La canicule historique qui frappe actuellement la France n’est pas seulement synonyme de températures record. Elle mobilise l’ensemble des autorités publiques, ministères, entreprises, établissements scolaires et services de secours, tant la situation devient critique. Alors que 84 départements sont désormais en vigilance orange, la ministre du Travail Catherine Vautrin a rappelé fermement les obligations des employeurs face à la chaleur, tandis que l’Éducation nationale adapte ses consignes dans les écoles, et que plusieurs feux majeurs se sont déclenchés dans le sud du pays.
Une Cellule Interministérielle de Crise s’est réunie dimanche soir pour coordonner la réponse à cette vague de chaleur, l’une des plus intenses et longues jamais enregistrées en juin.
Un nouveau décret impose aux entreprises des mesures concrètes
À la veille de la semaine la plus chaude de l’année, la ministre du Travail a rappelé dimanche soir sur BFMTV qu’un nouveau décret, entré en vigueur ce mardi 2 juillet, vient renforcer les obligations des entreprises en matière de prévention des risques liés aux fortes chaleurs. Ce décret s’applique dès les seuils de vigilance jaune de Météo-France, et plus encore en vigilance orange et rouge.
Les employeurs ont désormais l’obligation de réévaluer l’organisation du travail dès lors qu’un risque est identifié. Cela passe par :
– l’adaptation des horaires,
– la suspension des tâches les plus pénibles durant les heures les plus chaudes,
– l’augmentation des périodes de repos,
– l’aménagement des postes de travail (protection contre le rayonnement solaire, ventilation, brumisation…).
En parallèle, la mise à disposition d’eau fraîche devient plus stricte : au moins trois litres par jour et par salarié, et ce, de façon garantie et continue. Des équipements adaptés doivent également être fournis pour réduire l’exposition au soleil.
La ministre insiste : « Ce n’est pas possible d’être exposé à 40 degrés sur un toit à midi. C’est une évidence, mais cela doit devenir une norme encadrée. » En 2024, sept décès professionnels potentiellement liés à la chaleur avaient été recensés, principalement dans le BTP et l’agriculture. L’enjeu est donc vital.
À l’école, des aménagements exceptionnels envisagés
La dernière semaine de l’année scolaire coïncide avec le pic caniculaire. Le ministère de l’Éducation nationale a donc rappelé les mesures à suivre dans les établissements, notamment en vue des oraux du bac et de l’accueil des élèves en maternelle et primaire.
Les écoles doivent adapter l’usage des locaux en fonction de l’exposition au soleil, prioriser les espaces les plus frais, limiter les activités physiques, et garantir un accès à l’eau potable. En cas de vigilance rouge, les préfets auront la possibilité d’ordonner la fermeture temporaire des établissements scolaires, une décision déjà envisagée localement par certaines mairies.
Les parents peuvent également garder leurs enfants à domicile, sans pénalité, si les conditions deviennent trop extrêmes.
Une vague de chaleur aux proportions inédites
La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a rappelé que jamais auparavant 84 départements n’avaient été placés en vigilance orange pour canicule. Le précédent record datait de juillet 2019 avec 81 départements concernés.
La France subit actuellement sa 50e vague de chaleur nationale depuis 1947, dont 33 rien que sur ce siècle. Depuis le 19 juin, les températures flirtent avec les 40 °C dans le sud, et atteindront leur paroxysme mardi et mercredi, avec des minimales nocturnes de 24 °C dans certaines zones, et des maximales de 41 °C localement.
Grospierres, Vinsobres, Cadenet, autant de communes où les 40 °C ont déjà été dépassés, tandis que Nice, Rennes, Dijon franchissaient les 30 °C dès 16h ce dimanche. Seuls les bords de Manche bénéficient encore de températures plus clémentes, en dessous des 30 °C.
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La sécheresse aggrave le risque d’incendie
Parallèlement à la chaleur, la sécheresse des sols devient critique. 25 départements sont en vigilance sécheresse, dont 10 en alerte de crise, avec restrictions importantes sur l’usage de l’eau, notamment dans le sud-ouest et certaines zones du centre-nord comme le Loiret et l’Indre.
La combinaison de températures extrêmes, de vents modérés et de végétation sèche a déjà provoqué plusieurs incendies majeurs ce week-end. Le plus marquant s’est déclenché dans l’Aude, où un feu s’est propagé sur plus de 90 hectares, franchissant l’A61 et nécessitant l’évacuation d’un camping et de l’abbaye de Fontfroide. Un défaut de frein sur une remorque serait à l’origine de plusieurs départs de feu à Bizanet.
Plus de 150 pompiers ont été mobilisés, épaulés par des Canadair et des hélicoptères, dans une zone classée Natura 2000, difficile d’accès et particulièrement sensible.
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Une pollution de l’air en hausse
À ce contexte déjà tendu s’ajoute un nouveau risque : la pollution à l’ozone, en nette hausse dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, avec des concentrations qui pourraient s’étendre à l’Île-de-France dans les prochains jours. Un phénomène courant en période de forte chaleur, accentué par l’ensoleillement intense et la stagnation des masses d’air.
Les autorités sanitaires rappellent que les personnes fragiles (enfants, personnes âgées, malades chroniques) doivent éviter les efforts physiques, limiter les sorties, rester au frais et bien s’hydrater. Des plans canicule locaux ont été activés dans plusieurs communes pour renforcer l’accompagnement des publics vulnérables.
En résumé, la France traverse une séquence climatique exceptionnelle, à la fois par son intensité, sa durée et ses effets cumulatifs (santé, travail, éducation, feux, pollution). L’ensemble du gouvernement est mobilisé, les entreprises doivent appliquer les nouvelles obligations prévues par décret, les écoles s’organisent, et les services de secours sont sur tous les fronts.
Reste à espérer une accalmie rapide… même si, comme le rappellent les scientifiques, ces vagues de chaleur risquent de devenir la norme dans les années à venir. Le dérèglement climatique n’est plus un concept abstrait : il s’incarne jour après jour, température après température, au cœur de notre quotidien.
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