurelles, assume pleinement sa décision. Selon lui, la loi ne vise pas à exploiter davantage les travailleurs, mais à offrir plus de flexibilité et à régulariser des pratiques déjà existantes.
En effet, dans certains secteurs, de nombreux employés cumulent plusieurs emplois pour augmenter leurs revenus, travaillant déjà bien au-delà des 8 heures légales, souvent sans déclaration. La nouvelle loi permettrait donc de rendre légales ces situations, tout en assurant une rémunération officielle et des cotisations sociales supplémentaires.
Les autorités mettent également en avant la volonté de redynamiser l’économie et de stimuler la productivité, alors que la Grèce reste l’un des pays européens où les coûts salariaux sont les plus faibles.
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Les travailleurs grecs déjà parmi les plus exposés d’Europe
Mais ces justifications peinent à convaincre. Car les chiffres montrent que les Grecs travaillent déjà plus que la moyenne européenne. Selon Eurostat, 20,9 % des salariés âgés de 20 à 64 ans effectuent plus de 45 heures par semaine, contre 10,8 % dans l’ensemble de l’Union européenne.
Cette nouvelle réforme risque donc d’accentuer un déséquilibre déjà flagrant, dans un pays où les conditions de travail sont souvent dures, notamment dans les métiers physiques et saisonniers. Beaucoup craignent aussi que la pression sociale et économique pousse les employés à accepter des journées allongées, même si le dispositif est officiellement “volontaire”.
“Ceux qui veulent travailler davantage, notamment les saisonniers, pourront en bénéficier”, estime toutefois Nikos Costas, employé du secteur hôtelier.
Un avis partagé par une minorité de travailleurs qui voient dans cette loi une opportunité d’augmenter leurs revenus, surtout dans un pays où le salaire minimum reste bas et le coût de la vie élevé.
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Une réforme symbole d’une fracture sociale
La polémique dépasse largement la question du temps de travail. En réalité, elle met en lumière une fracture profonde entre une classe politique prônant la compétitivité à tout prix, et une population encore marquée par des années d’austérité.
Depuis la crise de la dette, la Grèce a subi des réformes drastiques imposées par ses créanciers : coupes budgétaires, baisses de salaires, réduction des retraites. Si le pays affiche aujourd’hui une croissance modérée, les inégalités sociales n’ont cessé de se creuser.
Cette nouvelle loi apparaît donc, pour beaucoup, comme le symbole d’un pays qui se relève, mais au détriment de ses travailleurs.
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Une mesure qui pourrait inspirer… ou inquiéter l’Europe
Alors que plusieurs pays européens débattent actuellement de la réduction du temps de travail — notamment en Espagne, en France et au Royaume-Uni —, la Grèce prend le contre-pied avec cette réforme. Si Athènes y voit un modèle de “modernisation flexible”, Bruxelles pourrait au contraire s’inquiéter d’une dérégulation à rebours.
Certains économistes redoutent que cette loi crée un précédent dangereux, ouvrant la voie à une remise en cause des acquis sociaux dans d’autres pays confrontés à la stagnation économique.
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En résumé
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La Grèce a adopté le 16 octobre 2025 une loi autorisant des journées de travail de 13 heures, sur la base du volontariat, pour 37 jours par an.
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Le gouvernement Mitsotakis justifie cette mesure par la nécessité de régulariser le travail non déclaré et d’accroître la flexibilité.
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L’opposition et les syndicats dénoncent une “monstruosité législative”, un retour en arrière social et une dérégulation du travail.
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Le pays reste déjà l’un des plus travailleurs d’Europe, avec plus d’un salarié sur cinq dépassant les 45 heures hebdomadaires.
Entre modernisation économique et risque de surmenage, la réforme grecque du travail de 13 heures par jour divise, inquiète et interroge sur ce que signifie, en 2025, “travailler plus pour vivre mieux”.
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