La rentrée sociale s’annonce sous le signe de l’originalité. À l’initiative de plusieurs collectifs hérités du mouvement des gilets jaunes, un appel circule depuis cet été : le 10 septembre, les Français sont invités à laisser leur carte bancaire au placard pour privilégier les paiements en espèces.
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Derrière ce mot d’ordre atypique, baptisé « au cash citoyen », se cache une volonté d’innover dans les formes de contestation et d’instaurer un rapport de force inédit avec le gouvernement et le système bancaire.
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Un mot d’ordre né au sein des gilets jaunes
Depuis 2018, le mouvement des gilets jaunes s’est illustré par des actions multiples : blocages de ronds-points, manifestations hebdomadaires, opérations de péage gratuit… Mais au fil du temps, la lassitude et l’essoufflement ont gagné les rangs des contestataires. Pour cette rentrée, certains collectifs ont donc décidé de miser sur une action jugée « simple, pacifique, radicale et atypique » : la grève de la carte bancaire.
Le groupe « Opérations spéciales », particulièrement impliqué dans l’organisation de cette mobilisation, insiste sur le caractère accessible de l’initiative : nul besoin de se déplacer, de manifester ou de risquer des affrontements. Chacun peut participer en choisissant de payer en liquide ses achats du jour.
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Une action atypique dans le paysage social français
En France, les mouvements sociaux suivent souvent un rituel bien établi : manifestations encadrées, grèves professionnelles, blocages ponctuels. Cette fois, les organisateurs veulent rompre avec cette routine. L’objectif est d’étonner, voire d’inquiéter, en s’attaquant au cœur du système financier.
Comme l’explique Federico Tarragoni, sociologue spécialiste des populismes, cette initiative vise à contrer ce qu’il appelle « l’indifférence programmée » du pouvoir face aux mobilisations traditionnelles. Selon lui, le gouvernement aurait appris à absorber les grèves et les cortèges comme des phénomènes routiniers, sans véritablement céder à la pression. Changer de terrain, en visant le système bancaire, permettrait donc de réintroduire un effet de surprise.
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« Au cash citoyen » : le symbole derrière le billet
Pour les promoteurs de cette action, le recours aux espèces n’est pas anodin. Il s’agit d’une manière de contester la numérisation croissante des transactions, perçue comme une perte de liberté et un outil de contrôle. Derrière le slogan « au cash citoyen », il y a l’idée que l’argent liquide reste un espace de résistance, moins traçable, plus indépendant.
En appelant les Français à délaisser leur carte bancaire, même une seule journée, les collectifs espèrent envoyer un message fort : sans clients qui consomment par carte, le système bancaire verrait sa dépendance au numérique fragilisée, ne serait-ce que symboliquement.
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Des chances de succès limitées
Reste que, dans les faits, l’impact concret d’une telle action est incertain. Les paiements en espèces ne représentent déjà plus qu’une minorité des transactions quotidiennes. En France, comme dans le reste de l’Europe, la carte bancaire s’est imposée comme le mode de règlement dominant, notamment depuis la généralisation du paiement sans contact. De plus, les banques enregistrent les transactions globalement et sur de longues durées : une baisse ponctuelle sur une seule journée serait difficile à mesurer et n’entraînerait pas d’effet financier significatif. Les chances que le boycott du 10 septembre crée un véritable choc économique paraissent donc limitées.
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Un enjeu avant tout politique et symbolique
Mais pour les organisateurs, l’essentiel est ailleurs. Le boycott de la carte bancaire ne vise pas tant à affaiblir les banques qu’à démontrer la capacité des citoyens à s’unir autour d’un geste commun, aussi modeste soit-il. Dans une société où les mobilisations sociales sont souvent fragmentées, parvenir à fédérer autour d’un mot d’ordre atypique constituerait déjà une victoire.
Il s’agit également de rappeler que le rapport de force peut s’exercer sur d’autres terrains que celui des manifestations de rue. En choisissant d’agir sur le quotidien – celui du geste banal de payer ses courses – les initiateurs espèrent toucher un public plus large, y compris des citoyens qui ne se sentent pas forcément concernés par les grèves ou les cortèges.
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Un test pour le mouvement « bloquons tout »
L’appel du 10 septembre s’inscrit dans un contexte plus large : celui du mouvement « Bloquons tout », qui rassemble divers collectifs contestataires depuis l’été. Si la grève de la carte bancaire constitue la première action commune, d’autres formes de mobilisation pourraient suivre. Les organisateurs parlent déjà de blocages économiques ou de nouvelles journées de protestation coordonnées.
Ce 10 septembre servira donc de test : si l’appel au cash citoyen trouve un écho suffisant, il donnera de la crédibilité à ce mouvement encore naissant. Dans le cas contraire, il risque d’être perçu comme une initiative marginale, incapable de susciter une véritable dynamique.
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Un écho international ?
Enfin, certains observateurs notent que cette action s’inscrit dans une tendance plus large. Dans plusieurs pays européens, des mouvements citoyens ont déjà défendu l’usage des espèces face à la montée des paiements numériques. En Allemagne ou en Autriche, par exemple, des campagnes ont mis en avant la liberté associée à l’argent liquide et la méfiance vis-à-vis du contrôle bancaire.
En France, l’initiative du 10 septembre pourrait donc s’inscrire dans ce courant, tout en portant la marque spécifique des gilets jaunes : une contestation spontanée, horizontale, qui cherche à perturber les codes traditionnels du militantisme.
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En résumé
Le 10 septembre, les Français sont invités à boycotter leur carte bancaire et à privilégier le paiement en espèces, à l’appel de collectifs héritiers des gilets jaunes. Derrière ce geste symbolique se cache la volonté de créer un rapport de force inédit face au gouvernement et au système bancaire.
Si les chances de succès concret apparaissent limitées, l’enjeu est surtout politique : démontrer qu’il existe des formes de contestation nouvelles, capables de surprendre le pouvoir et de fédérer les citoyens. Une journée qui, selon son écho, pourrait marquer le début d’un cycle de mobilisations atypiques.
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