Un prix Nobel français qui fait déjà parler de lui
Tout juste couronné du prix Nobel d’économie 2025, Philippe Aghion a créé la surprise ce lundi 13 octobre au soir lors de son passage au journal de 20h de France 2.
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Interrogé par Léa Salamé, l’économiste français a plaidé pour une suspension immédiate de la réforme des retraites, au cœur des débats politiques depuis plusieurs mois.
« Je pense qu’il faut arrêter l’horloge maintenant jusqu’aux élections présidentielles », a-t-il affirmé, avant de préciser :
« On est à 62 ans et 9 mois, on stoppe à 62 ans et 9 mois jusqu’à la présidentielle. C’est la façon de calmer les choses, et ça ne coûte pas très cher de stopper. »
Une déclaration forte, qui intervient alors que le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu doit annoncer dans les prochaines heures s’il compte ou non suspendre la réforme, condition posée par les socialistes pour ne pas voter la motion de censure qui menace Matignon.
Un appel au calme dans un climat politique explosif
Pour Philippe Aghion, cette suspension ne signifie pas un abandon définitif du texte, mais plutôt une pause stratégique pour éviter d’attiser les tensions.
« Ça ne veut pas dire que la réforme est supprimée », a-t-il tenu à préciser.
« Ça veut dire que si rien ne se passe, ça reprend en 2027. »
Selon lui, ralentir le rythme de la réforme serait « un moyen pragmatique d’apaiser le climat social » sans remettre en cause le principe même du relèvement progressif de l’âge de départ.
Cette position tranche avec celle du président Emmanuel Macron, qui avait jusqu’ici toujours refusé l’idée d’un gel temporaire. Un désaccord symbolique, d’autant plus frappant que Philippe Aghion a longtemps été un proche conseiller du chef de l’État.
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Un ancien mentor de Macron qui prend ses distances
Proche du président depuis leur rencontre en 2007, Philippe Aghion a joué un rôle essentiel dans la construction du programme économique d’Emmanuel Macron. Inspiré par sa théorie de la “croissance endogène”, l’économiste avait largement contribué à façonner la vision libérale et pro-innovation du futur président.
Mais depuis quelques années, leurs positions divergent. En 2024, Aghion avait déjà critiqué dans Libération une “dérive vers la droite” et dénoncé un pouvoir jugé “trop vertical”. Ce lundi, son intervention sur France 2 confirme cette prise de distance publique avec la ligne élyséenne.
S’il reconnaît avoir soutenu certaines réformes phares — comme la flat-tax sur les revenus du capital ou la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière (IFI) —, il estime aujourd’hui que la France doit retrouver un équilibre entre compétitivité et cohésion sociale.
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Un économiste en faveur d’un compromis pragmatique
Pour le nouveau lauréat du Nobel, la priorité n’est pas d’enchaîner les réformes à marche forcée, mais de stabiliser la société avant 2027.
« Ce n’est pas très coûteux d’arrêter temporairement », a-t-il insisté, en référence à l’allongement progressif de l’âge légal de départ, fixé actuellement à 62 ans et 9 mois.
Philippe Aghion plaide ainsi pour un modèle de “63 ans plus revoyure”, un compromis souple permettant d’adapter la réforme en fonction du contexte économique et social.
Cette approche illustre parfaitement sa philosophie économique : celle d’une innovation mesurée, fondée sur la croissance durable, la confiance sociale et l’anticipation des chocs.
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Un désaccord assumé sur la taxe Zucman
Interrogé également sur la taxe mondiale sur les grandes fortunes défendue par l’économiste Gabriel Zucman, Philippe Aghion a tenu à marquer ses réserves.
« Je pense qu’il faut qu’il y ait un effort des hauts patrimoines, mais je ne veux pas toucher l’outil productif et je ne veux pas pénaliser ceux qui innovent », a-t-il expliqué.
S’il reconnaît la nécessité d’une meilleure redistribution, il se montre critique face à une fiscalité qui, selon lui, risquerait de freiner l’investissement et l’innovation. En revanche, il appelle à s’attaquer aux abus des holdings familiales, évoquant « un véritable problème d’équité » dans ce domaine.
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Un Prix Nobel salué par Macron malgré les divergences
Décerné ce lundi par l’Académie royale des sciences de Suède, le prix Nobel d’économie 2025 vient récompenser les travaux de Philippe Aghion sur la théorie de la croissance endogène, développée avec Peter Howitt. Leurs recherches, publiées en 1998, ont profondément influencé la politique économique contemporaine, notamment en mettant l’accent sur le rôle central de l’innovation et de la concurrence dans la prospérité des nations.
Le président Emmanuel Macron a rapidement salué cette distinction, qualifiant Aghion de « fierté française » et d’« inspiration mondiale ». Une reconnaissance symbolique, malgré les divergences de fond qui semblent désormais séparer les deux hommes.
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Un enjeu politique majeur pour le gouvernement
La déclaration de Philippe Aghion tombe à un moment particulièrement sensible pour le gouvernement Lecornu II, en quête de stabilité depuis sa formation. Alors que les débats autour du budget 2026 et de la réforme des retraites divisent la majorité, l’appel du prix Nobel pourrait peser dans la décision du Premier ministre.
Ce mardi, Sébastien Lecornu doit en effet présenter sa déclaration de politique générale. Selon plusieurs observateurs, la suspension de la réforme pourrait être le geste politique décisif pour éviter une motion de censure et rallier une partie de la gauche modérée.
Dans ce contexte, la voix de Philippe Aghion, respectée dans les milieux économiques et politiques, résonne comme un signal fort de modération.
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En bref
Le nouveau prix Nobel d’économie Philippe Aghion appelle à “arrêter l’horloge” de la réforme des retraites jusqu’à la présidentielle de 2027.
Ancien conseiller d’Emmanuel Macron et artisan de son programme économique, il plaide pour une pause apaisée afin de rétablir la confiance sociale.
Tout juste récompensé pour ses travaux sur la croissance et l’innovation, Aghion s’impose désormais comme une voix d’autorité et de raison, à un moment charnière pour la France politique et économique.
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