À peine revenu à Matignon, Sébastien Lecornu n’a pas perdu de temps pour poser ses conditions. Seulement cinq jours après avoir présenté sa démission, le Premier ministre a été renommé par Emmanuel Macron, vendredi 10 octobre.
Un retour éclair qui a surpris jusque dans les rangs de la majorité. Mais avant même d’annoncer la composition de son nouveau gouvernement, Lecornu a tenu à mettre en garde ses futurs ministres : leur loyauté devra aller à la France, pas à leurs ambitions personnelles.
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Un retour express à Matignon
C’est un véritable coup de théâtre politique. Dimanche 5 octobre, Sébastien Lecornu présentait la liste de son gouvernement, une équipe déjà controversée pour son manque de renouvellement. Face aux critiques, il avait aussitôt présenté sa démission, acceptée par Emmanuel Macron dans la foulée.
Moins d’une semaine plus tard, le chef de l’État le reconduit pourtant à Matignon, estimant que lui seul pouvait sortir le pays de la paralysie institutionnelle.
Sur X (anciennement Twitter), Sébastien Lecornu a alors confirmé son acceptation de cette mission :
« J’accepte – par devoir – la mission qui m’est confiée par le Président de la République de tout faire pour donner un budget à la France pour la fin de l’année et de répondre aux problèmes de la vie quotidienne de nos compatriotes. »
Un message qui sonne comme un serment de responsabilité, dans un contexte politique explosif.
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« Toutes les ambitions sont légitimes, mais il faut se déconnecter de 2027 »
Le Premier ministre a dévoilé, dans le même message, les grands axes de son nouveau mandat.
Parmi ses priorités :
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ouvrir un véritable débat parlementaire sur tous les dossiers évoqués ces derniers jours,
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rétablir les comptes publics, qu’il juge essentiels à la souveraineté du pays,
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et surtout, composer un gouvernement renouvelé, représentant la diversité des compétences.
Mais c’est sa mise en garde adressée à ses futurs ministres qui a le plus marqué les esprits :
« Toutes les ambitions sont légitimes et utiles, mais celles et ceux qui entreront au gouvernement devront s’engager à se déconnecter des ambitions présidentielles pour 2027. »
Une phrase lourde de sens, alors que la bataille pour la succession d’Emmanuel Macron commence déjà à agiter les coulisses du pouvoir. Lecornu veut éviter que les ego et les stratégies personnelles ne viennent parasiter l’action gouvernementale, surtout à l’approche d’une échéance aussi décisive.
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Le budget, priorité absolue
Le nouveau Premier ministre a conscience que le temps joue contre lui. Le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) doivent être présentés en Conseil des ministres dès le lundi 13 octobre, une date butoir fixée par la Constitution.
C’est donc une course contre la montre qui s’engage pour Sébastien Lecornu, contraint de former un gouvernement en urgence tout en préparant un budget décisif pour la survie politique du pays.
Son premier cabinet, trop marqué par les équilibres partisans et les compromis fragiles, lui avait valu une démission expresse. Cette fois, il compte s’imposer comme un chef incontesté, capable de restaurer la cohérence et la stabilité de l’exécutif.
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Les oppositions déjà prêtes à frapper
Mais le climat reste tendu. Dès l’annonce de sa reconduction, les oppositions ont haussé le ton. La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN) ont tous deux déclaré qu’ils censureraient le nouveau gouvernement dès sa présentation devant l’Assemblée.
Boris Vallaud, président du groupe socialiste, a quant à lui dénoncé sur RTL un « refus obstiné et déraisonnable d’écouter le pays », estimant que ce retour à Matignon prouvait l’isolement d’Emmanuel Macron.
Les Républicains, de leur côté, restent divisés : certains prônent une opposition ferme, tandis que d’autres se disent prêts à dialoguer sur le budget, à condition de ne pas « trahir leurs convictions ».
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Un Premier ministre entre rigueur et survie politique
Face à la pression, Sébastien Lecornu veut afficher une image de fermeté et de responsabilité. Il l’a rappelé : la stabilité politique ne pourra être retrouvée qu’à travers un budget solide et un dialogue parlementaire sincère.
Mais la mission s’annonce périlleuse : entre les craintes de motion de censure, les rivalités internes et l’urgence budgétaire, le nouveau locataire de Matignon joue déjà sa crédibilité.
En prévenant ses ministres qu’il ne tolérera aucune diversion liée à la présidentielle de 2027, Sébastien Lecornu tente de recentrer le débat sur l’essentiel : sortir la France de la crise et rétablir la confiance dans une majorité plus divisée que jamais.
Reste à savoir si cet avertissement suffira à ramener la discipline gouvernementale dans un climat politique qui, lui, ne cesse de se tendre.
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