Du Théâtre avec un grand T.
Pendant 1h30, Jacques Weber interprète un texte librement inspiré des lettres de Gustave Flaubert. Impressionnant. Très impressionnant. Une vraie performance. Seul un très grand acteur pouvait réussir ce pari. Soliloquer pendant une heure et demie sans se mélanger les pinceaux et habiter à ce point des textes qui n’étaient pourtant pas destinés à être lus relève de l’exploit.
Et on ne s’ennuie pas une seconde. La mise en scène est belle, on y croit, on y est. On est chez Flaubert, en compagnie de l’écrivain et de son serviteur Eugène, qui ne dit qu’un seul mot mais contribue pleinement au réalisme de la pièce.
On écoute avec plaisir les truculentes déclarations de Gustave.
Un bonheur pour les oreilles, j’avais presque oublié à quel point la langue française pouvait être belle, à force de l’entendre déformée, barbarisée.
Du théâtre intelligent, mais qui fait pourtant la part belle à l’humour. Potentiel comique du texte, mais aussi et surtout de l’interprétation de Jacques Weber.
Les lettres de Flaubert abordent de nombreux sujets et tous sont étonnamment d’actualité. C’est le reflet d’une époque, ses questionnements et ses mœurs, très proches de ceux d’aujourd’hui. Célébrité, écologie, fanatisme religieux, relations hommes/femmes, tout passe sous la plume aiguisée de Gustave qui ne mâche pas ses mots. On nous peint le portrait d’un homme plein de rage, d’indignation, d’énergie. Un homme qui parle librement, toujours dans la démesure, et dont la furieuse envie de vivre se dégage des écrits.
J’en profite par ailleurs pour pousser un (gros) coup de gueule.
C’est à vous que je m’adresse, vous, le monsieur du premier rang qui dès la fin de la pièce s’est mis à tapoter sur son téléphone sans même regarder les comédiens ni les applaudir. Je me demande ce que font les gens comme vous au théâtre. Vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez. D’autres personnes auraient bien volontiers pris votre place et surtout auraient su apprécier le spectacle à sa juste valeur.
Mais c’est aussi de respect dont je veux vous parler monsieur, car visiblement vous ne connaissez pas la signification de ce mot. Ne pas applaudir une fois, ne pas regarder les acteurs à la fin d’une pièce est d’un irrespect sans nom. Votre téléphone auquel vous êtres greffé, vous aurez tout le temps de l’utiliser une fois dehors. Mais merde, respectez le travail des comédiens ! Respectez ces heures passées à répéter, respectez la performance qui vient de vous être livrée ! D’autant plus que Monsieur Weber vous a vu. Deux fois, il vous a regardé lors des rappels. À aucun moment vous n’y avez fait attention. Belle récompense pour tant de travail !
Bref. Moi, je me suis régalée. Si vous voulez passez une bonne soirée, voir une pièce intelligente, intéressante et pleine d’humour, si vous avez envie de voir un grand acteur à l’œuvre, ne passez pas à côté de Gustave.
Je terminerai par une citation de la pièce : « Quand on veut ainsi mettre le soleil dans sa culotte, on brûle sa culotte et on pisse sur le soleil. » À méditer.