Alejandro Gonzalez Iñarritu a frappé fort. Amours chiennes est un film qui prend aux tripes. C’est cru, c’est brutal, c’est réaliste.
Premier volet d’une trilogie (21 grammes et Babel), Amours chiennes raconte trois histoires différentes, toutes trois liées par un fil à peine visible.
N’est-ce pas ce qu’on vit tous les jours ? On croise des gens, on les rencontre, des centaines par jour, sans rien connaître de leur vie. Sans savoir ce qu’ils peuvent endurer au quotidien. Sans savoir que peut-être, ils ont eu, ont ou auront, d’une façon ou d’une autre, une influence sur nous.
Les protagonistes sont mis en relation dès le début du film par un accident de voiture. Octavio (Gael Garcia Bernal), un adolescent vouant une haine profonde à son frère, décide de s’enfuir avec sa belle-sœur, dont il est amoureux. Valéria (Goya Toledo), un top model en fauteuil roulant depuis son accident, s’installe avec Daniel, quadragénaire qui vient de quitter femme et enfants pour elle. El chivo (Emilio Echevarria), ancien guérillero communiste à la rue, essaye de survivre grâce à ses contrats de tueur à gages.
La misère, thème chéri par le réalisateur, est explorée sous toutes ses formes. La violence est à la fois physique et psychologique. L’amour est lui aussi décliné de plusieurs façons. Loin de l’amour de conte de fées, le réalisateur nous montre des sentiments désespérés. Désespérés et pourtant sources d’espoir.
Des personnages coincés dans leur mal-être, sans cesse tiraillés par des choix aux lourdes conséquences. Et bien sûr des chiens, dont la métaphore prend peu à peu tout son sens. Le film est intelligent, bien rythmé, il nous attrape et ne nous lâche pas.
La bande-son est parfaite. Le compositeur Gustavo Santaolalla et le superviseur musical Lynn Fainchtein ont su capter l’essence des scènes et la transposer en musique.
Des acteurs impeccables incarnant des personnages complexes et tourmentés, auxquels on s’attache parfois malgré nous. (Un coup de cœur pour Gael Garcia Bernal, dont je prends plaisir à suivre la filmographie tant elle est intelligente et bien choisie). Des anti-héros capables du meilleur comme du pire.
Enfin, une mise en scène bien maîtrisée, qu’Iñarritu n’a fait qu’améliorer au fil des années, en témoigne son Oscar mérité du meilleur réalisateur pour Birdman.
Le tout récompensé entre autres par le Grand Prix de la Semaine de la critique lors du Festival de Cannes 2000.