Je ne me mets presque jamais en jupe et encore moins quand il s’agit d’aller travailler. Cependant, avec le 36° à l’ombre annoncé aujourd’hui, mon bon vieux jean va rester au placard. Une fois n’est pas coutume, je me fais violence. Ça tombe bien puisque je viens juste de craquer pour une petite robe portefeuille.
Une fois dehors, les ouvriers du coin de la rue me font déjà regretter mon choix. Sifflements, rires gras et réflexions imbéciles me donnent envie de filer des baffes. C’est toujours agréable de se faire signifier qu’on est jolie mais quand ça tourne à la pièce de boucherie, ça l’est déjà moins.
Plus loin, je croise sur le trottoir deux hommes langues pendantes qui visiblement n’ont pas vu grand chose dans leur vie, et qui me lance un "M’zelle t’es charmante !". Parce qu’il faut savoir que dans ce genre de circonstance, on a plein d’amis. Tout le monde (de parfaits inconnus) te tutoie comme si vous étiez allés à la crèche ensemble.
J’arrive enfin sur mon lieu de travail où je pense être à l’abri. Grave erreur ! Le plus casse-pieds de tous arrive. Je l’appelle le "papier tue-mouches". Vous savez, c’est cet immonde papier collant où les mouches se collent pour ne plus jamais s’en dépêtrer.
Je suis tranquille à mon bureau quand se poste devant moi un type que je n’ai absolument jamais vu et qui commence à me raconter sa vie. Il me demande qui je suis, me dit ne jamais m’avoir vue. C’est là que le papier se déroule. Il poursuit en disant que ma robe est très belle, que moi aussi. Selon lui, ma voix est très jolie. Il se penche au-dessus de mon épaule et me détaille de bas en haut. Je rêve ! ( je cauchemarde plutôt.)
Heureusement que je ne suis pas fille à me laisser faire. En gardant au maximum mon calme, je suis arrivée à lui expliquer qu’il ferait mieux d’aller jouer sur l’autoroute avec les gros camions et que s’il ne comprenait pas mon point de vue, mon homme lui expliquerait le sien de près.
Je suis restée médusée par tant d’aplomb, et lorsque j’ai cherché à savoir si je n’étais pas en train de rêver, ma collègue me sort : "tu l’as cherché, tu as vu ta robe ?". Bah décidément.
J’en suis venue à la réflexion suivante : les hommes se plaignent que les femmes ne sont plus féminines et qu’elles sont agressives quand on leur parle. Messieurs, apprenez à changer vos habitudes et à ne plus vous comporter comme des gnous en rut, et ensuite on en reparle. Ok ?
