Une suppression qui fait beaucoup de bruit sur les réseaux
Le 15 mai 2025, le compte TikTok d’AD Laurent a été supprimé de la plateforme. Une décision loin d’être anodine, qui fait suite à l’intervention directe d’Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Une ministre, un influenceur, et une bataille numérique au cœur d’un débat bien plus large : celui des contenus misogynes, virilistes et dégradants diffusés en ligne.
En une phrase, Aurore Bergé a résumé son action : "Les réseaux sociaux ne sont pas une zone de non-droit." Et elle vient de le prouver.
AD Laurent, de la télé-réalité à la controverse
Son vrai nom est Adrien Laurent. Il s’est fait connaître en 2017 dans "Les Princes de l’amour", avant de multiplier les apparitions dans d’autres programmes de télé-réalité, notamment "La Villa des cœurs brisés", "Les Anges" ou "10 Couples parfaits". Rapidement, il est devenu l’un de ces visages familiers de la télé à clashs, aux codes très codifiés.
Mais Adrien Laurent a depuis changé de cap. Il s’est reconverti en acteur pornographique, surtout actif aux États-Unis, et influenceur sur les réseaux sociaux, avec une audience majoritairement jeune. C’est sur TikTok qu’il avait construit une communauté de centaines de milliers d’abonnés, à coups de vidéos provocantes, très sexualisées, et souvent controversées.
Une intervention politique ferme et assumée
Depuis plusieurs jours, le contenu proposé par AD Laurent faisait l’objet de signalements croissants. Mais cette fois, Aurore Bergé a décidé d’agir frontalement. La ministre a écrit au directeur France de TikTok, dénonçant une série de vidéos "dégradantes", promouvant une vision de la sexualité "déformée et toxique", dans laquelle "la domination et la violence prennent le pas sur le respect et le consentement".
Un message clair, direct, et suivi d’effets. Le compte d’AD Laurent a été supprimé dans les 24 heures.
“Suite à mon signalement, le compte AD Laurent a été banni”
Sur ses réseaux sociaux, Aurore Bergé s’est félicitée de ce bannissement rapide, saluant la réactivité de la plateforme et l’importance de la mobilisation collective contre les dérives virilistes en ligne. Elle en a profité pour inviter les internautes à lui signaler d’autres comptes problématiques. "Des signalements suivront", a-t-elle prévenu. Son message est clair : les plateformes doivent cesser d’être des espaces d’impunité.
⛔️ Suite à mon signalement hier, le compte "AD Laurent" a été banni de la plateforme TikTok.
— Aurore Bergé (@auroreberge) May 15, 2025
Et depuis ce signalement, vous êtes très nombreux à m'écrire pour m'indiquer d'autres comptes. D'autres signalements suivront. Les réseaux sociaux ne sont pas une zone de non droit. pic.twitter.com/21yZRluWnj
Dans un contexte où de plus en plus de voix féministes dénoncent l’hypersexualisation des jeunes, les discours de domination masculine et la diffusion de modèles toxiques sur TikTok, cette action a été largement saluée par ses soutiens.
AD Laurent se dit victime de diffamation
La réponse de AD Laurent ne s’est pas fait attendre. Avant même la suppression de son compte, il dénonçait déjà une "bonne grosse brochette de diffamation et de mensonges à (son) égard". Il revendique une activité exercée exclusivement avec des femmes "majeures, consentantes et professionnelles", et affirme prôner "l’égalité homme/femme".
Après la sanction, il a partagé sur Instagram une capture d’écran de son compte TikTok désactivé, avec la légende "En - de 24h, vive la France", accompagnée d’un emoji "mort de rire". Un message cynique, qui montre son incompréhension, voire son mépris face à cette décision.
Un clivage profond entre liberté et responsabilité
Ce clash entre Aurore Bergé et AD Laurent pose une fois de plus la question de la limite entre liberté d’expression et incitation à la haine ou à la violence. Pour ses soutiens, le contenu de l’influenceur s’apparente à une propagande viriliste, déguisée en divertissement. Pour lui, il s’agit d’une expression libre de sa sexualité et de son mode de vie.
Mais quand ces vidéos sont vues par des milliers de jeunes, souvent mineurs, les risques sont réels. Modèles de comportement biaisés, vision déséquilibrée des rapports hommes/femmes, banalisation de la domination, voire valorisation de pratiques violentes : autant de dérives qui inquiètent les institutions.
TikTok, sous pression
Cette affaire illustre aussi la pression croissante sur les plateformes sociales. TikTok, réseau très prisé des jeunes, est régulièrement pointé du doigt pour la diffusion massive de contenus problématiques. Si la plateforme affirme travailler à modérer ses contenus, les mécanismes de modération restent souvent opaques, aléatoires ou tardifs.
L’intervention politique directe d’Aurore Bergé montre que l’État peut et veut désormais s’impliquer dans la régulation du numérique, au-delà des discours. Et ce n’est sans doute que le début d’un virage plus dur à venir.
Une ministre déterminée à agir
Âgée de 38 ans, Aurore Bergé a multiplié ces derniers mois les prises de position fermes sur la protection des mineurs, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et la régulation du contenu en ligne. Elle incarne une nouvelle génération de responsables politiques conscients de l’influence des réseaux sociaux sur la société, et bien décidés à ne plus laisser faire.
Avec cette action contre AD Laurent, elle pose un précédent : oui, il est possible d’agir, oui, un ministre peut faire plier une plateforme, et oui, l’État peut intervenir dans l’intérêt collectif.
Une suite judiciaire possible ?
À ce jour, aucune action judiciaire n’a été engagée de part et d’autre. Mais il n’est pas exclu qu’AD Laurent tente de contester la fermeture de son compte, invoquant une atteinte à la liberté d’expression ou un préjudice d’image. De son côté, le ministère pourrait étendre ses actions à d’autres figures virilistes connues, qui prolifèrent encore sur les plateformes.
Cette affaire pourrait ainsi marquer un tournant dans la gestion des influenceurs au contenu controversé, et ouvrir la voie à une régulation plus stricte, plus rapide, plus coordonnée entre pouvoirs publics et plateformes.
Le signal d’une prise de conscience collective ?
Au-delà de la seule affaire AD Laurent, cette suppression est un signal fort adressé à tout un pan de la culture en ligne, qui surfe sur les fantasmes d’hypermasculinité, de provocation sexuelle, et de transgression permanente. Une ligne de fracture se dessine entre une génération d’influenceurs qui revendique le droit de tout dire, et une société qui revendique des limites éthiques.
Les réseaux sociaux, devenus des espaces d’éducation, d’inspiration mais aussi de dérive, doivent désormais composer avec une nouvelle donne : celle de la responsabilité collective.
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