La mobilisation « Bloquons tout » du mercredi 10 septembre a donné lieu à des lectures politiques radicalement différentes. Alors que le ministère de l’Intérieur s’est félicité d’une mise « en échec » des tentatives de paralysie du pays,
Jean-Luc Mélenchon salue au contraire un « succès » populaire et un mode d’action qu’il juge plus créatif que les défilés traditionnels.
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Mélenchon voit dans « Bloquons tout » un nouveau souffle
Sur son blog, le leader de La France insoumise a vanté une mobilisation « moins routinière, monotone et maîtrisable que les traditionnels défilés syndicaux ». Pour lui, cette journée portée par l’auto-organisation citoyenne, relayée largement sur les réseaux sociaux, a permis d’expérimenter de nouveaux modes d’action.
« Des journées comme celle-ci en sont de formidables moments d’apprentissage et de création », écrit Mélenchon, qui établit un parallèle avec la « révolution citoyenne » chère aux Insoumis. Présent place du Châtelet à Paris, il a salué « les innombrables initiatives locales » qui, selon lui, nourrissent une tradition d’action populaire appelée à resurgir « aux moments décisifs ».
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Un bémol sur l’unité syndicale
Mélenchon n’a toutefois pas manqué de pointer les limites du mouvement, notamment la fracture persistante entre action syndicale et action populaire de masse. La CGT et Solidaires avaient certes apporté leur soutien à « Bloquons tout », mais elles ont aussi appelé à manifester le 18 septembre, dans le cadre de l’intersyndicale. Pour Mélenchon, cette « concurrence » a affaibli la convergence des luttes. Il dit néanmoins lire le rendez-vous du 18 comme une « étape après le 10 » et promet que LFI accompagnera « partout les décisions des assemblées citoyennes ».
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Retailleau parle d’« échec » et Beauvau donne ses chiffres
À l’inverse, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a salué ce qu’il considère comme un échec des tentatives de blocage. Selon le ministère, la journée a rassemblé 175.000 participants répartis sur 812 actions. En parallèle, les forces de l’ordre ont procédé à 473 interpellations, dont 203 à Paris, et 339 gardes à vue ont été prononcées, dont 106 dans la capitale. Pour Retailleau, ces chiffres montrent que les forces de l’ordre ont su contenir le mouvement et empêcher un blocage général du pays, contrairement à ce que souhaitaient certains organisateurs.
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Le RN dénonce une récupération et des violences
De son côté, le Rassemblement national a dénoncé la « confiscation et la récupération par LFI » du mouvement de protestation. Marine Le Pen a accusé Jean-Luc Mélenchon et son camp d’avoir transformé cette mobilisation en tremplin politique, tout en laissant prospérer des scènes de « dégradation et de violence contre les forces de l’ordre ». Le RN met ainsi en avant les incidents recensés en marge de certaines actions, pour illustrer ce qu’il considère comme la conséquence directe de l’implication des Insoumis dans ce type de mobilisation.
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En résumé
La mobilisation « Bloquons tout » du 10 septembre aura donc offert un double récit. D’un côté, Jean-Luc Mélenchon salue un succès citoyen et créatif, une étape qu’il veut voir comme fondatrice pour la « révolution citoyenne » qu’il appelle de ses vœux. De l’autre, Bruno Retailleau revendique une mise en échec du mouvement grâce aux forces de l’ordre, quand Marine Le Pen et le RN dénoncent une récupération politique et des violences. Une bataille d’interprétation qui illustre combien, en France, la rue reste un terrain de confrontation politique autant qu’un espace d’expression populaire.
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