Je dois vous avouer quelque chose. : je suis complètement addict... au fond de teint.
Cela fait 12 ans que j'ai commencé. Au lycée, j'ai voulu faire comme tout le monde, enfin toutes les filles. Elles avaient l'air tellement plus radieuses, souriantes, splendides que forcément j'ai voulu être comme elles. Me sentir belle et épanouie grâce à cette substance transcendante aux reflets magiques qui transforme votre peau de "j'ai pas envie d'être réveillée, je veux retourner me coucher" en "Bonjour moi je suis une fille hyper dynamique et sûre de moi" !
C'est alors que ce piège s'est refermé sur moi... la machine était en route, JE SUIS DEVENUE ACCRO !
Dans les premiers temps, tout se passait bien. Juste quelques touches par-ci par-là juste histoire d'essayer ce que ça faisait. Puis les premiers compliments sont arrivés. "Tiens il y a quelque chose qui a changé chez toi ?" "Houwahhh tu as bonne mine !!" Il ne m'en fallait pas plus pour que je m'en étale sur le visage tous les jours.
Cependant, quand on est addict, on aime goûter à plusieurs produits. Lorsqu‘on met du fond de teint, il faut trouver la "bonne marque" (car pour accro comme moi ça fait un sacré budget) mais surtout sa teinte. Alors là, faut trouver le bon dealer. Celui qui te fera t'envoyer en l'air tout en te fidélisant pour que tu puisses revenir le voir à chaque fois.
Pourtant, ce n'est pas tout : le plus important, c'est la texture et la couleur. Grand challenge pour une femme : il faut respecter sa carnation (celle qui te fera belle sans que ça se voit... euh tu as compris la nuance ?). Vu que nous sommes toutes différentes, bah faut pas se tromper : il ne fallait pas que je prenne ivoire sinon je devenais blanche comme un cachet d'aspirine ni camel sinon effet carotte garanti.
Un vrai défi au quotidien. Mais j'y ai pris goût. Au bout d'un an, impossible de sortir dans la rue sans fond de teint. Vous vous imaginez la contrainte pour mes proches. Lorsque je devais sortir (même juste pour aller chercher le pain), ça nécessitait une heure de préparation dans ma salle de bain.
Puisque jeunesse se faisait, ma peau a subitement révélé des imperfections. Pas grand-chose mais des petits boutons insupportables pour moi qu'il fallait vite camoufler avec mon Précieux fond de teint. Puis vous vous imaginez bien, qui dit fond de teint dit aussi maquillage (mais ceci est un autre sujet).
Finalement, il est devenu mon masque de protection. Reconnue pour mes conseils et accessoires beauté, je ne pouvais plus faire machine arrière. Vous comprenez, qu’allais-je devenir si j'arrêtais ? Me considérerait-on encore comme MOI ou serais-je sans identité, sans personnalité ? Alors j'ai continué.
Petite anecdote : je mettais même du fond de teint en été ! Avec le recul, je sais qu'avec la chaleur, je transpirais et que finissais par ressembler à un panda.
Mais aujourd'hui, je me rends compte que je suis vraiment devenue dépendante du maquillage. Je n'arrive plus à m'en passer, et loin de me sublimer, il m'est plutôt nécessaire pour que j'ose sortir dehors. C'est dommage, et je m'en rends compte. J'admire ces femmes qui ne portent pas de maquillage, et qui n'en ressentent pas le besoin.
Je sais que je ne passerai pas d'une addiction aussi sévère à une absence totale de maquillage du jour au lendemain, mais j'ai vraiment pris la décision de porter moins souvent du fond de teint, ou en tout cas, seulement quand j'en ai envie, pour sortir, ou pour le travail.
Le chemin de la désintoxication sera sûrement long, mais je suis motivée... Alors demain, c'est décidé, j'arrête !