Attendre un bébé, c'est un moment de félicité exceptionnel, c'est vrai. Tu as lu et relu des livres sur la grossesse, parcouru des pages et des pages de forums (truffés de fautes d'orthographe et de conseils fantaisistes, alarmistes et parfois même dangereux).
Puis vient le jour tant attendu, redouté, imaginé, rêvé... : l'accouchement. Tu as remarqué que les femmes, celles qui ne sont plus nullipares (mot atroce) adorent te raconter leur accouchement, et surtout les accouchements difficiles de leurs copines. Finalement, tout s'est bien passé, avec quelques douleurs forcément, mais ça y est, bébé est là. Et c'est là que tout commence : le premier jour du reste de ta vie.
Ce petit être va illuminer ta vie (et tes nuits). Mais il y a des "secrets" à savoir.
Déjà, juste après l'accouchement tu perds du sang, beaucoup, il te faut des couches géantes en fait, tu en redemandes constamment aux sages-femmes qui passent car tes Always Ultra Night paraissent tout à coup bien ridicules.
Certes, tu n'as pas eu tes règles pendant neuf mois, mais sache que Dame Nature va rattraper le temps perdu : tu vas perdre du sang pendant trois à quatre semaines et être autorisée à ne porter que des serviettes, tampons interdits. Oui oui tu m'as bien lue, et ça bizarrement on ne te l'avait pas trop dit. Certes, qu'est-ce donc à côté du bonheur de la naissance ? Mais quand même, déjà que tu ne te sens pas au top de ta féminité... D'ailleurs j'y viens.
Avant, tu te prélassais dans ton bain, tu prenais le temps d'appliquer un masque ultra nourrissant sur tes cheveux, de le laisser poser quinze minutes sous une serviette chaude en faisant un gommage pour le corps et un masque pour le visage au passage.
Puis en sortant tu appliquais avec soin ta crème pour le corps, et tu te lançais même parfois dans une pédicure/manucure. Puis tu appliquais ton vernis Essie Smokin'Hot dans les règles de l'art avec base, deux couches et top coat... Mais sache que ce joli rituel est un lointain souvenir.
Maintenant, tu prends ta douche en trois minutes en disant régulièrement "je suis là bébé, j'arrive" et quand il s'arrête de pleurer tu sors trempée de la douche pour voir s'il n'y a pas un problème. Tu laisses poser ton masque pour les cheveux une minute et en le rinçant tu te retrouves avec une pelote de cheveux entre les doigts (eh oui, les joies de l'après-grossesse).
Te poser du vernis ? N'y songe pas malheureuse ! La journée tu ne peux pas le laisser sécher car tu dois porter ton bébé, et le soir ton mari te dit que ça pue et que c'est nocif...
Aller chez l'esthéticienne ? Avec ton bébé, c'est un peu difficile, mais de toute façon, vu ton état de fatigue, la pilosité de tes jambes est un moindre mal.
Refaire du sport ? Déjà tu es trop fatiguée mais même si tu en trouvais le courage, tu n'en as pour l'instant pas le droit, ce serait dommage d'avoir une chute d'organes quand même. Au point où tu en es tu peux rester encore un peu flasque.
Si tu allaites tu perds vite du poids, tu peux même peser moins qu'avant la grossesse. Mais l'allaitement ce n'est pas que cet aspect-là, ce n'est pas aussi simple et naturel que tu le pensais : si tu n'as pas de chance, tu as des crevasses à en pleurer et un bébé qui veut passer une heure et demie au sein et fait tous les pics de croissance. Donc tu passes doucement aux biberons mais tu sens bien quelques critiques...
Et puis un jour, quatre ou cinq semaines après la naissance de ton trésor, tu te mets à pleurer toutes les larmes de ton corps, à te sentir inutile puisque tout ce que tu as à raconter le soir c'est l'état des couches de ton bébé et le fait que tu aies eu le courage de lancer une machine et de vider le lave-vaisselle. Tout te paraît compliqué, voire insurmontable tellement tu manques de sommeil.
Tu te résous à aller chez ton généraliste qui te prescrit du Prozac et du Lexomil. Diagnostic : dépression post-partum. Non, ce n'est pas que la fatigue, c'est plus profond que ça. Tu jettes le Prozac à la poubelle, tu en parles à ton entourage, tu appelles un psy... et tu attends de sourire à nouveau pour de vrai.
Mais attends, que vois-tu là ? Ton bébé qui te regarde de ses grands yeux innocents et qui t'adresse le plus beau des sourires ! Le bonheur est contagieux...
