Peut-être pourrions-nous également vous raconter notre bonheur de travailler et de voir évoluer des bambins et surtout d’être leur « Number ONE » le temps d’une année scolaire.
Je suis instit’ primaire depuis 6 ans… C’est peu et beaucoup à la fois. C’est en tout cas suffisant pour être soit certain de vouloir faire ce métier, soit tout simplement se dire qu’on va abandonner…
Nous, instit’, sommes très souvent qualifiés de « paresseux » car nous aurions, d’après les non-enseignants, des vies plus faciles que celles des autres car nous avons des horaires « light » et énormément de congés. Pardonnez-moi mais, je vais bousculer ces préjugés et te parler un petit peu de notre réelle vie d’enseignant, et surtout d’instit primaire pour ma part.
Nous commençons par faire 3 années d’études en Haute Ecole où nous sommes tiraillés entre les stages qui s’enfilent et les nombreux travaux distribués en dernière minute à réaliser pour hier. Il y a aussi une phase que je qualifie de tremplin ! En première année, tu regardes, au fond de la classe, la semaine d’un enseignant. La seconde fois, tu regardes encore mais cette fois, tu y mets un peu ton grain de sel en enseignant la musique, l'art, l'éveil géographique, historique ou scientifique. Tu choisis et tu donnes 2 leçons que ton maître de stage chapotera évidemment. En deuxième année, premier stage un mois après la rentrée. Tu passes du stade « Je regarde et je donne deux leçons » à « Je donne deux semaines de stage complètes, toutes matières confondues ». En gros, si tu ne sais pas nager, tu te noies car on te pousse à l’eau…
Je vous rassure tout de suite, j’y suis arrivée du premier coup et beaucoup d’autres Normaliens également… Nous avons simplement tous eu la peur des débuts.
3 années, un TFE (travaux de fin d'études) et 20 semaines « actives » de stage plus tard, tu es diplômé et tu te réjouis d’avance de te débarrasser in extremis de ces foutues préparations en 3 colonnes qui te prennent un temps de fou tellement tu dois y insérer d’informations… T’as enfin un peu la paix, tu fais tes prépas comme tu veux en respectant quelques petites règles importantes.
Tu postules un peu partout pour être certaine de décrocher un job rapidement et, ô joie lorsque ton téléphone sonne pour la première fois ! C’est vrai, tu as un peu peur car tu y vas à l’aveugle et tu ne connais personne mais, en même temps, tu te réjouis d’enfin être seule dans la classe et de donner tes leçons avec professionnalisme, certes, mais surtout comme tu le souhaites sans la phase de réflexion des enfants qui prend 20 minutes pour les psychopéda de l’école Normale (Psychopéda = psychopédagogue, personne qui nous apprend à apprendre aux enfants).
Tu enchaînes les remplacements, tu fais de nouvelles rencontres, tu utilises les acquis de tes collègues pour te former encore davantage, tu leur apprends également les quelques dernières nouveautés tout droit sorties du chapeau de magicien des professeurs de l’Ecole Normale. Bref, l’enseignement c’est un véritable échange et pas seulement un échange avec les autres enseignants.
Tu apprends à connaître un défilé d’enfants, tous aussi différents les uns que les autres. Tu constates surtout qu’ils ont tous des acquis différents et viennent de milieu tellement divers que l’aspect personnel a également un très grand rôle dans les apprentissages. Tu essaies donc d’axer toutes les leçons sur des évènements pouvant être vécus par tes élèves pour qu’ils se sentent concernés et participent activement à ton petit cours, celui que tu as mis du temps à préparer…
D’ailleurs, le travail des enseignants, parlons-en ! Tu as certes des journées « light » comme on te le dit souvent (pas si light que ça car rester 6h30 non-stop devant des enfants parfois hyperactifs ou hyper casse-pieds, ce n’est pas de tout repos), mais lorsque tu rentres chez toi, tu commences ta seconde journée de travail. Tu effectues les préparations que tu n’as pas encore eu le temps de faire ou parfois, tu t’avances simplement avec tous tes documents autour de toi et ta grosse brique appelée « programme de compétences ». Quand tu as fini tes préparations, il reste encore toutes les corrections. En gros, minimum 6 feuilles par enfant et par jour… Ca peut vite monter et en fonction de l’année dans laquelle tu travailles, ça peut parfois prendre des heures.
Si tu vis chez tes parents, tu arrives encore à t’en sortir car tu mises tout sur ton boulot et tu y accordes près de 100% de ton temps… Une fois que tu as pris ton envol, tu ajoutes à tout ce travail toutes les tâches quotidiennes à réaliser mais aussi, tu accordes du temps à la personne avec laquelle tu vis. Normal, non ?
Pour vous donner un petit exemple : depuis que je suis enseignante et que j’ai mon petit chez moi, je travaille généralement jusqu’à 23h ou 23h30 tous les soirs (c’est le minimum). Sinon, je passe mon week-end complet à réaliser les prépas de la semaine afin d’avoir une seconde journée plus light.
Tu dois certainement te dire « Super récit mais alors, pourquoi tu as choisi ce métier si c’est si éreintant ? ». C’est simple, être enseignant c’est une vocation, c’est dans ton sang, dans tes tripes. Tu ne deviens pas enseignant car tu ne sais pas quoi faire, tu deviens enseignant sans te poser de questions…
Alors, oui, il y a des jours ou c’est difficile mais c’est tellement gratifiant de voir tous ces petits loups évoluer, un petit peu grâce à toi. C’est tellement beau de les voir lire un livre pour la première fois, réussir des calculs qu’ils ne comprenaient pas ou s’épanouir car ils voient que tu feras tout pour les mener le plus loin que tu peux en leur permettant d’utiliser tout leur potentiel…
Quand on est enseignant, certes la quantité de travail peut être un véritable frein mais c’est surtout une aventure merveilleuse au sein d’établissements où on rencontre de formidables personnes et surtout, un endroit où on permet aux enfants un épanouissement personnel car on s’occupe de chacun comme s’il était unique, on l’aide du mieux qu’on peut pour qu’il voit que, comme tous les autres, il a des capacités qu’il n’arrive pas toujours à découvrir seul.
Ce sont ces sourires au quotidien, ces petits mots, ces dessins, ces présents que tu reçois qui te montrent que tu fais le plus beau métier du monde et que pour rien au monde tu n’en changerais…
C’est ça, la vie d’un enseignant. Difficile même si les années atténuent le travail mais surtout passionnant et qui te comble, qui te remplit de bonheur car chaque année, pour eux, tu es le « Number One ».
Juste pour rire, quelques petites « anecdotes » sous forme animées… :D
Quand tu arrives à l’école le matin, à la bourre !
Quand tu as travaillé très tard la veille…
Quand tu as expliqué un exercice à un enfant une dizaine de fois et qu’il ne comprend toujours pas :
Quand ton élève a enfin fini par comprendre ton exercice et que tu es soulagée :
Quand tu n’as pas eu le choix de punir un enfant alors que tu détestes ça et que tu le vois essayer de filer en douce :
Quand t’en as marre après 1 mois de congé durant les vacances d’été :
Quand il y a une fête à l’école et que les enseignants sont aussi fous que les enfants…
Et un petit dernier pour la route !
Quand tu arrives en fin d’année scolaire, que t’es au bout du rouleau, que tu vois le 30 juin arriver mais pas suffisamment vite à ton goût…
Tout ceci est bien entendu à prendre avec humour ! C’est une projection de ce qui peut se passer dans notre tête même si, quoi qu’il arrive, on les adore tous, petits, grands, casse-pieds ou marrants ^^ !