La fin de l’année approche, tout comme la fin de mon challenge un mois = un classique. Au moment de choisir mon onzième classique, celui de novembre, j’ai eu envie d’un texte simple et accessible, qui me fasse voyager un peu. Cet été, en discutant musique et voyages autour du projet Phileas dont nous avons déjà parlé, j’ai réalisé que je connaissais mal Jules Verne. Voire même pas du tout. Les titres de ses bouquins font écho à mes oreilles (5 semaines en ballon, Voyage au centre de la terre, De la Terre à la Lune, etc.) mais je serais bien incapable de donner plus de détails. Jusqu’à novembre donc, jusqu’à ce que j’entrouvre la porte de l’œuvre de Jules Vernes avec Le Tour dumonde en 80 jours, écrit en 1872, un des 70 romans du nantais (comme moi !) passioné de sciences, de physiques et de géographie.
Certains cataloguent les récits de l’auteur comme livres pour enfants. On est dans tous les cas face à une fiction laissant la part belle à l’imagination. Écrit avec humour, Le Tour du monde en 80 jours retrace au travers de plus de 300 pages (tout de même) les aventures du gentleman anglais Phileas Fogg, son domestique Passepartout, “poursuivis” par le détective Fix, suite à un pari passé avec les membres du club : réaliser un tour du monde, en 80 jours.
Les étapes nous emportent de Londres à Paris, puis au travers de la méditerranée et de la mer noire, jusqu’en Inde, en Chine, au Japon, au travers des Etats Unis avant de rejoindre l’Irlande et enfin Londres, à nouveau. Tous les moyens de transport sur terre ou sur mer y passent. Y compris le voyage à dos d’éléphant.
Les premiers mots :
"En l’année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens…"
Les derniers :
"En vérité, ne ferait-on pas, pour moins que cela, le Tour du monde ?"
Jules Verne sait parfaitement manier le récit d’aventure. Les péripéties s’enchaînent au travers de la découverte de pays et de continents. Bien sûr il y a de l’improbable dans ce que Jules Verne nous raconte, mais il sait rendre compte de l’immensité du monde et de ses différences avec le ton d’un observateur à la fois très en recul, et en même temps très sarcastique. Le second degré des mots de Jules Verne n’ont que plus de poids en racontant l’histoire d’un gentleman imperturbable aussi bien des retards, aléas ou péripéties mettant en péril sa grande aventure de tourner autour du monde en 80 jours.
Morceaux choisis :
- Page 64 :
« Fix resta fort décontenancé. Il voulut obtenir du directeur un ordre d’arrestation contre le sieur Fogg. Le directeur refusa. L’affaire regardait l’administration métropolitaine, et celle-ci seule pouvait légalement délivrer un mandat. Cette sévérité de principes, cette observance rigoureuse de la légalité est parfaitement explicable avec les mœurs anglaises, qui, en matière de liberté individuelle, n’admettent aucun arbitraire. »
- Page 75 :
« Sir Francis rectifia donc l’heure donnée par Passepartout, auquel il fit la même observation que celui-ci avait déjà reçu de la part de Fix. Il essaya de lui faire comprendre qu’il devait se régler sur chaque nouveau méridien, et que, puisqu’il marchait constamment vers l’est, c’est-à-dire au-devant du soleil, les jours étaient plus court d’autant de fois quatre minutes qu’il y avait de degrés parcourus. Ce fut inutile. Que l’entêté garçon eût compris ou non l’observation du brigadier général, il s’obstina à ne pas avancer sa montre, qu’il maintint invariablement à l’heure de Londres. Innocente manie, d’ailleurs, et qui ne pouvait nuire à personne. »
- Page 132 :
« Telle était donc la situation respective de ces deux hommes, et au-dessus d’eux Phileas Fogg planait dans sa majestueuse indifférence. Il accomplissait rationnellement son orbite autour du monde, sans s’inquiéter des astéroïdes qui gravitaient autour de lui.
Et cependant, dans le voisinage il y avait – suivant l’expression des astronomes – un astre troublant qui aurait dû produire certaines perturbations sur le cœur de ce gentlemen. Mais non ! Le charme de Mrs. Aouda n’agissait point, à la grande surprise de Passepartout, et les perturbations, si elles existaient, eussent été plus difficiles à calculer que celles d’Uranus qui ont amené la découverte de Neptune. »
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