« Prélude à un cri » est le sixième roman de Jim Nisbet, romancier américain qui vit à San Francisco.
Stanley Anhearn est un chauffeur-livreur de 42 ans (mais qui doit en faire beaucoup plus) pour un grossiste chinois qui a renoncé à l’amour et se contente de brèves relations tarifées suivies de grandes quantités d’alcool. Un soir, il rencontre à un comptoir « Yeux Verts », une très belle femme qui lui dit s’appeler Vivienne et boit des Tom Collins (gin, citron, sucre en poudre, eau gazeuse). Séduit par ces yeux, « du radium en cage », « une paire de feuilles marbrées de soleil sous une canopée qui allait s’obscurcissant », et par sa conversation, Stanley oublie son désenchantement et se prend au jeu du flirt.
Quelques dizaines d’heures plus tard, il se réveille à l’hôpital, observé par une jolie infirmière, Iris, un chirurgien, le Dr Sims et l’inspecteur Corrigan. Bon gré mal gré, il apprend qu’un rein lui a été volé et qu’il est le neuvième à qui ça arrive.
De fil en aiguille, Stanley entame une relation avec Iris, évite de dire la vérité à Corrigan et n’est mené en réalité que par une seule obsession, retrouver Vivienne.
Parfois lent, parfois incroyablement prenant, ce roman est écrit dans la plus pure tradition des romans noirs : une femme vénéneuse et superbe (on pourrait penser à Ava Gardner), un homme mélancolique et désabusé qui la recherche à n’importe quel prix, même quand ce prix est énorme, tout simplement parce qu’il retrouve enfin le sentiment amoureux et une galerie de personnages tous plus dérangés les uns que les autres, à commencer par le mari chirurgien de Vivienne dont ce n’est évidemment pas le vrai prénom.
Il ne faut pas se laisser ralentir par les rêveries et les hésitations du personnage principal et arriver jusqu’au bout. Les dernières pages sont dignes de la meilleure littérature noire.
Prelude to a Scream, 1997, traduit par Fred Michalski, Rivages/Thriller 1997, paru en poche.
Photo : payot-rivages.net