Geek

Starter Packs IA : pourquoi cette tendance virale suscite autant de critiques ?

17 avril 2025 - 12 : 05
par Mylène Les « starter packs » générés par intelligence artificielle envahissent les réseaux sociaux, mais derrière leur apparence ludique se cachent des enjeux environnementaux, éthiques et artistiques majeurs. Découvrez pourquoi cette tendance est vivement critiquée.​

Starter packs IA : analyse d'une tendance controversée

Qu'est-ce qu'un starter pack IA ?

Sur les réseaux sociaux, difficile de passer à côté des "starter packs" générés par intelligence artificielle. On vous avait expliqué il y a quelques jours comment créer sa figurine "Starter Pack" gratuitement avec ChatGPT en seulement quelques secondes.

Pourquoi les starter packs sont autant critiqués ?

Ces visuels reprennent l'apparence de boîtes de figurines en plastique, comme celles des jouets de notre enfance, dans lesquelles on retrouve des représentations de personnages publics ou de types de personnalités (comme "le hipster de Paris", "la prof d'anglais bienveillante", etc.) accompagnés de quelques objets emblématiques. En quelques secondes, grâce à des outils d'IA comme Midjourney ou DALL·E, il est désormais possible de créer des visuels drôles, nostalgiques ou satiriques qui captent immédiatement l'attention.

Le principe est simple : à partir d'une courte description textuelle, l'IA génère une image dans un style très reconnaissable, souvent inspiré des packagings des années 90 ou 2000. Cette esthétique rétro joue sur la corde sensible de la nostalgie collective, ce qui contribue largement à son succès. Certains créateurs se sont même spécialisés dans l’art du starter pack, partageant quotidiennement leurs créations sur Instagram, TikTok ou X (anciennement Twitter).

Mais si cette tendance semble inoffensive et amusante au premier abord, elle soulève en réalité de nombreuses interrogations, notamment sur son impact écologique, ses implications éthiques et la qualité des contenus produits.

Une popularité fulgurante sur les réseaux sociaux

Depuis début avril 2025, les starter packs générés par IA connaissent un engouement sans précédent. La facilité d'accès à ces outils de génération d'image et leur caractère ludique en font des contenus viraux par excellence. En quelques clics, n’importe qui peut créer et publier une image accrocheuse qui sera massivement partagée. L’effet boule de neige est immédiat, et de nombreux influenceurs ont adopté cette tendance pour fidéliser leur communauté.

Le phénomène est renforcé par les algorithmes des plateformes sociales, qui favorisent les visuels originaux et colorés. Le format du starter pack se prête parfaitement à ces critères : il attire l’œil, il est facilement compréhensible, et il déclenche des réactions émotionnelles. Entre rires, critiques ou identification, les internautes interagissent massivement avec ces contenus.

Mais ce succès rapide cache une face plus sombre : à mesure que la tendance grossit, elle entraîne une saturation des timelines et une standardisation des publications. À tel point que de nombreux internautes commencent à manifester une certaine lassitude, voire une irritation devant cette avalanche d’images qui finissent par toutes se ressembler.

Les critiques face aux starter packs IA

Un impact environnemental préoccupant

Derrière leur apparente légèreté, les starter packs IA posent un véritable problème écologique. La création de chaque image générée par intelligence artificielle nécessite une quantité significative de ressources. On parle ici de puissants serveurs informatiques qui consomment énormément d’électricité et utilisent de grandes quantités d’eau pour leur refroidissement. Si une image en soi peut sembler anodine, la multiplication de ces créations à l’échelle mondiale fait grimper la facture énergétique.

Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts, n’a pas hésité à qualifier cette pratique de "gouffre énergétique insensé". Pour elle, il est urgent de repenser l’usage de ces outils, surtout lorsqu’ils sont mobilisés pour des contenus purement récréatifs, sans réelle valeur ajoutée. Le fait que la consommation énergétique soit difficile à mesurer précisément ne fait qu’alimenter l’opacité et le flou autour de cette tendance.

Les défenseurs de l’environnement pointent également du doigt l’irresponsabilité de certaines entreprises technologiques qui ne communiquent pas clairement sur l’empreinte carbone de leurs modèles d’IA. Or, dans un contexte de crise climatique, chaque geste compte. Et si l’on peut comprendre l’usage ponctuel de l’IA pour des projets créatifs ou professionnels, son exploitation massive pour produire des visuels viraux et éphémères semble difficile à justifier.

Une menace pour les artistes et illustrateurs

L’autre grande critique formulée à l’encontre des starter packs IA concerne leur impact sur les métiers de l’illustration et du design graphique. Les artistes professionnels s’inquiètent de voir leur savoir-faire remplacé par des algorithmes capables de générer des images en quelques secondes. Là où un illustrateur mettrait plusieurs heures, voire plusieurs jours, à concevoir une image cohérente et originale, l’IA peut produire des dizaines de variantes en une minute.

Mais au-delà de cette rapidité, c’est surtout le mode de fonctionnement de l’IA qui pose problème. En effet, ces modèles sont entraînés à partir de millions d’images récupérées sur internet, souvent sans l’accord explicite de leurs créateurs. Résultat : certains artistes reconnaissent dans les visuels générés des éléments issus de leurs propres œuvres, utilisés sans autorisation ni rémunération.

Cette situation crée une tension croissante entre les développeurs d’IA et les communautés artistiques. Des initiatives voient le jour pour tenter de protéger les droits des illustrateurs, comme l’intégration de filigranes invisibles dans les œuvres originales, ou des bases de données d’exclusion. Mais pour l’instant, peu de solutions concrètes sont mises en œuvre à grande échelle.

À long terme, cette évolution pourrait affecter non seulement la valeur économique du travail artistique, mais aussi la diversité des styles et des approches visuelles dans les productions culturelles.

La prolifération de contenus de faible qualité

En parallèle des enjeux environnementaux et professionnels, les starter packs IA sont aussi accusés de contribuer à une inflation de contenus pauvres ou standardisés. Ce phénomène, que certains qualifient de "slop" (abréviation péjorative pour désigner des contenus générés de façon industrielle et dénués de réelle substance), inquiète les spécialistes de la culture numérique.

Certes, l’accessibilité de ces outils permet à un plus grand nombre de personnes de s’exprimer visuellement. Mais cette démocratisation s’accompagne d’un effet pervers : la quantité prime sur la qualité. Chaque jour, des milliers d’images sont mises en ligne, souvent très similaires dans leur structure, leur style ou leur message. Cela nuit à la diversité et appauvrit progressivement l’expérience utilisateur sur les plateformes sociales.

Certains internautes dénoncent même une certaine paresse intellectuelle. Plutôt que de développer des idées originales, certains créateurs se contentent de jouer avec des clichés et des formules toutes faites, générées automatiquement. Cette logique algorithmique, si elle n’est pas encadrée, risque de renforcer des stéréotypes et d’appauvrir le débat culturel en ligne.

Les enjeux éthiques et sociaux des starter packs IA

L'appropriation culturelle et les stéréotypes

Un autre point de friction majeur concerne l’utilisation d’éléments culturels dans les starter packs. En simplifiant des identités complexes à travers quelques objets ou accessoires, ces visuels peuvent véhiculer des clichés, voire des représentations offensantes. Sans le contexte approprié, certaines créations flirtent avec l’appropriation culturelle, c’est-à-dire l’exploitation d’éléments d’une culture par une autre, souvent dominante, sans respect ni compréhension des codes originels.

Par exemple, représenter une personnalité d’origine asiatique avec un éventail et un bol de riz, ou un stéréotype de "femme méditerranéenne" avec un panier en osier et des olives, peut sembler amusant à première vue, mais relève en réalité d’une simplification abusive qui renforce les biais.

Les outils d’IA ne disposent pas encore de filtres éthiques suffisamment sophistiqués pour éviter ce type de dérives. Ils se basent sur les données d’entraînement, qui elles-mêmes reflètent les biais présents dans notre société. Ainsi, sans vigilance de la part des utilisateurs, les starter packs risquent d’enraciner des visions réductrices du monde.

La désinfluence : une réponse émergente

Face à ces excès, une nouvelle tendance se développe : celle de la désinfluence. Ce mouvement, né en réaction aux pratiques excessives des influenceurs et à la surconsommation de contenus viraux, prône un retour à la sobriété numérique. Plutôt que de surfer sur les tendances éphémères, les adeptes de la désinfluence invitent à ralentir, à publier moins, mais mieux.

La désinfluence interroge également la place de l’IA dans notre quotidien : avons-nous vraiment besoin de produire autant d’images pour exister en ligne ? Et si la vraie valeur résidait désormais dans l’intention, la réflexion, la qualité plutôt que dans la quantité ? Cette approche rencontre un écho croissant chez les jeunes générations, soucieuses d’écologie et d’authenticité.

Vers une utilisation responsable de l’IA dans la création de contenus

Encourager la transparence et le respect des droits d'auteur

Pour que les starter packs IA (et plus largement les visuels générés par IA) puissent continuer à exister sans nuire aux artistes, à l’environnement ou à la diversité culturelle, une plus grande transparence est indispensable. Il devient urgent que les créateurs de contenus signalent clairement l’usage de l’IA dans leurs publications, et que les outils eux-mêmes intègrent des fonctions permettant de tracer les sources d’inspiration.

Les plateformes pourraient également jouer un rôle de régulation en valorisant les contenus originaux et éthiques, et en limitant la diffusion massive de productions générées automatiquement. Des labels ou des certifications pourraient permettre aux internautes de mieux distinguer les créations humaines des contenus automatisés.

Promouvoir des pratiques durables

Il est également possible d’imaginer une utilisation plus raisonnée et ciblée des outils d’IA. Plutôt que de générer des images à la chaîne pour alimenter une tendance éphémère, pourquoi ne pas employer ces technologies pour illustrer des projets éducatifs, culturels ou artistiques à forte valeur ajoutée ?

Certaines plateformes commencent à sensibiliser leurs utilisateurs à l’empreinte carbone de chaque création, à l’instar de ce qui se fait déjà pour les déplacements ou la consommation énergétique. Ce type d’initiative pourrait contribuer à responsabiliser les créateurs et à encourager une approche plus éthique.

Soutenir les artistes locaux

Enfin, l’essor des starter packs IA ne doit pas se faire au détriment des artistes humains. Il est essentiel de continuer à soutenir la création indépendante, en commandant des œuvres personnalisées, en rémunérant justement les illustrateurs et en valorisant les projets qui mettent en avant une sensibilité humaine. L’IA peut être un outil, mais elle ne doit jamais remplacer la richesse de l’expression artistique individuelle.

Conclusion

L’engouement autour des starter packs IA témoigne de notre fascination collective pour l’innovation et la nostalgie. Ces visuels amusants et faciles à produire captent parfaitement l’air du temps, mais ils ne sont pas sans conséquences. Leur impact écologique, leurs implications éthiques et leurs effets sur les métiers de la création méritent une attention particulière.

À l’heure où l’intelligence artificielle s’invite dans tous les pans de notre quotidien, il est crucial d’adopter une posture critique et responsable. Créer avec l’IA, oui, mais pas à n’importe quel prix. La tendance des starter packs nous rappelle que chaque innovation, aussi ludique soit-elle, s’accompagne toujours de nouveaux défis à relever.

Découvrez maintenant comment créer sa figurine "Starter Pack" gratuitement avec ChatGPT en seulement quelques secondes et pourquoi Facebook change encore : ce nouvel onglet va transformer votre fil d'actualité.

Lire aussi :

Ajouter les points
0
Points
Mylène
Je suis Mylène, blogueuse, beauty addict, Rédactrice en Chef du webzine So Busy Girls et maman de 2 petits bouts. Et fana de chocolat. Et de bons polars. On avait dit "courte description" ?! Ah oui, j'ai oublié de dire que j'étais très (très très) bavarde...!