C’est un retour que peu avaient anticipé. Moins d’une semaine après sa démission, Sébastien Lecornu a été renommé Premier ministre par Emmanuel Macron, vendredi 10 octobre.
Une décision inattendue, qui a provoqué l’incrédulité jusque dans les rangs de la majorité. Mais sur X (anciennement Twitter), le chef du gouvernement a tenu à expliquer pourquoi il avait accepté de reprendre les rênes de Matignon malgré les turbulences politiques de ces derniers jours.
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Un retour « par devoir » plus que par ambition
Lundi 6 octobre, Sébastien Lecornu annonçait sa démission du gouvernement, à peine quelques heures après avoir dévoilé la liste de ses premiers ministres.
Deux jours plus tard, sur le plateau de France 2, il affirmait que sa « mission était terminée », laissant entendre qu’un nouveau chef de gouvernement serait nommé dans les 48 heures. Contre toute attente, c’est bien lui qu’Emmanuel Macron a rappelé à Matignon, quatre jours plus tard.
Face à cette décision pour le moins déroutante, Sébastien Lecornu a tenu à justifier son choix dans un message publié sur X :
« J’accepte – par devoir – la mission qui m’est confiée par le Président de la République de tout faire pour donner un budget à la France pour la fin de l’année et de répondre aux problèmes de la vie quotidienne de nos compatriotes. »
Le Premier ministre reconnaît donc agir par sens du devoir, conscient de la gravité de la situation politique et budgétaire. À ses yeux, le pays ne peut pas se permettre une nouvelle période d’instabilité alors que la présentation du budget 2026 approche à grands pas.
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Le budget 2026, première urgence du nouveau gouvernement
Dès sa reconduction, Sébastien Lecornu a fixé sa priorité absolue : le budget de l’État. Le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) doivent être présentés en Conseil des ministres lundi 13 octobre, un délai extrêmement court pour un exécutif encore en formation.
« Je ferai tout pour réussir cette mission », a-t-il promis, assurant vouloir agir rapidement pour rétablir la confiance et stabiliser la majorité après plusieurs semaines de crise institutionnelle.
Une tâche ardue, d’autant que les oppositions se tiennent prêtes à dégainer leurs motions de censure.
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Des oppositions unanimes… contre lui
Ce retour express à Matignon n’a pas manqué de faire réagir l’ensemble du spectre politique. À gauche, les réactions oscillent entre ironie et indignation.
Plusieurs responsables ont même cité Albert Einstein pour dénoncer la décision du président et du Premier ministre.
Sur le plateau de LCP, la députée Sarah Legrain (LFI) a résumé la pensée générale :
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »
Un propos également repris par Alexis Corbière, ex-insoumis, sur X, et par Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Ce dernier a renchéri sur RTL, parlant d’un « refus obstiné et déraisonnable d’écouter le pays » de la part d’Emmanuel Macron, avant de pointer du doigt le « côté forcené » du chef de l’État.
Face à cette reconduction jugée incompréhensible, le Parti socialiste n’exclut pas de déposer sa propre motion de censure, rejoignant ainsi La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN), déjà déterminés à renverser le futur gouvernement.
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Un défi politique et personnel
Pour Sébastien Lecornu, cette seconde chance à Matignon s’annonce plus périlleuse encore que la première. En quelques jours, il est passé du statut de Premier ministre démissionnaire à celui de chef de gouvernement en sursis, chargé de réunir une majorité introuvable et de convaincre un Parlement divisé.
Les défis sont nombreux :
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faire adopter un budget d’ici la fin de l’année,
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éviter une censure imminente,
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et rétablir un minimum de stabilité politique après des semaines d’incertitude.
Malgré la pression, Sébastien Lecornu veut croire à sa capacité de rassemblement.
En réaffirmant son attachement au débat parlementaire et au rétablissement des comptes publics, il espère convaincre au-delà de la majorité présidentielle.
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Une mission à haut risque
Mais les chances de succès semblent minces. Les oppositions, galvanisées par la crise institutionnelle, semblent prêtes à faire tomber le gouvernement dès sa déclaration de politique générale.
Dans ce contexte tendu, le Premier ministre joue gros : sa crédibilité, sa carrière politique, et peut-être même la survie du macronisme.
Quatre jours après avoir quitté Matignon, Sébastien Lecornu y revient avec un message clair : il le fait « par devoir », pas par goût du pouvoir. Reste à savoir si ce sens du devoir suffira à sauver un gouvernement déjà sous la menace d’une censure — et un président plus isolé que jamais.
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