C’est une petite révolution du monde du travail qui se prépare dans le sud-est de l’Australie. Samedi 3 août, Jacinta Allan, Première ministre de l’État de Victoria, a annoncé son intention de légiférer pour faire du télétravail un droit, et non un simple privilège ou une faveur accordée par les employeurs. Une proposition ambitieuse qui pourrait bien rebattre les cartes des politiques d’emploi dans tout le pays… et au-delà.
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D’un outil de crise à une réforme durable
Pendant la pandémie de Covid-19, le télétravail s’était imposé comme la norme dans une grande partie du monde. Mais depuis le retour à la normale, de nombreuses entreprises — y compris dans les pays les plus technologiquement avancés — tentent de ramener leurs salariés au bureau, au moins à temps partiel, voire à temps complet.
C’est dans ce contexte que Jacinta Allan a pris la parole, lors d’un congrès du Parti travailliste, pour exposer une vision radicalement opposée à celle prônée par une partie des employeurs. « Nous pensons que le télétravail doit être un droit, pas une demande », a-t-elle déclaré.
La réforme qu’elle propose repose sur une base simple : tout employé dont les tâches peuvent raisonnablement être effectuées à distance aurait le droit de télétravailler au moins deux jours par semaine.
Une position qui s’inscrit dans une volonté plus large de moderniser le monde du travail et de mieux l’adapter aux besoins actuels des familles, des travailleurs et de l’environnement urbain.
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Télétravailler pour mieux vivre : une vision politique affirmée
Cette proposition ne se limite pas à des considérations professionnelles. Pour Jacinta Allan, c’est aussi une mesure sociale et environnementale. Elle insiste sur le fait que le télétravail :
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améliore la productivité,
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fait gagner du temps aux familles,
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réduit les dépenses,
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et surtout, diminue la congestion routière.
À cela s’ajoute un argument fort : le maintien des femmes sur le marché du travail. En permettant davantage de flexibilité, cette mesure viserait à éviter les ruptures professionnelles liées à la parentalité, qui touchent encore massivement les femmes.
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Un projet en concertation
Consciente du caractère sensible du sujet, Jacinta Allan a indiqué que cette proposition ferait l’objet d’une vaste consultation auprès des salariés, des employeurs et des syndicats. L’objectif est de présenter un projet de loi au Parlement de Victoria courant 2026, après un travail de concertation visant à encadrer juridiquement les conditions de mise en œuvre du droit au télétravail.
Rien n’indique à ce stade si la loi pourrait aller plus loin, par exemple en imposant des obligations en matière de compensation des frais professionnels, d'équipement ou de droit à la déconnexion. Mais la démarche elle-même marque un tournant historique dans l’approche du travail à distance.
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Une opposition conservatrice
Sans surprise, la proposition divise déjà la classe politique australienne. Lors des élections fédérales de mai dernier, la coalition d’opposition menée par le Parti libéral et le Parti national avait inscrit dans son programme l’objectif clair de réduire, voire éliminer le télétravail dans le pays.
Leur argument ? Une prétendue baisse de performance et de productivité chez les employés en télétravail. Des affirmations régulièrement contestées par de nombreuses études internationales, qui soulignent au contraire des gains de concentration, une meilleure qualité de vie et une diminution de l’absentéisme chez les télétravailleurs.
Ce clivage politique souligne à quel point le modèle du travail hybride ou à distance reste un sujet sensible, aux enjeux économiques, sociaux et culturels majeurs.
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Un modèle qui pourrait inspirer d'autres pays ?
Si la réforme venait à être adoptée, Victoria serait l’un des premiers territoires au monde à faire du télétravail un droit légal, comparable à un congé ou à un temps partiel imposable. Une mesure qui ne manquerait pas d’être observée de près par d’autres pays, notamment en Europe et en Amérique du Nord, où les débats sur la flexibilité au travail sont également très vifs.
Reste à savoir si cette volonté politique pourra surmonter les résistances des milieux économiques, souvent frileux face à toute forme de contrainte réglementaire. Et surtout, si le texte final sera à la hauteur des ambitions initiales portées par la Première ministre.
Quoi qu’il en soit, l’annonce de Jacinta Allan marque un moment fort dans l’histoire récente du monde du travail. À l’heure où des millions de salariés dans le monde aspirent à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, le télétravail pourrait bien redevenir un levier de transformation sociale… à condition qu’il ne reste pas un simple luxe accordé par les patrons.
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