L’image est pour le moins surprenante : le 28 août dernier, quinze palettes de vin, soit près de 20 000 bouteilles, ont été livrées à la prison de Bordeaux-Gradignan.
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D’abord persuadés d’une erreur logistique, les agents pénitentiaires ont rapidement découvert qu’il s’agissait bien d’une commande de la direction, destinée à être utilisée par les détenus dans le cadre d’ateliers.
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Du vin pour des paniers garnis
Contrairement aux apparences, ces bouteilles ne sont pas destinées à la consommation directe des prisonniers. Elles doivent être reconditionnées dans des paniers garnis confectionnés par les détenus eux-mêmes, probablement dans le cadre d’ateliers d’insertion professionnelle. Ces paniers auraient ensuite vocation à être distribués ou vendus à l’extérieur, dans une logique de valorisation et de travail social. Une initiative qui, sur le papier, pourrait paraître pédagogique : permettre aux détenus de participer à la préparation de produits artisanaux, apprendre la rigueur d’un travail d’équipe et contribuer à une activité valorisante.
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Les syndicats vent debout
Mais pour les syndicats, la décision relève d’une incompréhension totale du terrain. « Personne ne pourra empêcher les détenus de boire ces bouteilles, voire de les dérober », a alerté Ronan Roudaut, secrétaire local du syndicat UFAP-Unsa Justice. Selon lui, introduire de telles quantités d’alcool dans une prison représente une prise de risque majeure, d’autant que « l’alcool est strictement interdit en détention ». La critique va plus loin : certains détenus de Bordeaux-Gradignan purgent des peines directement liées à des problèmes d’addiction à l’alcool. Dans ce contexte, faire livrer des palettes de vin au cœur de la prison relève, pour les syndicats, d’un paradoxe inacceptable.
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Une communication défaillante
Autre point dénoncé : le manque d’information. Les agents pénitentiaires affirment ne pas avoir été avertis de la livraison. Ils ont découvert les palettes par hasard, provoquant un mélange de stupeur et de colère. « Personne n’a été averti », insiste le syndicat, qui fustige une décision prise « en haut lieu » sans concertation ni anticipation des conséquences pratiques. Cette absence de communication contribue à alimenter la polémique et à renforcer le sentiment d’un choix administratif déconnecté de la réalité quotidienne des surveillants et des détenus.
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Une prison déjà sous tension
La maison d’arrêt de Bordeaux-Gradignan est régulièrement citée pour ses conditions de détention difficiles : surpopulation, violences, manque de moyens humains et matériels. Dans un tel contexte, l’arrivée de 20 000 bouteilles de vin soulève des inquiétudes supplémentaires, perçues comme une provocation pour des agents déjà épuisés par la gestion du quotidien.
Pour beaucoup, il s’agit d’un symbole de décalage entre les décisions administratives et la réalité du terrain : alors que les personnels réclament davantage de moyens pour assurer la sécurité et accompagner la réinsertion, ils voient arriver une cargaison d’alcool dont ils craignent qu’elle ne devienne un problème supplémentaire.
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En résumé
La livraison de 20 000 bouteilles de vin à la prison de Bordeaux-Gradignan, censée servir à la confection de paniers garnis par les détenus, a déclenché une vive polémique. Les syndicats dénoncent une « décision hors-sol », prise sans concertation, et alertent sur les risques liés à l’introduction d’alcool en milieu carcéral. Au-delà de l’anecdote, cet épisode met en lumière les tensions récurrentes dans le monde pénitentiaire : entre objectifs de réinsertion, contraintes sécuritaires et manque de moyens, chaque décision devient un enjeu de confiance entre direction, personnels et détenus.
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