Un podium qui change tout
À Tokyo, sous les projecteurs du stade olympique, Jimmy Gressier a une nouvelle fois tenu son rang. Déjà champion du monde du 10.000 m, le Français est allé chercher la médaille de bronze sur 5.000 m, devenant ainsi le tout premier athlète tricolore à décrocher deux breloques lors d’une même édition des Championnats du monde d’athlétisme.
Une performance rarissime, dans un sport où la densité mondiale est exceptionnelle. À 28 ans, le coureur originaire de Boulogne-sur-Mer a prouvé qu’il pouvait rivaliser sur deux distances différentes, avec la même rage et la même lucidité.
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Une course menée avec intelligence
Dans cette finale du 5.000 m, Jimmy Gressier a reproduit la recette qui avait fait son succès sur le 10.000 m. Toujours bien placé dans le peloton, il a attendu le dernier tour pour accélérer. Dans l’emballage final, il a résisté au retour de l’Australien Ky Robinson, et s’est assuré une troisième place derrière l’Américain Cole Hocker et le Belge Isaac Kimeli.
Ses compatriotes Yann Schrub et Étienne Daguinos, également présents en finale, ont terminé plus loin (9e et 14e), confirmant que le héros du jour resterait bien Gressier.
« Physiquement, je suis mort mais je me suis battu »
Épuisé mais rayonnant après sa deuxième médaille, Jimmy Gressier a livré un témoignage sincère, mêlant lucidité et émotion :
« En venant ici, j’y croyais plus que personne. Mais il fallait encore le faire. Je me suis rassuré en gagnant le 10.000 m. Sur le premier tour, j’avais les jambes fatiguées. C’était très dur, les émotions étaient fortes. Mentalement, c’était assez difficile, j’ai essayé de me convaincre que j’allais faire une deuxième médaille. Physiquement, je suis mort mais je me suis battu jusqu’au bout et je suis très fier (…) J’écris encore l’histoire : aller chercher deux médailles sur un sport ultra-concurrentiel. (…) J’ai déplacé des montagnes. »
Ces mots forts résonnent comme le cri du cœur d’un athlète qui a repoussé ses limites. Ils traduisent à la fois l’intensité de la bataille livrée sur la piste et la fierté d’avoir franchi une barrière symbolique pour l’athlétisme français.
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L’exploit sportif… et ses récompenses
Au-delà du prestige sportif, ce doublé historique s’accompagne aussi d’une prime financière. La Fédération internationale d’athlétisme a prévu des récompenses pour chaque podium. Grâce à ses deux médailles, Jimmy Gressier empoche 79.000 euros : 60.000 euros pour son titre mondial sur 10.000 m, et 19.000 euros pour son bronze sur 5.000 m. Une médaille d’argent aurait rapporté 30.000 euros, preuve du haut niveau de valorisation accordé à de telles performances. Mais pour le Nordiste, l’argent n’est qu’un bonus : le véritable trésor, c’est l’histoire qu’il vient d’écrire.
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Un héros tricolore
En décrochant deux médailles à Tokyo, Jimmy Gressier s’impose comme l’homme fort de ces Mondiaux côté français. Au-delà des chiffres, c’est son énergie, sa sincérité et son audace qui séduisent. Il est l’image du sportif accessible, travailleur acharné et capable de surprendre sur la scène mondiale.
Pour beaucoup, il incarne désormais un modèle : celui qui n’hésite pas à dire « physiquement, je suis mort » tout en franchissant les lignes d’arrivée en guerrier. Ce contraste entre fragilité assumée et force mentale fait de lui une figure attachante et inspirante.
En résumé
Deux courses, deux podiums, et un discours qui restera dans les mémoires : Jimmy Gressier a vécu à Tokyo la plus grande semaine de sa carrière. Son « J’ai déplacé des montagnes » n’est pas une simple formule, mais le reflet exact de son exploit.
À 28 ans, il n’a sans doute pas fini de marquer l’athlétisme français. Ces Mondiaux resteront comme le moment où un coureur du Nord, parti avec la conviction qu’il pouvait gagner, a transformé cette foi en un doublé historique.
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