Culture

Canicule : ce que vous devez savoir sur le droit de retrait des enseignants

30 juin 2025 - 10 : 28
par Clémence Face à la canicule, les enseignants peuvent exercer leur droit de retrait. Voici ce que dit la loi et comment cela s’organise concrètement dans les écoles.

La canicule s’intensifie en France, et avec elle, la tension monte dans les établissements scolaires où les températures frôlent parfois les 40 °C en salle de classe. Alors que plusieurs villes, comme Tours, ont pris la décision de fermer leurs écoles en ce début de semaine, une question cruciale se pose : les enseignants peuvent-ils exercer leur droit de retrait face à la chaleur extrême ? La réponse est oui, sous certaines conditions précises. Voici ce qu’il faut savoir.

Canicule : ce que vous devez savoir sur le droit de retrait des enseignants

Une vague de chaleur qui met les écoles sous pression

Cette semaine pourrait être marquée par l’une des journées les plus chaudes jamais enregistrées en France, selon Météo-France. Une situation qui pose un problème sanitaire majeur dans les écoles, souvent mal isolées, sans rideaux, ni climatisation, et où les élèves comme les enseignants subissent une chaleur intense, parfois insoutenable. Certaines directrices d’école alertent sur des températures relevées à 35 °C voire 40 °C à l’intérieur de certaines salles.

Face à cette réalité, le ministère de l’Éducation nationale a conseillé aux parents, lorsqu’ils en ont la possibilité, de garder leurs enfants à la maison pour éviter les risques liés à l’exposition prolongée à la chaleur.

Le droit de retrait, un recours légal pour les enseignants

Pour les enseignants, la législation prévoit un dispositif de protection en cas de conditions de travail jugées dangereuses. Il s’agit du droit de retrait, qui peut être exercé lorsqu’un danger grave et imminent menace la santé ou la sécurité du salarié.

Dans le cadre d’une canicule intense, ce droit s’applique dès lors que les températures dans les classes dépassent un seuil jugé critique, et que les conditions d’enseignement deviennent risquées pour les personnels comme pour les élèves. Pour activer ce droit, les enseignants doivent remplir un document appelé "Registre de Danger Grave et Imminent", communément abrégé en RDGI.

Comment s’organise concrètement ce droit de retrait ?

L’exercice du droit de retrait ne s’improvise pas. Il obéit à une procédure précise, établie par le Code du travail et adaptée au secteur de la fonction publique. Voici les grandes étapes à suivre, selon les syndicats enseignants :

  1. Dès le lundi 30 juin, l’enseignant concerné doit remplir un premier Registre de Danger Grave et Imminent, document officiel dans lequel il décrit précisément les conditions mettant en danger sa santé. Il peut y joindre des preuves concrètes, comme une photo d’un thermomètre, ou la description de fenêtres sans stores, d’absence de ventilation, etc.

  2. Ce registre est transmis à l’académie de rattachement, et une copie peut être conservée dans l’établissement.

  3. Si les conditions restent identiques le lendemain, un deuxième RDGI est rédigé et renvoyé à la direction académique, afin de documenter la persistance du risque.

  4. En parallèle, les parents d’élèves sont informés, souvent via une affiche apposée sur les grilles de l’école, mentionnant que "Aucun élève ne sera accepté à l’école mardi à cause de la canicule".

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Le droit de retrait n’est pas un jour d’absence

Il est important de rappeler que le droit de retrait n’est pas un congé, ni un moyen de quitter son poste. Même en cas de retrait, les enseignants doivent rester dans leur école, dans un lieu plus tempéré que leur salle de classe, comme une salle des maîtres équipée de ventilateurs.

Ils ne sont pas autorisés à rentrer chez eux, sauf consigne expresse de l’inspection. Leur présence sur site est obligatoire, en attente des décisions éventuelles de la hiérarchie académique, qui peut proposer un aménagement temporaire, une fermeture partielle ou d’autres solutions adaptées à la situation.

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Des écoles fermées de manière préventive

Certaines municipalités ont anticipé ces difficultés en prenant la décision de fermer totalement les écoles, comme cela a été fait à Tours. Dans ces cas, la mesure est administrative, prise en lien avec les autorités préfectorales ou l’inspection académique, généralement lorsque la sécurité des enfants ne peut plus être garantie.

Cette stratégie permet d’éviter la mise en danger, tout en soulageant les enseignants de la nécessité de remplir les démarches liées au droit de retrait. Mais elle n’est pas encore généralisée : dans la majorité des cas, ce sont les enseignants eux-mêmes qui doivent initier la procédure.

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Une question de santé publique… et de reconnaissance

Au-delà des démarches administratives, cette vague de chaleur interroge plus largement sur les conditions de travail dans les écoles françaises, et l’absence d’adaptation des bâtiments au changement climatique. Car ces épisodes extrêmes, autrefois exceptionnels, deviennent de plus en plus fréquents.

Beaucoup d’enseignants dénoncent un manque criant de moyens pour faire face à ces canicules, et appellent à une réflexion urgente sur l’isolation des bâtiments scolaires, l’installation de protections solaires, de ventilateurs ou de climatisations.

En résumé, le droit de retrait est un outil légal à la disposition des enseignants en cas de canicule, mais son usage demande rigueur, preuves et communication avec l’administration. Il ne permet pas de quitter l’établissement, mais il peut servir de levier pour alerter sur des conditions de travail intenables.

Et s’il peut sembler contraignant dans sa forme, il est surtout le reflet d’une réalité préoccupante : les écoles, dans leur état actuel, ne sont pas prêtes à affronter les chaleurs extrêmes de plus en plus courantes. Un enjeu qui, lui, ne peut plus être mis entre parenthèses.

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Clémence
Je fais partie de la rédac' SBG, et j'aime écrire, sortir, m'amuser, manger (très important, ça aussi !) et partager. Je vous propose donc régulièrement de découvrir mes derniers coups de <3.