Beaucoup de gens sont complètement obsédés par leur poids au point de tout faire tourner autour de ça. Mais que se passe t-il quand on décide d'arrêter du jour au lendemain de faire de son poids et de sa ligne une si grande obsession ? J'ai moi-même pris la décision il y a quelques années d'arrêter de me peser tous les jours. Et clairement, ça a changé beaucoup de choses.
Comment ça a commencé
Quand j'étais gamine, j'étais en surpoids. Avant même l'âge de 10 ans, j'avais déjà l'habitude de monter régulièrement sur la balance.
Le pédiatre qui me suivait, moi et mon frère, s'était inquiété de ma prise de poids trop rapide selon lui. Il m'a montré une courbe de poids, en pointant du doigt là où j'étais censée me trouver, et là où j'étais réellement. Et clairement, il y avait un gros écart entre les deux;
J'avais un surpoids qui pouvait conduire à l'obésité, et il fallait redresser la barre.
Ma mère s'est beaucoup investie pour m'aider. Elle-même avait eu des problèmes de poids pendant la majeure partie de sa vie à cause de l'alimentation émotionnelle et ne voulait pas que je subisse la même chose.
C'est quelque chose que je comprends tout à fait aujourd'hui, mais à l'époque, tout ce que je voyais, c'est qu'à chaque fois que je montais sur la balance et que je prenais du poids, ma mère était déçue et frustrée. Je faisais donc tout mon possible pour perdre du poids et éviter ça.
Le problème, c'est que petit à petit, perdre du poids est devenu une obsession, et faire plaisir aux autres aussi.
Mon but était de rendre les autres heureux et contents. Je n'agissais que dans ce sens. Et plus les années ont passé, plus ces deux obsessions sont devenues pesantes dans ma vie.
Au final, j'ai même fini par considérer que tous les efforts que je faisais pour perdre du poids et atteindre un poids acceptable n'était plus quelque chose que je faisais juste pour faire plaisir à ma mère, mais un effort que je faisais pour faire plaisir à tout le monde.
A chaque fois que je mangeais trop, à chaque fois que mon poids faisait du yoyo, à chaque fois que je n'arrivais pas à m'intégrer dans un groupe ou qu'un homme me quittait, j'avais l'impression d'avoir échoué et d'avoir laissé tout le monde tomber, simplement parce que je n'avais pas réussi à correspondre aux standards de la société.
Vivre de cette manière et surtout avec cet état d'esprit était épuisant, et je dépensais tellement d'énergie à avoir l'air "comme il faut" qu'il ne me restait plus du tout de place pour réfléchir à ce que je trouvais vraiment important.
Aller faire du sport n'était pas un moyen d'évacuer mon stress, de savourer le bien-être dû aux endorphines ou d'être fière de mon corps qui se muscle un peu plus après chaque séance.
Non, pour moi, chaque séance de sport était une façon de dissiper la honte d'avoir mangé les aliments des précédents repas et que je "n'aurais pas dû" manger.
Dans mon esprit, ces séances de sport étaient une façon de me punir d'avoir eu des fringales, d'avoir un corps mou, de ne pas avoir assez de volonté pour rester loin de toute cette nourriture qui était la seule à pouvoir m'apporter du réconfort quand rien d'autre ne m'apaisait.
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Quand j'ai réalisé que je ne pouvais pas continuer comme ça
Un jour, je me suis rendue compte que je n'avais pas un état d'esprit sain, et qu'il était temps de casser ce cercle vicieux. J'ai commencé une thérapie l'année de mes 25 ans, quand j'ai enfin compris que consacrer toute ma vie à avoir l'apparence que je pensais que la société et le monde entier attendaient que j'ai me rendait... terriblement malheureuse.
Apprendre à connaître ma psy m'a demandé plusieurs séances, et il a fallu du temps pour que j'apprenne à lui faire confiance.
J'avais peur que cette thérapie me force à me confronter à mes démons intérieurs. Au lieu de ça, je venais simplement voir ma psy et je lui expliquais que j'étais triste. Elle me répondais : « C'était quand, la dernière fois que vous avez mangé un légume ? ». Et souvent, la tristesse et le découragement que je ressentais étaient liés à un manque de nutriments : je n'apportais pas l'énergie nécessaire à mon corps pour qu'il puisse fonctionner correctement.
C'était la première fois que je parlais à quelqu'un de mon alimentation et de mon activité physique sans que l'unique objectif soit de devenir plus mince.
Pour une fois, le but était plutôt d'apprendre à respecter mon corps, à écouter ses besoins et à trouver des solutions pour prendre soin de moi.
Pour la première fois de ma vie, je me concentrais sur mon corps sans considérer que personne ne pouvait m'aimer telle que j'étais.
Au contraire, je cherchais à apporter à mon organisme les meilleurs soins possible car j'ai enfin compris que ce corps, c'était le mien, et c'était le seul que j'avais.
Et cette prise de conscience a tout changé.
Le plus grand changement est survenu quand j'ai arrêté de me peser
Personne ne m'a donné de conseil à ce sujet, j'ai simplement arrêté de me peser du jour au lendemain.
Parce que j'ai enfin compris une chose évidente : jamais, de toute ma vie, je n'avais eu une réaction positive après être montée sur la balance et avoir regardé le poids affiché.
Même quand le nombre descendait et que mon poids baissait, je ne me sentais jamais bien.
Au contraire, je ressentais une vraie pression parce que je me disais que maintenant, il fallait absolument que je me maintienne à ce poids-là.
Le poids affiché par la balance était devenu angoissant, stressant, comme une menace potentielle.
Quand mon poids augmentait, ça me mettait de mauvaise humeur pour la journée. Je ne pensais qu'à ça. Je me sentais irritable, découragée et même déprimée.
Jusqu'à ce jour où j'ai eu cette idée. Et si j'arrêtais de me peser ?
La seule pensée de me débarrasser de ma balance me donnait envie de sourire toute seule. Je n'avais jamais vécu un seul jour de ma vie d'adulte où mon poids n'avait pas été ma principale inquiétude.
Et l'idée que ça n'avait pas à être comme ça me semblait presque surréaliste.
Quand j'ai essayé d'arrêter de me peser, j'avais du mal à réaliser à quel point je me sentais bien.
Je pouvais manger ce que je voulais. Je pouvais faire ce que je voulais. Je pouvais penser à autre chose qu'à mon poids.
J'ai fait un rééquilibrage alimentaire en fonction de la façon dont je me sentais physiquement.
Je me suis mise à aller faire du sport quand je me disais que ça pouvait me faire du bien.
Je me suis autorisée à manger mes aliments préférés sans m'inquiéter du prix que j'allais ensuite payer sur la balance.
Je n'avais aucune idée de mon poids, et parfois, j'étais très tentée d'aller me peser pour vérifier.
Parfois, j'avais pris quelques centaines de grammes, parfois, j'avais un peu perdu, et je mentirais si je n'avouais pas que j'ai parfois paniqué en me sentant obligée de revenir dans cette habitude infernale de me peser et de culpabiliser au quotidien.
Pourtant, jeter ma balance m'a rendue plus heureuse que jamais je ne l'avais été jusque-là, et je ne voulais pas renoncer à ce sentiment si agréable.
Je n'ai pas pris confiance en moi du jour au lendemain. Ce n'est pas comme ça que ça marche, et ce n'est pas non plus comme ça qu'on améliore le regard qu'on porte sur notre corps.
Par contre, désormais, je ne vois plus mon corps comme un ennemi, ni comme un monstre que je dois surveiller et contrôler au quotidien.
Comprendre que mon corps est mon allié a changé ma façon de me voir, mais aussi la façon dont je me comporte avec les autres.
J'ai énormément gagné en sérénité, je me sens beaucoup plus apaisée et épanouie, et aujourd'hui, il n'y a rien qui pourrait me faire revenir en arrière.
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