Un Sherlock revisité, mais fidèle à l'esprit original
Tout comme la série Elementary, qui met également en scène le personnage de Sherlock Holmes, Sherlock a délaissé le XIXème siècle pour entrer de plain-pied dans le XXIème siècle. Plus qu'une simple adaptation des romans de Sir Arthur Conan Doyle, il s'agit donc là de revisiter le concept pour un dépoussiérage en bonne et due forme. Dépoussiérage qui respecte cependant tous les codes du personnage : Sherlock vit toujours à Londres au 221B Baker Street, chez sa logeuse Mrs. Hudson, dans un logement qu'il partage en colocation avec le Dr. Watson.
Benedict Cumberbatch, remarqué notamment dans le rôle de l'impressionnant Khan dans le Star Trek Into Darkness de J.J Abrams, compose un Sherlock excentrique à l'intelligence hors normes, charismatique, odieux parfois... mais tellement irrésistible (smart is the new sexy !). S'inscrivant dans la vague actuelle des héros de séries au QI d'exception, on ne peut manquer de voir des bribes du Sheldon Cooper de The Big Bang Theory dans ce personnage savoureux de « sociopathe hautement fonctionnel » qui ne supporte pas la lenteur d'esprit de l'humain moyen.
Un casting parfait
Sherlock ne serait pas Sherlock sans son acolyte Watson. Interprété avec finesse par Martin Freeman (Le Hobbit), ce Dr. Watson aux fêlures touchantes, pendant raisonnable de Sherlock, forme avec ce dernier un duo qui fonctionne à la perfection, à la fois drôle et attachant. A ce titre, le couple fait désormais partie du panthéon des « bromances » les plus réussies de la télévision. Autour de ce duo, le reste du casting régulier est à la hauteur de la qualité de la série, de la fantasque Mrs. Hudson au passé haut en couleurs, au très british et emprunté Mycroft, frère aîné haut placé de Sherlock, en passant par l'inspecteur Lestrade et la douce Molly Hooper. Mais c'est lors des face-à-face avec ses ennemis que l'excellence du jeu des acteurs culmine, et l'on se délecte des bras de fer intellectuels de Sherlock avec la séduisante et vénéneuse Irene Adler ou l'incontournable James Moriarty (surprenant Andrew Scott).
Une écriture et une mise en scène haut de gamme
Fait notable dans les aventures de Sherlock Holmes : l'importance de l'implication personnelle du personnage dans ses enquêtes. Lorsque ses grands ennemis frappent, c'est presque moins pour le plaisir de faire le mal que pour défier publiquement l'esprit hors du commun du grand Sherlock, dans une joute de cerveaux passionnante. Les scénaristes de Sherlock, dont Steven Moffat, aussi scénariste sur la série Doctor Who, mettent cette implication à profit de façon virtuose. Pour créer des scènes de confrontation paroxystiques, mais aussi donner à la série un aspect feuilletonnant et addictif, ainsi que des season finales à couper le souffle, comme celui de la saison 2.
Et que dire des scénarios ? Si les histoires s'inspirent librement des aventures littéraires bien connues de Sherlock Holmes, comme Le chien des Baskerville, les scénaristes leur ont insufflé un nouvel éclairage, une mise en scène et une image moderne et inventive, doublés d'une écriture précise et ciselée. Finalement, le seul défaut de la série serait de ne comporter que 9 épisodes !
En résumé, Sherlock est LA série so classe et so british à ne pas louper, à regarder en VO de préférence pour profiter de la belle voix grave et du « flow » de Benedict Cumberbatch. Sortie au rythme d'une saison tous les deux ans depuis 2010, il vous reste encore du temps pour vous rattraper avant une saison 4 prévue, selon les dernières rumeurs, pour fin 2015.