C’est suite au visionnage (tardif) du film « Les Gazelles » de Mona Achache, ou plutôt au regard des réactions qu’il a pu susciter, que j’ai décidé de faire cet article.
Je ne parlerai pas ici de la qualité du film, mais de ce qu’on y voit : des femmes trentenaires qui s’amusent, sortent, et enchaînent les coups d’un soir. C’est en lisant des commentaires (très nombreux) du type « oui, ce sont des salopes quoi » que j’ai réalisé à quel point les mentalités n’avaient pas évolué.
Encore une fois, voir un homme accumuler les conquêtes ne choque personne, par contre lorsque c’est une femme, là c’est différent. Un homme aux multiples conquêtes a la classe, son alter ego féminin est une pute.
Bah oui vous comprenez, les femmes ne sont pas comme ça, ce n’est pas leur genre d’avoir plusieurs partenaires sexuels. Le sexe pour elle, ce n’est pas pour se faire plaisir, c’est pour faire des enfants. Elles se doivent de respecter leur corps.
Attendez, mais en quoi prendre du plaisir avec divers individus est irrespectueux envers soi-même ? Tant que c’est librement consenti ?
Le sexe, vous trouvez ça sale ?
C’est malheureusement ce qu’on essaye de nous inculquer depuis notre plus jeune âge. Le sexe, c’est tabou. Une fille se doit de cacher le nombre de partenaires qu’elle a eu dans sa vie si celui-ci dépasse un certain seuil. C’est mal vu. Au fond, seules les prostituées couchent avec plusieurs hommes. Une femme qui s’adonne à ce genre de plaisirs cache forcément quelque maladie ou problème mental. Elle n’est pas normale.
Pourquoi ? Quel argument valable pour justifier ces affirmations ? Quel mal y a-t-il à cela ? En quoi est-ce malsain (lorsque les deux parties sont consentantes, je le répète) ? Je n’ai toujours pas trouvé de réponse à ces questions.
Par pitié, arrêtez de qualifier de « salopes », « putes » et autres noms d’oiseaux ces femmes libres qui s’amusent et profitent de leur vie, quel que soit leur âge. Et attention, je ne parle pas ici de femmes en couple (c’est un autre débat), mais de toutes ces célibataires en quête d’aventure(s).
Frustration et jalousie refoulée sont certainement à l’origine de ces démonstrations haineuses. Une personne épanouie ne serait pas « dérangée » par cette ouverture d’esprit. Elle ne ressentirait pas le besoin ni l’envie de dénigrer ces femmes qui font ce qu’elle a toujours secrètement désiré faire, sans jamais l’assumer, par conditionnement social ou simple fermeture d’esprit.
Le cercle vicieux s’installe. Les gens parlent, les gens insultent, les gens veulent humilier. Les femmes se taisent, elles se cachent. Ce n’est pas comme ça qu’elles réussiront à se placer sur un pied d’égalité avec l’homme sur le plan sexuel.
Et c’est pour ça qu’il faut soutenir celles qui assument, celles qui osent. Soutenir les films comme « Les Gazelles », qui n’ont pas peur de montrer des femmes libres et épanouies, loin des stéréotypes et des représentations habituelles de la femme (au cinéma comme ailleurs).
À bon entendeur.
