Après des mois de tensions autour de la réforme des retraites, une lueur d’espoir pourrait émerger pour des millions de femmes concernées par des pensions jugées injustement faibles. À l’issue du conclave social qui s’est tenu récemment, le gouvernement et les partenaires sociaux ont amorcé des pistes concrètes pour revaloriser la retraite des mères de famille, un sujet unanimement identifié comme prioritaire.
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Sans accord définitif à ce stade, les discussions ont toutefois permis d’ébaucher des propositions bien accueillies par les syndicats comme par le patronat. Et pour cause : les femmes perçoivent encore aujourd’hui des pensions en moyenne 38 % inférieures à celles des hommes. En jeu, une réforme potentiellement décisive sur le mode de calcul des droits à la retraite, notamment pour les femmes ayant eu des enfants.
Une réforme du calcul des meilleures années
Aujourd’hui, pour calculer une retraite dans le régime général, les services de l’État prennent en compte les 25 meilleures années de carrière. Une règle qui pénalise souvent les femmes, et particulièrement les mères, du fait de carrières plus hachées (temps partiel, congés parentaux, interruptions liées à la maternité).
Pour corriger cette injustice structurelle, les partenaires sociaux ont proposé une réduction du nombre d’années de référence pour les mères :
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24 années prises en compte pour les femmes ayant eu un enfant
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23 années pour celles ayant eu deux enfants ou plus
Ce changement, en apparence technique, pourrait avoir un impact très significatif sur le montant final des pensions. En concentrant le calcul sur un nombre réduit d’années, souvent les mieux rémunérées, on efface en partie les périodes plus creuses, souvent liées à l’éducation des enfants ou au travail à temps partiel.
Une meilleure prise en compte de la maternité dans la carrière longue
Autre mesure phare en discussion : la prise en compte plus favorable des trimestres liés à la maternité dans le cadre du dispositif « carrière longue ». Celui-ci permet aux assurés ayant commencé à travailler tôt de partir avant l’âge légal, à condition de réunir un certain nombre de trimestres cotisés.
Or, jusqu’à présent, les trimestres accordés pour la maternité n’étaient pas toujours comptabilisés comme des trimestres cotisés dans ce dispositif. Le gouvernement propose désormais que les mères puissent gagner deux trimestres supplémentaires pris en compte dans le calcul de la carrière longue. Cela permettrait à de nombreuses femmes de partir plus tôt à la retraite, malgré la réforme qui a repoussé l’âge légal de 62 à 64 ans.
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Une inégalité de longue date enfin reconnue
Ces annonces, encore à l’état de négociation, interviennent dans un contexte de forte mobilisation syndicale autour de la réforme des retraites. La question des femmes, et particulièrement des mères, a été largement soulevée depuis le début du processus législatif. Selon les données de la Drees, en 2022, les femmes percevaient une pension de droit direct en moyenne 38 % inférieure à celle des hommes, un écart qui atteignait même 50 % en 2004.
La réforme ayant repoussé l’âge légal de départ à 64 ans, nombreuses sont les femmes à avoir perdu le bénéfice des trimestres dits « bonifiés » à l’arrivée d’un enfant, qui leur permettaient jusque-là de partir un peu plus tôt. Ce déséquilibre est d’autant plus marquant que les mères de famille cumulent souvent plusieurs handicaps : interruptions de carrière, salaires inférieurs, moindres promotions et carrières raccourcies.
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Des positions divergentes sur le financement
Si l’intention semble partagée, reste la question de comment financer ces mesures. Le Medef a proposé une piste : supprimer la surcote parentale instaurée par la réforme Borne. Ce dispositif, prévu pour les parents ayant travaillé au-delà de l’âge légal, permet une majoration allant jusqu’à +5 % de la pension, à raison de 1,25 % par trimestre supplémentaire cotisé après 63 ans.
Pour le Medef, supprimer cette surcote permettrait de financer le coût des aménagements proposés pour les mères de famille. Une idée qui ne fait pas consensus.
La CFE-CGC, au contraire, propose non pas de supprimer cette surcote mais de l’élargir dès 62 ans, permettant d’atteindre une bonification potentielle de 10 %. Le syndicat estime que cette mesure inciterait davantage les actifs à prolonger leur carrière tout en offrant une reconnaissance concrète de l’effort parental.
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Un consensus en construction
Malgré ces divergences, la plupart des partenaires sociaux se disent favorables à une avancée rapide sur la question des mères de famille. Le représentant de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), Éric Chevée, a affirmé qu’un accord pouvait être trouvé « assez vite », tandis que la CFDT a rappelé que cette question figurait parmi ses toutes premières priorités.
Le gouvernement, de son côté, semble décidé à aller dans ce sens. Ce vendredi, la porte-parole Sophie Primas a déclaré espérer « un accord à la mi-juillet », soulignant la volonté de trouver un compromis rapide avant la fin de la session parlementaire d’été.
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Des mesures symboliques mais très attendues
Si ces propositions voient le jour, elles pourraient marquer un tournant important dans la politique des retraites en France, en reconnaissant enfin la spécificité des carrières féminines et le poids du travail invisible lié à la maternité.
Au-delà du gain concret pour les pensions, l’adoption de ces mesures serait aussi un signal politique fort, dans un contexte où les inégalités de genre restent criantes dans le monde professionnel.
Car malgré les progrès réalisés sur l’égalité salariale, les écarts de retraite demeurent considérables. En cause : une combinaison de facteurs cumulés tout au long de la vie professionnelle des femmes, entre plafond de verre, carrières interrompues, salaires moindres et temps partiel subi. Revoir les règles du calcul des pensions est donc une étape incontournable pour corriger ces déséquilibres.
En résumé
Les discussions autour de la réforme des retraites pourraient prochainement aboutir à une amélioration concrète pour les mères de famille. En réduisant le nombre d’années prises en compte pour le calcul des pensions et en valorisant mieux les trimestres liés à la maternité, l’objectif est clair : rendre les retraites plus justes pour les femmes.
Si des points de désaccord subsistent, notamment sur le financement, le gouvernement et les partenaires sociaux semblent déterminés à avancer rapidement. Un accord pourrait être trouvé d’ici la mi-juillet, apportant un début de réparation à une inégalité historique.
Une évolution attendue, espérée, et qui pourrait bien redonner un peu de crédit à une réforme largement contestée… à condition qu’elle se traduise par des mesures concrètes et durables.
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