Un acteur césarisé, mais encore victime de préjugés
Révélé en 2022 par Chien de la casse et Yannick, Raphaël Quenard a très vite imposé son style : une voix singulière, un débit rapide, une présence marquée à l’écran… et surtout un accent grenoblois qui ne laisse personne indifférent. Si cet accent fait partie intégrante de son identité, il lui vaut aujourd’hui de nombreuses critiques infondées, qu’il dénonce sans détour.
Invité ce dimanche 1er juin 2025 dans l’émission de Mohamed Bouhafsi sur RTL, l’acteur de 34 ans a pris la parole avec force pour alerter sur un phénomène méconnu mais pourtant bien réel : la glottophobie. Cette forme de discrimination, basée sur la manière de parler ou les accents régionaux, touche encore de nombreuses personnes dans les médias ou les milieux professionnels.
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“On me taxe de cocaïnomane ou d’alcoolique à cause de mon élocution”
Avec émotion et lucidité, Raphaël Quenard s’est confié sur les jugements qu’il subit régulièrement dans les médias et sur les réseaux sociaux. “Souvent, on me taxe de cocaïnomanie, d’alcoolisme, pour le simple fait de mon élocution”, a-t-il expliqué. Ces attaques, parfois violentes et toujours injustes, reflètent un rejet insidieux des accents non parisiens, perçus à tort comme suspects ou non professionnels.
????️ "Souvent, on me taxe d’alcoolique à cause de mon élocution, mais je pense que c’est une espèce de marqueur différentielle avec un Paris des médias et de la glottophobie."
— RTL France (@RTLFrance) June 1, 2025
????️ Raphaël Quenard estl’invité de @mohamedbouhafsi dans #FocusDimanche sur #RTL pic.twitter.com/6nec7YPKuV
L’acteur poursuit : “Je pense que c’est un marqueur différentiel avec un Paris des médias et de la glottophobie.” Par ces mots, il met en lumière l’opposition encore très forte entre les codes parisiens jugés “neutres” et les accents régionaux souvent tournés en dérision.
Une carrière en plein essor, malgré les critiques
Et pourtant, le succès de Raphaël Quenard ne se dément pas. Depuis sa double nomination aux César en 2023 (et sa victoire dans la catégorie Meilleure révélation masculine), il enchaîne les rôles dans des films salués par la critique comme Je verrai toujours vos visages, Jeanne du Barry, Les trois fantastiques, Sentinelle ou encore L’amour ouf.
Acteur populaire et engagé, il s’apprête désormais à passer derrière la caméra avec un projet très personnel. Son premier long-métrage en tant que réalisateur et scénariste, intitulé I Love Peru, a été présenté à Cannes. Ce docu-fiction met en scène un acteur césarisé en pleine crise existentielle, incarné par lui-même, aux côtés d’un casting prestigieux composé de Marina Foïs, José Garcia et Jonathan Cohen.
Un film métaphorique et satirique, inspiré de ses propres expériences dans le milieu du cinéma, où la notoriété ne met pas toujours à l’abri des clichés et des jugements absurdes.
La glottophobie : un problème encore tabou en France
Si le terme “glottophobie” reste peu connu du grand public, ses effets sont bien réels, notamment dans les sphères médiatiques. De nombreuses personnalités publiques témoignent d’un sentiment de rejet ou de moquerie dès qu’elles s’expriment avec un accent régional marqué. Cette forme de discrimination, encore tolérée voire banalisée, alimente des inégalités culturelles et sociales profondes.
Pour Raphaël Quenard, il est temps que les mentalités évoluent. “Ce n’est pas parce que je parle vite, avec un accent, que je suis sous l’effet de quelque chose”, semble-t-il marteler à travers ses propos. L’acteur plaide pour une représentation plus inclusive de la diversité linguistique française, qui ne se limite pas à l’accent parisien normatif.
Une voix singulière devenue sa signature
Loin de vouloir “gommer” son accent, Raphaël Quenard en a fait sa marque de fabrique. Ce timbre si particulier, ce phrasé haletant, sont désormais synonymes d’authenticité et de sincérité. Son jeu percutant, souvent à fleur de peau, repose justement sur cette spontanéité linguistique, qu’il ne veut surtout pas perdre.
Face aux critiques, il choisit la parole, l’art, et l’humour — comme en témoigne son film I Love Peru, qui semble déjà promettre une belle leçon d’autodérision. Mais il pose aussi un geste fort en dénonçant publiquement les préjugés, ouvrant ainsi un débat nécessaire.
En résumé : une dénonciation salutaire pour faire évoluer les mentalités
À travers cette interview, Raphaël Quenard ne parle pas que de lui. Il évoque aussi toutes celles et ceux qui, comme lui, ne correspondent pas aux normes de langage attendues, et en souffrent dans leur quotidien. En dénonçant la glottophobie, il remet sur la table la question du mépris social et de l’entre-soi culturel dans les médias.
L’acteur grenoblois incarne aujourd’hui une nouvelle génération d’artistes, talentueux, libres et fiers de leurs origines, qui n’ont plus envie de se fondre dans un moule imposé.
Et si son accent dérange, c’est peut-être qu’il ébranle des certitudes. Et c’est tant mieux.
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