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Cette « épidémie mondiale » qui menace des millions de Français et serait prête à exploser

26 octobre 2025 - 21 : 49

par Clémence L’arthrose, considérée comme une épidémie mondiale, touche déjà 10 millions de Français et pourrait s’aggraver avec la hausse de l’obésité. Zoom sur cette maladie articulaire qui affecte surtout les femmes.

C’est un mal qui s’installe lentement, mais sûrement. Selon le rhumatologue Emmanuel Maheu, l’arthrose est devenue un véritable fléau mondial. En France, 10 millions de personnes en souffrent déjà, et le chiffre ne cesse d’augmenter.

Cette épidémie mondiale qui menace des millions de Français et serait prête à exploser

Longtemps considérée comme une simple maladie du vieillissement, elle touche aujourd’hui des adultes de plus en plus jeunes. Et selon les dernières études, cette tendance pourrait encore s’amplifier dans les années à venir.

Une explosion mondiale des cas d’arthrose

Lors d’une conférence organisée par Lohmann & Rauscher et IBSA Pharma, le docteur Maheu a dressé un constat alarmant : entre 600 et 700 millions de personnes souffriraient d’une arthrose symptomatique dans le monde. En trente ans, le nombre de cas a bondi de 132 %. En France, cela représente un Français sur six, tous âges confondus.

Cette progression spectaculaire s’explique principalement par un phénomène bien connu : la hausse de l’obésité. Selon une étude publiée en 2024 par The Lancet, le monde compte désormais 879 millions d’adultes obèses et 159 millions d’enfants et adolescents en surpoids.

Il y a trente ans, ces chiffres étaient respectivement quatre à cinq fois inférieurs. Or, le surpoids exerce une pression mécanique constante sur les articulations — en particulier les genoux, les hanches et le dos —, favorisant ainsi l’apparition ou l’aggravation de l’arthrose.

Mais le poids n’est pas la seule explication. L’allongement de l’espérance de vie, la sédentarité, l’usure des articulations liée à certaines professions et parfois même la génétique entrent aussi en jeu.

Résultat : l’arthrose n’est plus une pathologie réservée aux seniors. On la voit désormais apparaître dès la quarantaine, notamment chez les personnes actives ou sportives.

L’arthrose des mains : un cas particulièrement préoccupant

Si le genou et la hanche restent souvent associés à la maladie, c’est aujourd’hui l’arthrose des mains qui inquiète le plus les spécialistes. « Quatre-vingts à quatre-vingt-dix pour cent des personnes atteintes d’arthrose digitale sont des femmes », explique le docteur Maheu.

Les raisons de cette prédominance féminine sont multiples : facteurs hormonaux, prédispositions génétiques et changements hormonaux liés à la ménopause semblent jouer un rôle majeur. La baisse des œstrogènes, notamment, aurait un impact sur le cartilage et les ligaments, rendant les articulations plus fragiles et sujettes à l’inflammation.

Au-delà de la douleur, cette forme d’arthrose a un impact concret sur la vie quotidienne. D’après les observations du docteur Maheu à l’hôpital Saint-Antoine, 54 % des patients éprouvent des difficultés à écrire, à ouvrir un pot, ou même à tenir un stylo. 10 % ont du mal à manipuler leurs médicaments, ce qui pose un réel problème d’autonomie, notamment chez les personnes âgées vivant seules.

Une maladie qui ronge le quotidien

L’arthrose est la maladie articulaire la plus fréquente en France, selon l’Inserm. Elle se caractérise par une dégradation progressive du cartilage qui recouvre les extrémités des os dans les articulations. À mesure que ce cartilage s’amincit, les os se frottent entre eux, provoquant douleur, inflammation et raideur articulaire.

Mais l’arthrose ne se limite pas à un simple problème mécanique. Les chercheurs savent aujourd’hui qu’il s’agit d’une maladie complexe impliquant tout un ensemble de tissus : os, ligaments, membrane synoviale et muscles environnants.

Ce déséquilibre entraîne des dysfonctionnements chroniques qui, sans prise en charge adaptée, peuvent évoluer vers une perte partielle de mobilité.

Les femmes, principales victimes de l’arthrose

Si les chiffres sont déjà impressionnants, ils cachent une réalité encore plus marquée : l’arthrose touche majoritairement les femmes. En plus des raisons hormonales évoquées, certains comportements sociaux et professionnels aggravent la situation.

Les femmes sont souvent plus sollicitées pour les tâches manuelles répétitives, qu’il s’agisse de travaux domestiques ou de métiers manuels (soins, artisanat, restauration, etc.).

À cela s’ajoute une prise en charge encore insuffisante. Beaucoup de patientes mettent du temps à consulter, considérant la douleur comme « normale » ou inévitable avec l’âge. D’autres hésitent à en parler par crainte d’être mal comprises. Résultat : le diagnostic est souvent posé tard, lorsque les symptômes deviennent handicapants.

Des traitements encore limités

Malheureusement, il n’existe aucun traitement curatif de l’arthrose à ce jour. Les thérapies disponibles visent avant tout à soulager la douleur et à ralentir la progression de la maladie.

Selon l’Inserm, les approches les plus efficaces combinent des soins non médicamenteux (activité physique douce, kinésithérapie, perte de poids, alimentation équilibrée) et des traitements pharmacologiques légers pour atténuer l’inflammation.

Les anti-inflammatoires, gels ou infiltrations peuvent apporter un soulagement ponctuel, mais ils ne traitent pas la cause du problème. C’est pourquoi la Société française de rhumatologie insiste sur l’importance d’une prise en charge individualisée. Chaque patient doit être évalué en fonction de son âge, de sa localisation douloureuse, de son poids et de son mode de vie.

La rééducation joue aussi un rôle clé : elle permet de renforcer les muscles qui soutiennent les articulations, d’améliorer la souplesse et de retrouver une meilleure autonomie. Dans certains cas avancés, la chirurgie (comme la pose d’une prothèse de hanche ou de genou) reste la seule solution efficace pour redonner de la mobilité.

Un enjeu de santé publique majeur

Avec 10 millions de personnes concernées en France, l’arthrose représente un véritable défi de santé publique. Elle pèse lourdement sur les dépenses de santé, mais aussi sur le quotidien de ceux qui en souffrent. Douleurs chroniques, perte de mobilité, isolement social… l’impact psychologique est souvent sous-estimé.

L’Organisation mondiale de la santé classe désormais l’arthrose parmi les principales causes d’incapacité dans le monde. Si rien n’est fait, le nombre de cas pourrait exploser d’ici 2050, notamment en raison du vieillissement de la population et de la hausse du surpoids chez les jeunes générations.

Face à ce constat, les spécialistes appellent à une meilleure prévention : lutte contre la sédentarité, campagnes d’information, dépistage précoce et suivi personnalisé. Car plus la maladie est détectée tôt, plus les chances de limiter ses effets à long terme sont importantes.

En bref

L’arthrose touche aujourd’hui 600 à 700 millions de personnes dans le monde, dont 10 millions en France.
La forme la plus courante est celle des mains, qui touche majoritairement les femmes.
Le surpoids, la sédentarité et l’âge sont les principaux facteurs de risque.
Aucun traitement curatif n’existe pour le moment, mais des mesures préventives et une prise en charge adaptée permettent de ralentir la progression de la maladie.

L’arthrose, longtemps ignorée, s’impose aujourd’hui comme une épidémie silencieuse. Et si la médecine progresse, le véritable enjeu reste de taille : mieux prévenir pour éviter de souffrir.

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Clémence

Je fais partie de la rédac' SBG, et j'aime écrire, sortir, m'amuser, manger (très important, ça aussi !) et partager. Je vous propose donc régulièrement de découvrir mes derniers coups de <3.