Aujourd’hui je suis d’humeur militante et j’ai décidé de dénoncer la dure vie des filles qui ont un teint très clair. Voyez-vous, cela fait 23 ans que je subis ma peau et je suis arrivée à bout.
D’ailleurs, ma peau très blanche est une totale injustice ! Je suis née dans une famille sicilienne où tout le monde a le teint plus ou moins mat. L’été venu, ma sœur et toutes mes cousines ont un beau teint halé et moi, avec mon teint à la limite du transparent et mes cheveux noirs, je suis le sosie de Mercredi Addams (d’ailleurs, devinez quel était mon costume à Halloween ?).
Je vous entends déjà me dire « non mais attends, avoir le teint pâle c’est trop beau, regarde Dita Von Teese ». Je vous arrête tout de suite, le teint de cachemire de Dita est magnifique et lui va à la perfection, moi j’ai plutôt un teint cadavérique très moche.
Mon calvaire a commencé au collège. Vous voyez la fille tout blanche, avec du maquillage noir et un sweat Marilyn Manson ? Eh ben c’est moi. D’accord, vous allez me dire que je cherchais un peu les emmerdes mais non, j’étais déjà une militante. Personne n’allait me dire comment m’habiller et quel look avoir (d’ailleurs 23 ans après, j’ai conservé mon maquillage noir et mon look très rock).
Alors j’ai eu le droit à tous les surnoms possibles : fantôme, satanas, la gothique… On était jeunes et vous pensez que ce genre de chose n’arrive plus, que nenni ! En deuxième année de Master, mon professeur de marketing s’est arrêté en plein cours, m’a fixée et a lancé devant tout l’amphi « Mais Marine, vous êtes un peu gothique, non ? ». J’en rigole maintenant mais sur le moment, je n’ai jamais autant voulu devenir invisible.
On m’a même arrêtée dans la rue pour me demander si je sacrifiais des poulets les soirs de pleine lune. Si, si c’est une histoire vraie.
Alors pour remédier à mon problème, j’ai tout essayé. J’ai d’abord testé le maquillage mais j’ai vite arrêté. Le fond de teint liquide, vous savez celui qui couvre bien, il n’existe pas pour les peaux comme moi. Même la teinte la plus claire me transforme immédiatement en carotte.
Bon, j’ai quand même trouvé une poudre matifiante qui fait l’affaire mais en fin de soirée, quand la poudre a laissé place à mon teint naturel, j’ai toujours droit à la même réflexion : « t’es vraiment blanche, t’es sûre que ça va ? T’es malade ? ». Non je ne suis pas malade, je vous remercie. « Non mais vraiment parce que t’es encore plus blanche que d’habitude ».
Bon il est vrai que j’ai parfois profité de la situation en simulant une maladie imaginaire qui m’a permis de filer me coucher plus vite. Il faut bien trouver des avantages à la situation.
J’ai également essayé de bronzer. C’était perdu d’avance, je vous l’accorde. Parce que ma peau ne connaît que deux couleurs : le blanc et le rouge. Il n’y a pas d’entre deux, c’est soit toute blanche, soit toute rouge. J’ai essayé des crèmes de tous les indices mais non, l’été je suis cantonnée à l’écran total et au parasol sous peine de me transformer en écrevisse.
Alors si vous aussi, vous êtes « blanche comme un Doliprane », rejoignez le club des « j’ai la peau pâle mais je ne suis pas gothique, ni membre d’une secte » ! Luttons contre les préjugés !