C’est une révolution fiscale que beaucoup n’avaient pas vue venir. Vendredi 31 octobre 2025, l’Assemblée nationale a adopté un amendement historique créant un nouvel impôt baptisé « impôt sur la fortune improductive » (IFI²), appelé à remplacer l’actuel impôt sur la fortune immobilière (IFI).

Soutenu par une coalition hétéroclite, ce texte marque un tournant dans la politique de taxation du patrimoine en France. Mais que signifie concrètement cette réforme, et pourquoi provoque-t-elle déjà un tel séisme politique ?
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Un impôt inédit pour remplacer l’IFI
Depuis 2018, l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) taxait uniquement les biens immobiliers détenus par les foyers les plus aisés, en remplacement de l’ancien impôt de solidarité sur la fortune (ISF) supprimé par Emmanuel Macron. Cette version allégée de la taxation du capital avait pour but de favoriser l’investissement productif et d’éviter la fuite des capitaux.
Mais sept ans plus tard, la mesure est jugée insuffisante par une partie des parlementaires. Sous l’impulsion du député Jean-Paul Matteï (MoDem), et après un remaniement du texte par les socialistes, l’Assemblée nationale a voté l’instauration d’un impôt plus large, visant désormais les biens matériels et financiers considérés comme “improductifs”.
Une coalition inédite, composée du Rassemblement national, du parti socialiste, du MoDem et du groupe centriste Liot, a permis son adoption surprise, dans un contexte budgétaire déjà explosif.
Que recouvre la notion de « fortune improductive » ?
Le principe de ce nouvel impôt repose sur une idée simple : inciter les détenteurs de grandes fortunes à investir dans l’économie réelle plutôt que dans des actifs de prestige ou spéculatifs.
Concrètement, l’impôt sur la fortune improductive s’appliquera non seulement aux biens immobiliers, mais aussi à de nombreux autres actifs matériels ou financiers :
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les métaux précieux (or, argent, platine…) ;
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les œuvres d’art et objets de collection ;
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les voitures de luxe, yachts et jets privés ;
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certains actifs numériques, tels que les crypto-monnaies ;
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ainsi que certains contrats d’assurance-vie à forte valeur patrimoniale.
Cette nouvelle assiette fiscale élargie marque donc une rupture majeure avec la logique du seul patrimoine immobilier. Elle vise à faire contribuer davantage les contribuables dont la richesse repose sur des biens jugés peu utiles à la collectivité.
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Un taux unique à 1%
Autre changement important : le barème progressif de l’IFI, actuellement compris entre 0,5% et 1,5%, sera remplacé par un taux unique fixé à 1%.
Cette simplification est présentée par ses promoteurs comme une mesure de transparence et d’efficacité. Selon Jean-Paul Matteï, ce taux uniforme permettra de rendre le calcul plus lisible tout en évitant les contournements fiscaux.
Le texte prévoit toutefois une exonération partielle pour la résidence principale, dans la limite d’un million d’euros de valeur. Au-delà de ce seuil, la part excédentaire sera intégrée dans l’assiette taxable.
Encourager l’investissement réel
L’un des objectifs affichés de cette réforme est de réorienter les capitaux vers les secteurs productifs : logement locatif, entreprises, innovation, économie verte…
Les députés à l’origine du texte veulent pénaliser la thésaurisation et récompenser l’investissement actif. L’idée : taxer les patrimoines qui dorment ou se concentrent sur le luxe, plutôt que ceux qui créent de la valeur et de l’emploi.
Un concept inspiré de réflexions économiques récentes, notamment celles de l’économiste Gabriel Zucman, à l’origine de la « taxe Zucman » évoquée mais finalement rejetée par le gouvernement.
Une coalition politique inattendue
Le plus surprenant dans ce vote reste la coalition qui l’a rendu possible. À gauche, les socialistes ont soutenu la proposition, y voyant un « rétablissement de l’esprit de l’ISF ».
« Nous rétablissons une forme de justice fiscale », a salué le député Philippe Brun (PS), se félicitant d’un retour symbolique à la taxation du capital.
Mais ce sont les votes conjoints du MoDem, du Rassemblement national et du groupe Liot qui ont véritablement permis à l’amendement de passer. Un alliage politique improbable, illustrant le climat parlementaire fragmenté de cette fin d’année 2025.
Un gouvernement opposé à la mesure
Sans surprise, le gouvernement s’y oppose fermement. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a dénoncé une initiative « populiste et incertaine » :
« Il n’y a aucune certitude sur ce que cet impôt rapportera. C’est une mesure symbolique, pas budgétaire. »
Du côté de la majorité présidentielle et du parti Horizons, les critiques se concentrent sur le risque de freiner l’investissement privé et de taxer l’épargne des Français.
« Ce nouvel impôt revient à sanctionner ceux qui épargnent. Il ne fera qu’accroître la défiance et la fuite des capitaux », a estimé le député Philippe Juvin (LR).
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La gauche divisée sur le fond
À gauche aussi, le débat reste vif. Les Insoumis ont dénoncé un texte jugé trop timide.
« On affaiblit l’IFI sans rétablir l’ISF », a regretté Éric Coquerel, président de la commission des Finances.
Pour La France insoumise, cette réforme n’est qu’un palliatif, loin de l’ambition d’un impôt réellement redistributif.
Les socialistes, eux, y voient au contraire une victoire symbolique, estimant qu’il s’agit d’un premier pas vers une fiscalité plus équitable.
Une réforme encore incertaine
Pour l’heure, le texte adopté n’est qu’un amendement, intégré au projet de loi de finances en cours d’examen. Il devra encore être confirmé au Sénat, puis validé dans la version finale du budget pour entrer en vigueur en 2026.
De nombreux points restent flous :
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le rendement fiscal attendu,
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les modalités précises d’évaluation des biens,
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et la compatibilité de la mesure avec le droit européen.
Le Conseil constitutionnel pourrait également être saisi si la majorité présidentielle décidait de contester la mesure.
Un débat symbolique sur la justice fiscale
Au-delà des chiffres, cette réforme rouvre un débat de fond : celui de la justice fiscale et de la place de la richesse dans la société.
Faut-il davantage taxer le patrimoine pour financer les dépenses publiques et réduire les inégalités ? Ou au contraire préserver les grandes fortunes pour encourager l’investissement et la croissance ?
En France, la question divise depuis toujours. L’abolition de l’ISF en 2017 avait marqué un tournant libéral ; l’apparition de cet impôt sur la fortune improductive symbolise, à l’inverse, un retour à une logique de redistribution.
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En résumé
L’adoption de l’impôt sur la fortune improductive marque un tournant politique et fiscal majeur. En élargissant la taxation aux biens de luxe et aux actifs non productifs, l’État veut encourager l’investissement utile et rétablir une forme d’équité dans la contribution des plus fortunés.
Mais cette mesure, encore incertaine dans son application, révèle surtout une fracture profonde entre ceux qui défendent la relance par la richesse, et ceux qui prônent la redistribution par la justice fiscale.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : le débat sur la fortune des Français n’a pas fini d’enflammer l’Assemblée.
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