Le message envoyé par les Français est sans équivoque. D’après un sondage CSA publié ce mercredi pour CNEWS, Europe 1 et le JDD, 68 % des Français souhaitent la tenue d’une élection présidentielle anticipée, contre seulement 31 % qui y sont opposés.
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Un chiffre fort, qui traduit une fatigue démocratique et un désir de renouvellement politique après plusieurs mois de turbulences institutionnelles et économiques.
Cette enquête, réalisée les 14 et 15 octobre auprès d’un échantillon représentatif de 1 011 personnes majeures, intervient dans un contexte particulièrement tendu, marqué par la démission du gouvernement Lecornu, les divisions au sein de la majorité présidentielle et une opposition toujours plus offensive.
Un désir de changement largement partagé
Dans le détail, le sondage révèle que 70 % des femmes et 65 % des hommes interrogés se disent favorables à une présidentielle anticipée. Le souhait d’un changement rapide à la tête de l’État est particulièrement marqué chez les jeunes générations : 89 % des 18-24 ans se prononcent pour, tout comme 73 % des 35-49 ans et 72 % des 25-34 ans. À l’inverse, les 65 ans et plus apparaissent plus divisés, avec 51 % favorables à un nouveau scrutin et 49 % attachés au maintien du calendrier actuel.
Socialement, le clivage est également net : 73 % des CSP-, soit les catégories les moins favorisées, soutiennent l’idée d’une présidentielle anticipée, contre 68 % des inactifs et 63 % des CSP+. Ces chiffres confirment que les classes populaires et moyennes sont aujourd’hui les plus demandeuses d’un changement radical à la tête du pays.
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Une France politiquement polarisée
Sur le plan politique, les résultats de ce sondage mettent en lumière une fracture idéologique profonde. À gauche, les sympathisants de La France insoumise se montrent les plus déterminés : 88 % d’entre eux réclament un nouveau scrutin. Leur cheffe de file, Mathilde Panot, a d’ailleurs déposé cette semaine à l’Assemblée nationale une nouvelle motion de destitution visant le président de la République, soutenue par des élus communistes et écologistes.
Les partisans du Parti socialiste (54 %) et des Écologistes (52 %) se montrent plus partagés, préférant sans doute attendre la fin du mandat d’Emmanuel Macron pour se repositionner dans le jeu politique.
À droite, la tendance est inverse mais tout aussi tranchée. 90 % des sympathisants du Rassemblement national veulent une élection anticipée, un taux qui illustre la stratégie offensive du parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui exigent depuis des semaines la dissolution de l’Assemblée ou la démission du président. Chez Les Républicains, 60 % des électeurs interrogés partagent ce souhait, tandis que 40 % privilégient la stabilité institutionnelle.
Sans surprise, les sympathisants de Renaissance, le parti présidentiel, se montrent largement défavorables à une telle hypothèse : 72 % d’entre eux rejettent l’idée d’une présidentielle anticipée, contre 28 % qui s’y disent ouverts.
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Une majorité fragilisée, un centre isolé
Ce sondage illustre également l’isolement du camp présidentiel, affaibli par la succession de crises et la démission du gouvernement. Alors que le Premier ministre Sébastien Lecornu a quitté ses fonctions début septembre, la majorité peine à retrouver un équilibre stable. Le centre macroniste, pilier du pouvoir depuis 2017, se retrouve désormais encerclé entre une gauche radicalisée et une droite conquérante.
Même au sein de la coalition présidentielle, les fissures se multiplient : Édouard Philippe, président du parti Horizons, allié d’Emmanuel Macron, a récemment appelé à l’organisation d’une élection anticipée, estimant qu’elle serait « le seul moyen de redonner un souffle démocratique ». Un signe supplémentaire que la cohésion de la majorité s’érode.
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L’Élysée reste inflexible
Malgré cette pression populaire et politique croissante, l’Élysée exclut catégoriquement toute hypothèse de démission ou de dissolution anticipée. Le président Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté d’« aller au bout du mandat », considérant qu’une telle initiative serait « un aveu d’impuissance face à la situation ».
Mais cette position pourrait devenir difficile à tenir si la défiance continue de croître. Car avec 68 % des Français souhaitant une nouvelle élection présidentielle, l’idée d’un retour aux urnes n’est plus marginale : elle incarne aujourd’hui le cœur d’une impatience nationale et traduit le sentiment d’un fossé grandissant entre les dirigeants et les citoyens.
Un chiffre symbolique, qui résonne comme un avertissement politique majeur : plus de six Français sur dix veulent tourner la page Macron avant 2027.
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