Le labyrinthe du silence (Im Labyrinth des Schweigens) est le premier film, en allemand, d’un acteur italien, Giulio Ricciarelli, qui traite du procès qui s’est déroulé à Francfort entre 1963 et 1965 et a fait comparaître 22 responsables du camp d’Auschwitz en Pologne (alors occupée par les Allemands).
Le personnage principal, le jeune procureur Johann Radmann (joué par le beau et athlétique Alexander Fehling), est fictif. Trois procureurs ont en réalité mené l’enquête à partir de 1958. Deux autres sont des personnes ayant existé, le procureur général Fritz Bauer (remarquable Gert Voss, décédé en juillet 2014), exilé au Danemark en 1935 puis en Suède en 1943 en raison de ses origines juives et revenu en Allemagne en 1949, et le journaliste Thomas Gnielka (André Szymanski). Les conditions de la mort, en 1968, de Bauer, qui a contribué, comme le montre le film, à retrouver Adolf Eichmann en Argentine et à son enlèvement par le Mossad pour le juger à Jérusalem, semblent douteuses car il avait beaucoup d'ennemis.
C’est un film (voir aussi le blog
Matching Points) qui permet de comprendre l’état d’esprit des Allemands en 1958. Comme le dit un des personnages du tribunal, les Alliés ont déjà dénazifié, alors que veut donc ce Radmann ? Pour se reconstruire, l’Allemagne a en effet repris un certain nombre de cadres expérimentés de la période précédente. Par ailleurs, beaucoup de ceux qui n’étaient pas morts avaient fui à l’étranger (Etats-Unis, Suède, France, etc.) et les autres, comme le peintre Simon Kirsch (Johannes Krisch) ne voulaient pas en parler. Il faut donc l’obstination de certains, d’associations de prisonniers et de juges pour soulever la trappe qui mène à des lieux bien obscurs.
Le film montre, non sans plusieurs rebondissements qui évitent tout ennui, les doutes et les états d’âme des uns et des autres, à commencer par le jeune procureur et sa jolie fiancée, Marlene Wondrak (Friederike Becht), ainsi que les pressions qui s’exercent, y compris de la part de l’officier américain (Tim Williams) qui garde l’accès aux archives.
C’est ce point que j’ai beaucoup aimé : le travail de recherches de Johann Radmann commence par les archives. Les films évoquent rarement la recherche dans les archives et montrent encore plus rarement des dépôts. Or les archives sont le fondement d’une société, la mémoire du citoyen et de la nation. Radmann commence par les archives puis cherche des témoignages.
Pour cette période, je signale le travail énorme fait depuis la fin de la guerre par le
Service International de Recherches, installé au centre de l’Allemagne, à Bad Arolsen, et qui gère les archives et les documents concernant les personnes déplacées, les travailleurs forcés et les prisonniers de guerre.