Culture

Festival de Cannes 2025 : Leïla Bekhti, Javier Bardem et 380 artistes brisent le silence autour de Gaza dans une tribune bouleversante

13 mai 2025 - 11 : 12
par Clémence

À quelques heures de l’ouverture, un cri d’alerte venu du monde du cinéma

Ce mardi 13 mai 2025, alors que la Croisette se prépare à dérouler son tapis rouge pour la 78e édition du Festival de Cannes, un tout autre événement secoue le monde du cinéma. Une tribune engagée et poignante, signée par plus de 380 figures internationales de l’industrie, vient rappeler que derrière les flashs et les robes de gala, le monde reste traversé par des tragédies humaines majeures. Au cœur de cette prise de parole collective : la situation dramatique dans la bande de Gaza.

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Initiée par plusieurs personnalités du 7e art — parmi lesquelles Leïla Bekhti, Javier Bardem, David Cronenberg, Agnès Jaoui, ou encore Ruben Östlund —, cette lettre ouverte entend dénoncer ce que les signataires qualifient sans détour de “génocide en cours” à Gaza. Un geste rare, fort, et hautement symbolique dans un secteur souvent accusé de prudence excessive dès qu’il s’agit de sujets politiques sensibles.

Une tribune qui refuse l’indifférence

Le texte, cosigné par des cinéastes, actrices, acteurs, techniciens et producteurs de renom, se veut une réponse au silence perçu dans de nombreux cercles culturels et médiatiques sur la crise humanitaire qui frappe Gaza. Sans détour, les signataires déclarent :

“Nous artistes et acteur.ice.s de la culture, nous ne pouvons rester silencieux.se.s tandis qu’un génocide est en cours à Gaza.”

La tribune décrit les violences extrêmes, les pertes humaines massives, les destructions d’infrastructures vitales et l’asphyxie d’une population déjà fragilisée par des années de blocus. Pour ses auteurs, l’heure n’est plus à la nuance ou à la prudence, mais à une prise de position claire face à une tragédie que le monde ne peut plus ignorer.

Cette déclaration intervient à un moment particulièrement stratégique : la veille de l’ouverture du Festival de Cannes, événement culturel majeur mondialement suivi par la presse et les professionnels. En choisissant ce moment, les artistes espèrent faire résonner leur message au-delà des frontières du cinéma.

Une photographie comme symbole : Fatima Hassouna, hommage à une voix réduite au silence

La tribune rend un hommage explicite à Fatima Hassouna, photojournaliste palestinienne tuée lors d’un bombardement israélien en avril dernier. Cette jeune femme, dont le travail documentaire devait être mis en lumière à Cannes cette année, incarne à elle seule le drame que vivent les civils à Gaza. Le texte souligne que dix de ses proches, dont sa sœur enceinte, ont également péri dans cette frappe.

Son nom devient ici le visage de la tragédie, mais aussi celui de la résistance, du courage et de l’humanité. À travers cet hommage, les signataires insistent sur l’importance de l’image, du témoignage, et de la mémoire dans la construction d’un récit collectif — y compris au sein des grands festivals.

Un monde culturel accusé de frilosité

L’un des axes les plus forts de cette prise de parole réside dans la critique du silence de l’industrie culturelle elle-même. Les auteurs de la tribune pointent l’hypocrisie ou la prudence stratégique de nombreuses figures influentes du cinéma mondial, qui choisissent de ne pas se positionner sur ce conflit, de peur de perdre des opportunités, des financements ou des soutiens.

Cette “omerta culturelle”, selon les mots d’un des signataires relayés dans la presse, serait complice par omission. Dans un univers artistique où la liberté d’expression est pourtant au cœur de toutes les luttes, cette retenue est perçue comme une forme de renoncement moral.

Le texte rappelle que le cinéma est un art profondément humaniste, dont le rôle est aussi de porter la voix des sans-voix, de refléter les injustices, et de créer des ponts entre les peuples. Ne pas se positionner, dans ce contexte, revient selon eux à cautionner — volontairement ou non — l’indifférence face à la douleur d’un peuple.

Leïla Bekhti, voix discrète mais puissante

Parmi les signataires les plus visibles de cette tribune, le nom de Leïla Bekhti attire l’attention. L’actrice française, suivie par des centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux, est reconnue pour son engagement humanitaire discret mais constant. Depuis plusieurs mois, elle partage des témoignages, relaie des appels aux dons, et soutient les initiatives citoyennes pour la paix au Proche-Orient.

Pour elle, cet engagement n’est pas une posture. Dans une interview récente, elle affirmait que “les artistes ne peuvent pas rester spectateurs”. Elle défend l’idée d’un cinéma ancré dans la réalité, qui ne se limite pas à divertir mais qui interpelle, dérange, provoque une réflexion.

Cette prise de position est d’autant plus forte que l’actrice a souvent été qualifiée de “mesurée” ou de “discrète” dans ses engagements. En cosignant cette tribune, elle franchit un cap symbolique, assumant un discours clair et affirmé dans un climat où la parole est difficile.

Juliette Binoche : une signature effacée ?

Le cas de Juliette Binoche intrigue également. Présidente du jury de cette 78e édition du Festival de Cannes, elle faisait partie des premiers noms annoncés comme signataires du texte. Mais dans l’édition publiée par Libération, son nom n’apparaît pas dans la liste officielle des 34 figures mises en avant.

S’agit-il d’un retrait volontaire ? D’une omission ? Ou d’une volonté de ne pas associer la présidence du jury à une tribune potentiellement polémique, à la veille du plus grand festival de cinéma au monde ? Les raisons restent floues, mais le sujet fait déjà couler beaucoup d’encre.

Ce flou souligne à quel point la prise de position sur la question palestinienne demeure sensible, même au sein des cercles artistiques progressistes. Et cela renforce d’autant plus le courage des 380 autres signataires, qui ont accepté d’associer publiquement leur nom à un texte aussi tranché.

Javier Bardem : une constance dans l’engagement

Autre figure centrale de cette initiative : Javier Bardem. L’acteur espagnol, oscarisé et internationalement respecté, n’en est pas à son premier cri d’alerte sur la situation à Gaza. En 2014 déjà, il avait signé une lettre ouverte contre les bombardements israéliens, suscitant de vives réactions dans les médias espagnols et anglo-saxons.

Aujourd’hui, il persiste et signe, affirmant que le silence n’est plus tenable, surtout pour ceux qui ont une plateforme d’expression mondiale. Bardem est connu pour ne pas reculer face aux controverses, et pour défendre une vision du cinéma où l’éthique ne doit jamais être dissociée de l’esthétique.

Sa signature, comme celle du cinéaste David Cronenberg ou du double lauréat de la Palme d’or Ruben Östlund, ajoute du poids et de la crédibilité à la tribune. Elle montre que l’engagement ne vient pas seulement de jeunes artistes ou de figures marginales, mais aussi de grandes voix respectées du circuit international.

Un Festival de Cannes sous tension ?

Avec cette prise de position collective, la 78e édition du Festival de Cannes s’ouvre dans un climat de tension et de conscience politique. Si l’événement reste une célébration du cinéma dans sa diversité, il devient aussi, cette année, un espace de débat, d’indignation et de solidarité.

Il est possible que cette tribune donne lieu à des prises de parole sur le tapis rouge, dans les conférences de presse ou les interviews croisées. Certains craignent déjà des polémiques, d’autres espèrent au contraire une parole plus libre, plus audacieuse, à l’image des engagements des années 1968 ou plus récemment #MeToo.

La présence de films palestiniens, de documentaires sur le Proche-Orient ou de thématiques sociales fortes dans la sélection officielle pourrait renforcer cette dynamique. Le festival, souvent accusé d’aseptiser le politique, est cette année pris au cœur d’une mobilisation globale qui le dépasse.

Un acte fort, à l’impact incertain mais nécessaire

Cette tribune, au-delà de sa portée immédiate, s’inscrit dans un mouvement plus large : celui d’un cinéma qui refuse de détourner les yeux. À l’heure où le monde traverse des crises majeures — climatiques, humanitaires, politiques —, la place de la culture dans la société est interrogée comme rarement.

Doit-elle rester neutre, ou peut-elle — doit-elle — prendre parti, assumer un rôle actif dans la défense des droits humains ? Les signataires de ce texte ont tranché. Ils rappellent que le cinéma est un langage universel, et qu’il a le devoir d’amplifier les voix que l’on n’entend pas.

Ils savent aussi que leur parole ne fera pas l’unanimité. Mais c’est justement pour cela qu’elle est précieuse.

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Clémence
Je fais partie de la rédac' SBG, et j'aime écrire, sortir, m'amuser, manger (très important, ça aussi !) et partager. Je vous propose donc régulièrement de découvrir mes derniers coups de <3.