Des rassemblements insolites mais symboliques
Ce dimanche 15 juin, des scènes inattendues ont animé les rues de Barcelone et de Majorque. Armés de pistolets à eau, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour dénoncer le tourisme de masse, devenu, selon eux, insupportable et destructeur pour leur cadre de vie.
Les images, largement relayées sur les réseaux sociaux et par les médias espagnols, montrent des habitants aspergeant des vacanciers attablés en terrasse ou déambulant dans les quartiers prisés de la capitale catalane. Le geste, non violent mais spectaculaire, vise à interpeller les touristes, les autorités et les tour-opérateurs sur l’épuisement d’une ville saturée.
Des slogans percutants et un ras-le-bol grandissant
Les manifestations, organisées notamment par des collectifs citoyens, ont donné lieu à des slogans forts affichés sur les pancartes :
-
« Le tourisme de masse tue la ville »
-
« Vos vacances, ma misère »
-
« Leur cupidité nous mène à la ruine »
Des fumigènes colorés, des autocollants et d’autres moyens visuels ont été utilisés pour attirer l’attention sur un phénomène qui gagne du terrain depuis plus de dix ans : la transformation des centres-villes historiques en décors de carte postale, au détriment des habitants.
Eva Vilaseca, 38 ans, habitante de Barcelone, a confié à Reuters son désarroi : « Je suis très fatiguée de cette nuisance dans ma propre ville. La solution est de proposer une diminution radicale du nombre de touristes à Barcelone et de miser sur un autre modèle économique qui apporte la prospérité à la ville. »
Lire aussi : Canicule ce mercredi : ces 18 départements en vigilance jaune face à la montée des températures
Un afflux touristique record… et ses conséquences
Avec 72,5 millions de visiteurs par an, l’Espagne est le deuxième pays le plus visité au monde, derrière la France. Barcelone, à elle seule, a accueilli 26 millions de touristes en 2024… pour seulement 1,6 million d’habitants. Ce déséquilibre spectaculaire explique en grande partie la montée de la frustration locale.
Les conséquences sont bien connues :
-
Explosion des loyers due à la location touristique
-
Bruit, saleté, surfréquentation des transports
-
Difficulté d’accès au logement pour les locaux
-
Transformation des quartiers en zones commerciales centrées sur les visiteurs étrangers
Dans ce contexte, la municipalité de Barcelone a annoncé en 2023 l’interdiction progressive de la location de logements touristiques, avec un objectif clair : zéro appartement touristique d’ici 2028. Une décision radicale qui vise à rééquilibrer le tissu urbain au profit des résidents permanents.
Lire aussi : Températures extrêmes : ces erreurs que vous faites sans le savoir en période de canicule
Une contestation qui gagne toute l’Europe du Sud
Les mobilisations contre le tourisme de masse dépassent désormais les frontières catalanes. Ce week-end, des manifestations similaires ont eu lieu dans d’autres villes espagnoles comme Ibiza, Malaga, Palma de Majorque, Saint-Sébastien ou encore Grenade.
Mais le phénomène n’est pas propre à l’Espagne. En Italie, des habitants de Venise, Naples, Palermo, Gênes ou encore Milan se sont également mobilisés pour s’opposer à la construction de nouveaux hôtels, qui viendraient ajouter 1 500 lits supplémentaires dans des centres déjà saturés.
Dans toutes ces villes, la population dénonce la transformation de leur environnement quotidien en attraction touristique permanente, avec à la clé une déshumanisation de l’espace urbain, une augmentation du coût de la vie et une fragilisation du tissu social local.
Lire aussi : Vendredi 20 juin : vers une canicule nationale qui touchera plus des trois quarts du pays
Des pistolets à eau comme symbole fort
Le recours aux pistolets à eau par certains manifestants a suscité un large débat. Pour certains, il s’agit d’un acte inoffensif mais marquant, destiné à créer un électrochoc symbolique. Pour d’autres, cela pourrait nuire à la cause en stigmatisant les touristes eux-mêmes, alors que la cible réelle serait plutôt les politiques d’aménagement urbain et les logiques économiques des plateformes de location courte durée.
Dans tous les cas, ces images montrent à quel point la situation devient tendue entre résidents et visiteurs, et illustrent l’urgence de repenser le tourisme international à l’heure du dérèglement climatique, de la saturation urbaine et des nouvelles attentes citoyennes.
Lire aussi : Canicule : ces villes où les températures vont exploser dans les prochains jours
En résumé
Le dimanche 15 juin 2025, Barcelone et Majorque ont été le théâtre de manifestations originales et déterminées contre le tourisme de masse. À travers des slogans, des banderoles, des pistolets à eau et des appels à une transition économique, les habitants demandent un modèle plus équilibré, plus juste et plus durable.
Alors que les grandes villes européennes continuent de battre des records d’affluence, la question n’est plus de savoir s’il faut réagir, mais comment, et jusqu’où. Car au-delà de l’anecdote insolite des pistolets à eau, c’est bien l’avenir même des centres-villes et du vivre-ensemble qui est en jeu.
Découvrez maintenant la nouvelle limite pour les paiements en espèces fixée par l’Union européenne à partir de 2027 et G7 : Giorgia Meloni lève les yeux au ciel après un murmure d’Emmanuel Macron, le web s'enflamme.